COUPE DE LUXEMBOURG (FINALE) On attend plus de 7 000 personnes à la Cloche d’or, ce soir. L’attraction Mersch? «David contre Goliath», répond Fabrizio Bei.
Marc Kill n’a pas vraiment cherché à savoir si la FLF avait plus que les 350 tickets qu’il a commandés pour ses jeunes et ses joueurs. Lui a compté sept bus au départ de Mersch et basta. Ce qui n’empêche pas le président du Marisca de glisser malicieusement, l’air de ne pas y toucher, que «c’est peut-être le reste du pays qui viendra nous supporter», ce soir, pour la première finale du siècle qui dépassera les 4 000 spectateurs. Et même faire voler cette barrière en éclats. Cette insinuation gourmande, apparemment, Marc Kill l’a aussi faite à son homologue differdangeois, Fabrizio Bei, qui s’est entendu dire que plusieurs clubs du Nord «organisent des transports et des fanfares pour venir encourager Mersch». Hier, Norbert Fischels, le directeur sportif merschois, a pris le relais avec des précisions très concrètes pour donner du poids à l’épaisseur prise par Mersch en quelques mois dans le paysage du football local : «Tous nos clubs voisins vont faire le déplacement avec leurs jeunes. Lintgen et Mertzig organisent des bus. Tout le Nord va nous soutenir!»
Ce choc est un raccourci de tout ce que les supporters de foot aiment depuis des temps immémoriaux : une belle histoire qui ne prend tout son sens qu’avec un affrontement final. Le nord des relégués du ballon rond contre le sud aux moyens (de moins en moins) disproportionnés, le petit club de PH en pleine épopée mais qui n’a jamais rien gagné contre l’ogre déjà vainqueur de quatre Coupes dans ce siècle et qui joue une place européenne pour sauver une saison jusque-là décevante. En résumé? «Eh bien, c’est David contre Goliath», lâche Fabrizio Bei, dont l’équipe a souvent été outsider dans ses différentes finales, mais jamais dans ces proportions largement fantasmées.
Dimanche, ce sera… châteaux gonflables
«C’est bien simple, les trois quarts du stade seront contre nous. Tout le pays, d’ailleurs, est contre nous et c’est logique», résume le président qui pourrait devenir celui qui a le plus souvent soulevé la Coupe au XXIe siècle. «Mersch est en train de vivre un conte de fées et tout le monde veut voir leur rêve se réaliser. Mais attention! Nous aussi on garde nos fans. Les autres clubs de DN divulguent des chiffres de fréquentation qui ne sont pas exacts et on reste pourtant le deuxième ou troisième club à attirer le plus de monde en DN (NDLR : le troisième selon les chiffres officiels avec une moyenne à 575). Mais ce soir, on sera de 2 500 à 3 000!». Rien que cette certitude en dit très long sur l’improbable engouement autour de cette rencontre hors normes : sur ses cinq finales depuis 2010, jamais le FCD03 n’avait dépassé les 2 836 spectateurs…
Helder Dias, le coach differdangeois, a largement mérité, vu son parcours exceptionnel pour qualifier le FCD03, le droit de s’enflammer de sa contribution à cette «finale du siècle» : «Cette affluence, j’espère que ça se saura chez nos voisins, car pour l’image du pays, c’est très bien. Ça montre que le foot au Luxembourg, malgré les difficultés, continue de se développer.» Se développer mais en gardant les bases qui lui sont si chères. Surtout grâce à Mersch, qui va se fendre d’un après-match d’une humilité totale qui va coller à son étiquette de Petit Poucet aimé de tous : même en cas de victoire et de qualification européenne, il est prévu que tous aillent aider, dimanche et lundi, à «Miersch Spréngt» grande fête où tous les gamins du village s’enverront en l’air sur des châteaux gonflables. Avec un maillot jaune sur le dos, comme «les trois quarts du pays».
Ce sont à juste titre ces grandes épopées des poussins au sommet (David contre Goliath) qui crée la magie dans chaque sport: Souvenons-nous à l’Euro 2016, les « Huhs » islandais ont fait vibrer toute l’Europe… même au-delà de l’Euro de la FIFA