Quasiment à mi-championnat, le Differdangeois Théo Brusco pointe à la 3e place du classement. Et il n’est pas le seul à postuler…
Vingt ans plus tard, Laurent Pellegrino est-il à six mois de se voir enfin désigner un successeur ? Dans ce siècle, l’ancien Unioniste et Eschois est le seul joueur à vocation défensive à avoir eu l’honneur d’être désigné meilleur joueur sur une saison, en mai 2004. Et encore : à l’époque, il partageait la première place avec Gordon Braun, un pur attaquant. Depuis, cela n’a jamais raté, c’est systématiquement un attaquant qui a fini au sommet. Deux décennies.
Or enfin, cette saison, les buteurs du pays tombent non pas sur un, mais sur deux os. Le premier s’appelle Differdange. Le second s’appelle Théo Brusco. Le premier n’a encaissé que deux buts en douze rencontres de championnat, dont un seul dans le jeu et l’on parle énormément (trop ?) de sa solidité. Le second, avec une hallucinante moyenne de 6,25, pointe à la troisième place de ce classement qui couronne les individualités. Et c’est le squelette au complet, le bloc défensif et son patron, qui se déplacent dimanche à Rodange et ses quatre défaites consécutives. Soit une raison de penser que la belle série peut se poursuivre.
Un successeur à Pellegrino ? «Ça se pourrait»
Brusco lui-même, en est convaincu. Et pour répondre à la question posée en introduction, sur cet héritage à raviver, il n’hésite qu’une seconde et pas une de plus : «Oui. Oui, ça se pourrait». L’accession au titre de Ballon d’or du milieu défensif Rodri lui en donne la preuve : les joueurs à vocation défensive sortent de l’ombre, en ce moment. La preuve en est qu’en DN, l’aspect le plus marquant des gros chocs avec le Swift, le Progrès, le F91, le RFCU… revient ressortir la qualité défensive avant toute autre chose. Les scores y sont généralement très étriqués. Bref, les défenseurs prennent le pas sur les attaquants, à l’heure actuelle et c’est criant.
Dans ce moment de l’histoire du foot luxembourgeois, Brusco se sent donc costaud. Capable pourtant de faire mieux et notamment d’un peu plus de réalisme devant le but (il compte 2 buts et 1 passe mais estime qu’il devrait déjà être «à quatre ou cinq buts inscrits, facile ! Parce que je sens bien les coups»), mais les sensations sont excellentes et semblent le porter à faire beaucoup mieux que sa 8e place de la saison passée (avec une moyenne de 5,84) : «Pedro Resende m’a apporté sur les détails. Et notamment sur mon inconscience de jeunesse. Des fois, je voyais la possibilité de faire une action et parce que je la voyais, je le faisais. Grâce à lui, aujourd’hui, il y a plus de réflexion dans mon jeu».
C’est pourtant paradoxalement sa capacité à défendre aussi en avançant, à casser les lignes, qui lui fait marquer des points. Âgé de 25 ans, le Français était d’ailleurs arrivé tout jeune au centre de formation de l’AS Nancy-Lorraine en tant… qu’ailier gauche. C’est une fois intégré à l’axe, à Villerupt, par un hasard et la blessure au genou d’un de ses coéquipiers, qu’il va commencer à montrer un talent non négligeable pour apporter un petit plus, mais de derrière. «Je suis atypique, oui, je le reconnais. Pas le plus costaud, pas celui qui met le plus de tampons. Disons que je suis différent. J’aime aller vers l’avant, créer des décalages.»
Plus de 30 % de défenseurs dans le top 20
Est-ce qu’avec lui, et d’autres, le Luxembourg ouvrirait enfin un peu les yeux sur la qualité des défenseurs de BGL Ligue? Depuis mai 2023, on ne reconnaît plus le paysage dès lors qu’on a les yeux rivés sur les moyennes des joueurs qui la composent. Il y a deux saisons, on avait fini avec «seulement» trois défenseurs (Sacras, Skenderovic, Ekofo) dans le top 20 des éléments les plus méritants. Et Brusco avoue que cela, c’était logique : «Les gens viennent au foot pour voir des buts, pas de belles actions défensives. Des fois, un gars en face fait un match pourri mais marque un but et reçoit plus de compliments que nous, les défenseurs».
Il n’empêche, en mai dernier, au classement final de la saison 2023/2024, ils étaient sept défenseurs. Aujourd’hui, nous sommes fin novembre, et ils sont six, mais déjà bien plus haut dans la hiérarchie puisque trois d’entre eux squattent à l’heure actuelle le top 10. Le grand Théo jure qu’il faudrait vraiment faire une saison exceptionnelle pour que l’un d’eux finisse premier, mais note que tous les pairs qui l’entourent ont cet avantage d’être dans ce championnat depuis longtemps et de très bien le connaître. Si ça peut les aider à mettre fin à cette hégémonie des buteurs… En tout cas, le Dudelangeois Gonçalves est 5e (moyenne de 6,1) et le Niederkornois Peugnet 10e (5,89). C’est-à-dire dans les starting-blocks, eux aussi, pour casser la spirale et faire en sorte que la reconnaissance soit un peu mieux répartie…