Héroïques sur tout un match joué à dix, les Differdangeois ont perdu toute chance à cause de l’engagement disproportionné de leur avant-centre, Andy Buch, pour une fois titularisé.

Avant la rencontre et même bien avant la publication des deux «onze», Pierre Piskor, venu en spectateur, se délecte ouvertement de l’état d’esprit affiché par Andreas Buch sur les dernières rencontres mais s’interroge tout aussi fort sur l’opportunité de le titulariser dans une attaque à deux têtes «parce que ça enlèverait un joueur au milieu…».

C’est très exactement le dilemme avec lequel Pedro Silva a dû se débattre toute la semaine et le technicien a tranché : mieux vaut débuter avec un duo Hadji-Buch, extrêmement performant sur toutes les dernières fins de rencontre de Conference League, depuis trois semaines, quitte à ce que cette solution qui fonctionne très bien quand les organismes sont fatigués, le mette en difficulté dans l’entrejeu. Buch a réglé la question après trois minutes et un cisaillage par derrière sur Ovouka qui montre qu’il n’a pas maîtrisé toutes ses émotions à l’approche de ce rendez-vous. Carton rouge. Finalement, le FCD03 ne jouera bien qu’à un seul attaquant devant. Mais surtout, à dix.

Paradoxalement, une excellente première période

Sur cette campagne, Differdange a déjà perdu trois fois contre Drita, et à chaque fois à onze contre onze (même si Mfoumou avait été expulsé très tardivement à l’aller lors de ces barrages). Comment espérer une issue positive en infériorité numérique? Déjà en évitant que la soirée ne tourne trop vite au cauchemar. La suite des événements, au moins, va dans ce sens.

Les dix gaillards qui restent sur le pré tiennent étonnamment bien le ballon, avec un Leandro assez impérial, un Jakobi préféré à Rauch et efficace, un Hadji costaud dans son jeu dos au but, un Lempereur qui balance son quota de centres, un Brusco appelé à intégrer l’entrejeu en possession de balle, pour compenser. Et si seul un tir flottant d’Hadji repoussé difficilement au sol par Maloku (7e) vient sanctionner cette bonne première période, il faudra «remercier» M. Colombo de ne pas avoir infligé un autre rouge à Rafa Pinto, qui plaque Tusha alors qu’il part au but, mais avec un Franzoni en train de se replier (15e), ou de ne pas avoir sifflé pénalty quand Alzeraj s’est effondré, même si la VAR aurait sans doute invalidé la décision (19e). À noter également, le magnifique «revival» de Ventura, auteur d’une sortie très à propos sur un ballon en profondeur (25e) et d’une claquette cinq étoiles sur un tir de Mustafa, qu’il dévie en corner avec l’aide de sa barre (26e).

Et finalement, la VAR S’en mêle

Tout cela est admirable mais cela ne fait pas encore un miracle. Et le FCD03 va se faire reprendre par la réalité, à l’heure de jeu, quand Tusha s’emplafonne dans Bedouret bien plus qu’il ne se fait tacler. Le premier contact est hors de la surface, le joueur tombe dedans. La VAR intervient et force M. Colombo à revenir sur sa décision de laisser jouer. Le pénalty est transformé par Be. Krasniqi (0-1, 61e).

Pour y croire, il aurait alors fallu revenir vite. Mais dans cette soirée, la chance n’est décidément pas en proportion égale à la déveine. Rafa Pinto arme un missile que Maloku va quasiment sortir de sa lucarne (63e). Sur le corner qui en découle, une volée surpuissante de Franzoni, à la récupération depuis l’entrée de la surface, est repoussée sur sa ligne par le portier kosovar (64e).  Ce n’est définitivement pas le jour des Differdangeois, qui n’écriront pas leur histoire, le jour de leur performance la plus aboutie du début de saison.

Après avoir perdu quatre fois en autant de confrontations face à Drita, durant cette campagne, même si le constat fait mal, il y a sans doute, aussi, une forme de logique à voir les Kosovars prendre le ticket pour la Conference League, même si leurs trucages ont achevé d’exaspérer tout le monde, ce jeudi soir, au Parc des sports d’Oberkorn. Rideau. Il n’y aura pas d’automne européen.

Julien Mollereau