La Ligue de Football Luxembourgeoise et quelques clubs ont introduit cette semaine des amendements pour la prochaine AG de la Fédération de football luxembourgeoise (FLF), afin de faire évoluer les statuts. Un de leurs «soucis»… la taille des pubs sur les maillots.
Certains ont ricané. Ils s’imaginaient déjà voir fleurir un peu partout au pays cette grande spécialité du football belge ou scandinave : les publicités sur les fesses des joueurs de football. On n’en est pas là. Pourtant, on y viendra peut-être un jour si les clubs du pays, lors de la prochaine AG de la FLF, le 24 octobre, valident un amendement aux règlements de la fédération introduit cette semaine par la Ligue et (pour le moment) onze cosignataires, ce qui rend la requête éligible à un vote.
Au milieu d’une foule de débats d’une portée considérable sur la politique fédérale en matière de législation sur les transferts ou le statut des joueurs première licence se nichait en effet cette pépite drolatique mais pas dénuée d’intérêt(s financiers) : la taille des publicités sur les tenues de nos footballeurs.
Quelle est la loi ? Stricte et c’est logique puisqu’on n’imagine pas que la BGL Ligue ou quelque autre championnat que ce soit ait vocation à voir batailler des hommes-sandwichs. Mais penchons-nous sur ce qu’elle dit actuellement. Elle édicte des surfaces maximales. Une seule ou plusieurs publicités pour un total de 750 cm2 sur le devant du maillot. 500 cm2 au dos, mais attention, d’une hauteur maximale de 20 cm pour ne pas interférer avec la visibilité des numéros. Sont aussi autorisés 100 cm2 sur chaque manche et deux surfaces de 150 cm2 sur le short exclusivement à l’avant. Pas le droits aux publicités pour le tabac, les boissons alcoolisées, les drogues, les partis politiques, syndicats, conceptions religieuses ou… philosophiques, ainsi que tout message contraire aux bonnes mœurs. Théoriquement, pas plus de sept. Soit 0,175 m2 de surface. Tracez un carré à la craie, chez vous, et mettez-vous au milieu, pour voir…
Une pub maillot vaut plusieurs milliers d’euros
En cette période de Covid-19 qui a vu les recettes publicitaires baisser drastiquement, on pourrait de prime abord penser que les clubs envisagent de commercialiser chaque espace disponible sur leurs tenues et de les faire gonfler. On n’en est pas là : ils cherchent surtout, aujourd’hui, à se prémunir de toute amende au cas où la fédération déciderait de sortir une règle et une calculette pour voir si tout le monde respecte la règle.
Or il va de soi que la FLF a bien d’autres choses à penser que de faire respecter ces règlements d’un autre âge. La conformité des maillots, qui s’en soucie vraiment?
Il y a d’ailleurs gros à gagner. Parce qu’il y a peut-être moins de place sur un joueur de 1,80 m que sur un pourtour de terrain, mais la rareté fait la cherté. Le tarif moyen d’un panneau peut varier en moyenne de 500 à 1 000 euros, mais certains clubs de l’élite ne cachent pas qu’avec la conceptualisation de packages comprenant une présence maillot, dans la revue du club, sur les réseaux sociaux, par annonce micro… cela peut monter jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
«En déréglementant, on évitera des soucis»
Les clubs européens, d’ailleurs, ne s’y trompent pas et d’aucuns préfèrent encore payer l’amende infligée par l’UEFA – qui n’autorise qu’un seul sponsor maillot lors de ses compétitions – pour jouer avec leur tenue BGL Ligue : ils y gagnent plus qu’à floquer un nouveau jeu de maillots.
Mais un peu partout au Luxembourg, les équipements de match commencent à démultiplier les sources de revenus. L’exemple de Mondorf est frappant : deux sponsors sur le devant du maillot et quatre derrière, tout autour du numéro. Les deux manches sont prises, les deux jambes aussi et même… les fesses, qui ont trouvé chaussure à leur pied avec Orthopédie Felten. Pas loin derrière, il y a aussi le Progrès Niederkorn, mais grosso modo, il n’y a plus beaucoup de clubs à ne pas avoir au moins deux sponsors (voire trois) sur la poitrine et qui n’exploitent pas le reste de la façon la plus rentable possible.
«Je ne pense pas qu’on recevra plus ou moins de pubs si cet amendement est adopté, estime Christian Strasser, le président de Mondorf et qui a un temps présidé la commission chargée des statuts au sein de la Ligue. Mais avec cette déréglementation, on évitera des soucis.» De fait, ils sont effectivement (très) nombreux à ne pas coller à la loi, mais vu le besoin vital de revenus du moment présent, cela fait sens. En DN comme dans les divisions inférieures.
Julien Mollereau