Les liens financiers entre le Centre privé de radiothérapie de Metz et le Luxembourg n’interrogent pas seulement le conseil de l’ordre des médecins. Une juge d’instruction et le SRPJ mènent des investigations.
La justice ordinale n’est pas la seule à s’intéresser aux liens financiers qui existent entre le Centre privé de radiothérapie de Metz (CPRM) et le Luxembourg. Le Républicain Lorrain a révélé samedi la sanction prise par la chambre disciplinaire lorraine de l’ordre des médecins à l’encontre d’un cancérologue messin associé dans cette structure. Le spécialiste est épinglé pour sa propension à gérer plusieurs sociétés. Il va faire appel.
En parallèle, un juge d’instruction messin et la brigade financière du SRPJ de Nancy enquêtent sur les flux financiers qui gravitent autour du centre installé à la clinique Claude-Bernard.
Des sommes d’argent importantes quittent chaque année le territoire en direction du Grand-Duché où les associés du CPRM ont créé, en 2012, une holding (OVTH) qui chapeaute deux sociétés, Untec et Deuxtec. Celles-ci proposent des services informatiques et de maintenance à CPRM et à U2R, une autre structure regroupant des centres de radiothérapie, dans laquelle les cinq associés messins ont des parts. Deux d’entre eux estiment avoir découvert des « irrégularités » au cours de l’année 2015. Ils ont alerté le procureur financier de Metz et porté plainte pour des faits d’abus de biens sociaux.
Selon les docteurs Methlin et George, « un système a été mis en place afin de remonter de l’argent au Luxembourg ». Un montage organisé notamment autour d’un logiciel de gestion des patients. Onchronos, c’est son nom, a été initié, financé et utilisé par le CPRM. Or, selon les plaignants, ce logiciel a été cédé en catimini à Deuxtec.
Un million d’euros le logiciel
Puis le logiciel a été revendu sous forme de crédit-bail au Centre privé de radiothérapie de Metz pour 1,2 M€. Un prix qui serait très éloigné de sa valeur réelle. A cela s’ajoute la maintenance : 12 000 € par mois. « Ce genre de maintenance ne coûte pas plus de 1 000 € par mois », certifie une source. D’autres prestations sont encore facturées.
Dans un schéma en possession de la justice, ce même logiciel apparaît dans les liens avec la société U2R. Elle paierait sa location pour une somme annuelle de 450 000 €. Au total, il semble que près de deux millions d’euros atterrissent ainsi chaque année au Luxembourg.
En dénonçant ce système, Arnaud Methlin et Luc Georges se mettent en porte-à-faux. Leur responsabilité peut être engagée pour avoir accepté ces orientations en assemblée générale. « Des professionnels nous présentaient cela comme légal. Mais on assumera », préviennent-ils.
Au sein du CPRM, on se montre « serein. Nous n’avons rien à nous reprocher », répond un autre médecin, qui déplore les tensions entre associés, sans les expliquer. La structure luxembourgeoise permet de financer des projets à l’étranger. Tout est clair : un contrôle fiscal l’a prouvé l’an dernier. »
Mais, selon nos informations, d’autres investigations sont menées par les agents du fisc. Sur la base de nouveaux documents.