L’OGBL a été seul à rejeter la proposition finale mise sur la table de la tripartite. Un profond désaccord existe sur la teneur des mesures visant à atténuer l’impact de la flambée des prix. Le gouvernement évoque un «paquet historique». Le patronat acquiesce. Les syndicats LCGB et CGFP, plutôt favorables, vont livrer leur réponse ce jeudi matin. La question de l’indexation a provoqué cette rupture.
Il est peu avant minuit, mercredi soir, lorsque la réunion tripartite, convoquée dans l’urgence, s’achève. Tout au long de la soirée, un chiffre a circulé. L’OGBL aurait réclamé une compensation financière pour toutes les personnes avec un revenu maximal de 13 000 euros bruts par mois et donc de quelque 160 000 euros par an. Aussi bien le gouvernement que le patronat ont avancé ce montant. Nora Back, la présidente de l’OGBL, parle, elle, de «mensonges». L’imbroglio est total.
Un paquet chiffré à 830 millions d’euros
En attendant de plus amples explications de la part de l’OGBL, le constat qui est à dresser est que la tripartite s’est quittée sans accord global. «On s’était accordé mercredi dernier sur le principes d’un paquet de mesures. Malheureusement, il nous a fallu constater que ce principe a été remis en cause par l’OGBL», déplore le Premier ministre, Xavier Bettel.
Le gouvernement estime avoir mis sur la table un «paquet historique» chiffrée à 830 millions d’euros. Une enveloppe de 432 millions d’euros était prévu pour compenser le report à avril 2023 de la tranche indiciaire actuellement prévue pour le mois d’août. Ce mécanisme doit profiter aux personnes touchant des salaires modestes. «Pas un seul ménage va perdre en pouvoir d’achat. Mieux : le report de l’index sera surcompensé», annonce le chef du gouvernement.
«La très grande majorité serait perdant»
Faux, clame l’OGBL. «La compensation mise sur la table est inférieur à ce qu’aurait représenté une tranche indiciaire. La très grande majorité des ménages en sortirait perdant», affirme Nora Back. Son syndicat s’est aussi opposé à toute modulation de l’index allant au-delà de cette année 2022 : «On ne pouvait pas s’engager pour des reports hypothétiques de tranches en 2023 et 2024». L’ultime proposition du gouvernement serait «de loin inférieur à la limite de l’acceptable».
En étant dispensé du versement d’une seconde tranche indiciaire, les entreprises bénéficieraient d’une épargne de 800 millions d’euros. «Toutes les entreprises, peu importe si elles sont énergivores ou pas, en profitent», fustige la présidente de l’OGBL. Une compensation équivalente en termes de pouvoir d’achat pour les ménages ne serait pas donnée : «En fin de compte, ce sont les contribuables qui vont financer leur propre compensation».
225 millions d’euros pour les entreprises
Le calcul du gouvernement est un autre : sur les 830 millions d’euros débloqués, 225 millions d’euros seraient réservées aux entreprises énergivores.
Les ménages les plus vulnérables, par contre, profiteraient non seulement de la compensation de 432 millions d’euros, mais aussi de 75 millions d’euros avec le remboursement de 7,5 centimes d’euros par litre de carburant (jusqu’au 31 juillet), de 5 millions d’euros en subvention de loyer, mais aussi des 65 millions d’euros déjà débloqués lors de l’«Energiedësch» de fin février. De plus, une enveloppe de 14,5 millions d’euros était prévu pour les bénéficiaires du Revis et de bourses d’études.
Une proposition alternative a concerné le versement d’une prime énergétique de 750 euros, en plus de la compensation indiciaire.
«L’OGBL vient d’enterrer la tripartite»
Le plafond pour bénéficier du mécanisme de compensation aurait été fixé à un revenu annuel brut de 100 000 euros, soit 8 300 euros par mois. Ce montant a été avancé par l’UEL. En réclamant un plafond de 160 000 euros, l’OGBL aurait perdu la raison. «Il est irresponsable de considérer une tel revenu comme vulnérable. L’OGBL vient d’enterrer la tripartite», s’est échauffé Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).
Les regrets de Lenert, le désarroi de Bausch
La vice-Première ministre socialiste, Paulette Lenert, qualifie le paquet ficelé par le gouvernement comme «équilbré» : «Le principe de l’indexation n’est nullement remis en question. Il est vraiment regrettable qu’un seul partenaire ait rejeté l’accord». Elle s’est dit «confiante» que son parti, le LSAP, traditionnellement proche de l’OGBL, accepte les mesures que le gouvernement va soumettre ce jeudi à la Chambre des députés.
François Bausch, le vice-Premier ministre déi gréng, a lui déploré le refus de l’OGBL à rejoindre un «acte de solidarité national offrant deux années de prévisibilité», à la fois aux ménages et aux entreprises.
LCGB et CGFP doivent donner leur réponse ce jeudi
Comme indiqué ci-dessus, les deux autres syndicats, LCGB et CGFP, ont un «préjugé favorable» pour l’accord. Ils vont informer ce jeudi matin le gouvernement s’ils vont soutenir le paquet de mesures. L’UEL a confirmé, mercredi soir, son accord donné dès la semaine dernière.
Déclaration du Premier ministre à la Chambre
Le Conseil de gouvernement va se réunir ce jeudi matin pour acter le paquet final visant à atténuer la flambée des prix. En début d’après-midi, le Premier ministre, Xavier Bettel, va se présenter face à la Chambre des députés. Une «loi omnibus» sera soumise au vote afin d’entériner les mesures finalement retenus par le gouvernement et validés, a priori, par l’UEL, le LCGB et la CGFP.
Lourdement critiqué pour son blocage, l’OGBL va se défendre également ce jeudi matin. Une conférence de presse est annoncée pour 10 h 30.
Décidément, l’OGBL s’est disqualifié avec cette attitude. Avec 13000 Euros/mois, ce ne sont plus les revenus faibles qu’on défend: C’est 6x le salaire social minimum et 3x le salaire médian!