Une motion réclamant l’abrogation de l’interdiction, à l’échelle de l’UE, des moteurs à combustion d’ici 2035, a été largement rejetée à la Chambre. L’ADR ne se dit pas vaincu pour autant.
«Je parie avec vous. L’interdiction n’interviendra pas en 2035. Elle sera annulée, ce n’est pas possible autrement», clame en fin de débat Fred Keup, le chef de file de l’ADR à la Chambre des députés. «La position que nous défendons est partagée par de nombreux citoyens, de nombreux gouvernements et par une large partie de l’industrie (automobile)», défend-t-il, après avoir constaté la forte opposition des autres groupes parlementaires à une abrogation de l’interdiction de mise sur le marché de voitures équipées de moteurs à combustion.
Le vote sur la motion introduite par son collègue Tom Weidig a été sans appel : 53 des 60 députés ont voté contre la levée de la décision prise en 2023 à l’échelle de l’UE.
Seuls les cinq élus du parti réformateur et les deux députés du Parti pirate ont voté en faveur du texte invitant le gouvernement à «s’engager auprès de la Commission européenne et des pays partenaires pour retirer l’interdiction du moteur à combustion en 2035».
Il est à préciser que Marc Goergen a nuancé la position de son parti, qui réfute toute politique climatique imposant un choix aux citoyens. «Au lieu de miser sur des interdictions, il faut renforcer et soutenir l’industrie automobile sur le chemin de la transition et mettre en place l’infrastructure nécessaire», développe le député pirate.
Il se dit d’ailleurs convaincu que «sans interdiction, beaucoup plus d’automobilistes auraient déjà opté pour une voiture électrique». Le fait d’avoir misé sur une interdiction «a ouvert la porte à un débat émotionnel, empreint de haine contre la mobilité électrique» qui n’est pas remise en cause par le Parti pirate.
Joëlle Welfring (déi gréng) est justement revenue sur ce rejet, provoqué notamment par des acteurs comme l’ADR qui au lieu «de discuter sur base de faits, cherchent à semer la peur et la division au sein de la société».
L’ancienne ministre de l’Environnement a aussi tenu à rappeler que la règlementation européenne n’interdira pas le moteur thermique. L’objectif serait de passer à une «mobilité zéro émission», ce qui, le cas échéant, ouvrirait la porte à des moteurs alimentés par des carburants synthétiques ou avec de l’hydrogène vert.
«L’ère de l’énergie fossile est terminée»
La plus grande erreur serait de continuer à «laisser l’industrie dans le flou». Un avis partagé notamment par le CSV, membre du Parti populaire européen (PPE), où se font entendre de plus en plus de voix pour renoncer à l’interdiction de 2035.
«Nous sommes confrontés à de grands défis en matière environnementale. Pour nous, il est important que l’industrie automobile dispose d’une sécurité de planification. Pour doper les investissements (dans l’électromobilité), on doit cesser de faire des zigzags», plaide Jeff Boonen, qui se montre très clair : «L’ère de l’énergie fossile est terminée.»
Une position qui conforte aussi le partenaire de coalition du CSV. Le DP de Carole Hartmann se positionne «clairement contre l’abrogation de l’interdiction des moteurs à combustion», aussi dans l’optique d’atteindre la neutralité carbone en 2050. «Il reste dix ans pour faire faire avancer le progrès technologique. Ensemble avec l’industrie, on doit réussir à pleinement exploiter notre potentiel», clame la députée libérale.
Au nom du LSAP, Franz Fayot défend aussi le choix fait par l’UE. L’ancien ministre de l’Économie admet que «l’industrie automobile a raté le bon train», mais se dit «convaincu» que les constructeurs européens «peuvent rattraper leur retard», notamment sur la Chine.
En tout cas, la fin du moteur à combustion ne serait pas une décision prise de «manière abrupte». Le secteur automobile «a disposé de 12 ans pour préparer» le virage qui s’annonce.
Tout comme le député socialiste, David Wagner (dei Lénk) ne remet pas en question la volonté des gens de sauter le pas vers une autre mobilité. «Ils veulent pouvoir se déplacer, et si possible, de manière « propre ». Il faut créer les conditions pour qu’ils puissent continuer à le faire, aussi en utilisant les transports publics».
L’ADR n’aurait pas encore compris que l’heure a sonné : «Non seulement, ils veulent faire croire aux gens qu’il faut boire du carburant du matin au soir, mais ils acceptent aussi que l’on reste dépendant de pays producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite».