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Feux de forêts : le CGDIS paré au pire


Près de 100 sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ont participé à un exercice exceptionnel de feu de forêt samedi dernier près du lac d’Echternach. (Photo : cgdis)

Pas encore confronté à des feux de forêts, le CGDIS se prépare néanmoins à cette éventualité face à un risque grandissant compte tenu du changement climatique.

Située aux abords du lac d’Echternach, la forêt Haard fourmillait de pompiers samedi dernier dans la matinée. Ils étaient près d’une centaine, professionnels et volontaires confondus, à participer à un exercice grandeur nature d’intervention de lutte contre un feu de forêt.

«À ma connaissance, il s’agit de la première fois que nous réalisons un exercice d’une telle ampleur», fait savoir Cédric Gantzer, chef de département à la direction générale du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS). «Nous avions de nombreux moyens qui venaient d’à peu près partout et cela est très rare qu’ils se retrouvent tous sur le même exercice», poursuit-il. Tandis que les quatorze groupements locaux du GCDIS réalisent habituellement leurs exercices d’envergure seuls, cette fois, «tout le pays était représenté avec, par exemple, une équipe qui venait du lac d’Esch-sur-Sûre et d’autres qui venaient de Dudelange».

Des véhicules spécifiquement adaptés à la lutte contre les feux de forêts ou les feux de végétation, qui peuvent notamment actionner une lance à eau en roulant, étaient présents. Différentes spécialités ont été mises en œuvre, comme le groupe d’appui technologique opérationnel (GATO), équipé de drones, le centre de soutien logistique (CSL) avec son unité ravitaillement ou le soutien sanitaire en intervention (SSI).

Le nombre de feux en hausse

Si tout le monde était exceptionnellement sur le pont, c’est à cause d’une nouvelle réalité : «Nous avons de façon plus fréquente des feux de végétation au Luxembourg. Nous ne parlons pas encore de feux de forêts, puisque les flammes n’atteignent jusqu’à présent jamais la pointe des arbres.» Si le risque de survenance d’un feu de forêt a considérablement augmenté ces dernières années, c’est en raison, notamment, du changement climatique, qui accentue les sécheresses.

«Certaines années, où il a fait très chaud et très sec durant une longue période, nous avons eu plus de 200 feux de végétation», illustre Cédric Gantzer. Jusqu’ici, le pays n’a pas connu de feux d’envergure comme ailleurs en Europe en raison de nombreux facteurs : «C’est forcément lié à la météo, à la topographie, à la végétation, aux routes et au fait que les forêts à Luxembourg sont bien entretenues, puisqu’elles sont parcellisées.»

En cas d’épisode de sécheresse de longue durée, la probabilité qu’un barbecue mal éteint provoque un incendie sur plusieurs kilomètres, comme lors de l’exercice à Echternach, est de plus en plus grande, même dans un pays verdoyant comme le Grand-Duché. Ainsi qu’en atteste l’important feu de végétation qui a eu lieu le 12 avril dernier à Achouffe, en Belgique, au cours duquel les secours luxembourgeois sont intervenus en soutien. «Ils ont été confrontés à un incendie d’envergure de façon tout à fait inédite et précoce comme jamais dans l’année.»

Achats de matériel et formations

Dans le cas où ce type de feu en viendrait à embraser une forêt, le CGDIS a testé, samedi dernier, les aspects tactiques, cartographiques, logistiques et matériels d’une intervention ainsi que la coopération avec d’autres acteurs de terrain comme les gardes forestiers de l’administration de la Nature et des Forêts.

Des moyens ont également été mis sur la table et «ces dernières années, (le CGDIS) a pas mal évolué en acquérant du nouveau matériel», dont des véhicules tout-terrain et un véhicule positionné à Colmar-Berg qui peut transporter jusqu’à 10 000 litres d’eau, contre les 2 000 litres d’un camion ordinaire.

Le CGDIS a également investi dans la formation : «Tous les pompiers du pays, soit près de 4 000 personnes avec les volontaires et les professionnels, ont été formés au feu tactique.» Sur le plan tactique, les officiers et sous-officiers suivent en outre des formations en matière de cartographie à partir de cartes dédiées «où l’on voit le type de végétation et les accès, et sur lesquelles nous pouvons faire nos calculs de propagation».

Et s’il s’avère que les soldats du feu luxembourgeois ne sont pas en mesure de lutter seuls contre un feu de forêt, la possibilité est toujours ouverte pour le CGDIS de faire appel à la solidarité européenne afin de bénéficier du soutien d’hélicoptères ou de canadairs.

Les comportements à adopter

Les feux de végétation étant «dans l’absolue majorité déclenchés par l’activité humaine», le CGDIS rappelle le comportement à suivre. Pour le public, il est interdit de jeter ses mégots dans la nature, de réaliser un feu ouvert, de faire un barbecue ailleurs qu’aux endroits prévus ou de jeter ses braises dans la nature. Pour les agriculteurs, les citernes non utilisées peuvent être préventivement remplies d’eau afin de soutenir l’action des pompiers en cas de besoin et il est conseillé de prévoir une charrue afin d’éventuellement pouvoir limiter la propagation de l’incendie à l’aide de sillons.