Autorisés dans seulement 16 communes pour le Nouvel An, les feux d’artifice restent l’un des motifs d’appel les plus récurrents pour la police ce soir-là, contrairement au CGDIS, plutôt épargné.
L’année 2025 touche à sa fin et l’odeur de la poudre flotte dans l’air. À quelques heures du réveillon de la Saint-Sylvestre, les caddies débordent de mets festifs, de bouteilles promises à être sablées mais aussi de feux d’artifice. À minuit, ces traditionnels messagers de la nouvelle année sont prêts à illuminer le ciel dans les rares endroits où cela est encore permis au Grand-Duché, mais aussi, on le constate chaque année et au grand dam des autorités communales et de la police, dans celles où ils sont interdits.
Seules 16 des 100 communes du pays autorisent les fusées et pétards, à condition de respecter des conditions plus ou moins strictes. Lorsqu’ils sont autorisés, les tirs d’artifice peuvent avoir lieu sur une courte plage horaire définie par la commune, à une certaine distance des maisons ou en ayant demandé une autorisation au préalable.
Par rapport à celui des voisins allemands, très attachés aux feux d’artifice, le ciel luxembourgeois sera donc moins coloré, en raison de considérations écologiques et pour éviter de nuire aux animaux et aux habitants.
Les conseils du CGDIS
«La tradition des feux d’artifice au Luxembourg est un peu en train de se perdre au fur et à mesure des interdictions des communes», constate Cédric Gantzer, chef du département de la direction générale du Centre national d’incendie et de secours (CGDIS). Il est loin de s’en plaindre.
«Ces dernières années, nous n’avons heureusement pas eu de cas où la situation a complètement dégénéré. C’est-à-dire pas de prise en charge de blessés graves, bien que cela n’exclue pas que les personnes se soient rendues seules dans les hôpitaux.» Le soir du 31, le CGDIS est parfois appelé pour quelques interventions liées à des feux d’artifice et «des petits départs de feu», mais «ce n’est pas comparable avec ce que l’on peut voir du côté de Strasbourg ou en Allemagne».
Malgré tout, Cédric Gantzer tient à rappeler les règles de bonne conduite. Les feux d’artifice doivent être allumés «sans les prendre dans la main mais dans un tube par exemple», le tout «sur un sol en dur, dans un endroit dégagé loin des habitations et de la végétation».
L’officier supérieur insiste sur ce dernier point, puisque «même en hiver, il peut y avoir un risque de feu de végétation, comme en Allemagne où huit hectares ont brulé il y a quelque jours». En cas d’incident, il rappelle quelques gestes élémentaires avant l’arrivée des secours : «En cas d’explosion dans les mains, il faut stopper le saignement. Et pour des brûlures, si elles sont petites, il faut passer le membre sous l’eau tiède près de cinq minutes afin d’atténuer la douleur et éviter l’infection.»
La police grand-ducale très sollicitée
Si les casernes de pompiers sont plus au moins épargnées d’une nuit de stress à cause des feux d’artifice, c’est moins le cas des commissariats. Dans un communiqué publié mardi, la police grand-ducale annonce comme chaque année qu’elle renforce ses effectifs durant la nuit de la Saint-Sylvestre, qui figure parmi celles où ses agents sont les plus sollicités.
«La police traitera les nombreux appels liés aux nuisances sonores dues aux festivités et aux feux d’artifice en fonction de ses priorités et des moyens disponibles», prévient le communiqué. Afin d’éviter de surcharger le 113, le numéro d’appel d’urgence, chacun est appelé «à faire preuve de respect envers les personnes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas célébrer, et invite en parallèle à la tolérance à l’égard de ceux qui participent aux festivités».
On constate sur Facebook que les internautes attendent beaucoup des forces de l’ordre sur le sujet. Dans les commentaires sous les publications des communes qui rappellent l’interdiction des engins pyrotechniques sur leur territoire, nombreux sont ceux qui déplorent une absence systématique de contrôles et de verbalisation. Certains vont plus loin et réclament une loi afin d’interdire aussi bien les tirs que la vente d’engins sur le territoire nationale, comme c’est le cas du côté français en Moselle. D’autres mettent, eux, en avant le paradoxe entre l’interdiction le 31 décembre et l’autorisation lors de la fête nationale.
Ce qui est certain, c’est que quelques fusées illumineront encore le ciel à minuit çà et là et que le débat est déjà appelé à se rallumer lors du prochain passage à la nouvelle année.
Parmi les quelques communes où il est possible de tirer des feux d’artifice, la majorité d’entre elles ont défini un créneau de 30 minutes. A Bettendorf, Ettelbruck, Schieren et Weiswampach, l’autorisation vaut de 23h45 à 00h15. Même plage horaire à Erpeldange-sur-Sûre, à condition d’avoir fait une demande à la commune au préalable. Ce sera un peu plus tard à Reisdorf, entre 0h et 0h30, à condition de respecter riverains et animaux.
Les communes avec les horaires les plus larges sont Mersch (23h45-0h30), Bech (23h45-0h30), Goesdorf (23h30-0h30). Les communes les plus strictes sont Wormeldange (0h-00h15), Garnich (0h- 0h15) et Betzdorf (0h-00h10). D’autres autorisent les tirs sans fixer d’horaires : Useldange, Tandel, Koerich et Putscheid qui, elle, appelle cependant ses habitants à y renoncer.