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[Fête nationale] Fête de l’Armée : «On se sent protégés»


Place de Metz, une mitrailleuse et un lance-roquettes étaient notamment exposés et à disposition de ceux qui voulaient essayer. (photo Fabrizio Pizzolante)

À la suite du défilé militaire, la place de Metz était bondée de monde venu assister à la fête de l’Armée, un métier qui fascine autant qu’il interroge.

Sur la scène établie place de Metz à Luxembourg dimanche après-midi, les chanteurs du groupe Awacs reprenaient la chanson de Patrick Bruel Place des grands hommes. Comme un clin d’œil, volontaire ou non, sur cette place qui mettait à l’honneur les soldats luxembourgeois pour cette 6e édition de la fête de l’Armée («Arméifest»). Dans une ambiance populaire de kermesse, l’armée tenait des stands afin de présenter ses armes, ses véhicules ainsi que pour servir à boire et à manger au public. Après le défilé militaire qui s’est achevé à 13 h et à deux pas de là, avenue de la Liberté, la place de Metz accueillait de nombreuses familles venues se restaurer et se rafraîchir sous ce grand soleil.

L’occasion aussi de rencontrer et d’échanger avec les soldats du Grand-Duché. «C’est sympa de faire ce genre d’évènement car sinon on n’a pas de contact avec les soldats, ils restent dans les casernes et on ne les voit pas. Cela crée de la proximité», se réjouissait Franck. Ce dernier était venu avec ses deux enfants qui, comme beaucoup de jeunes et de moins jeunes, enchaînaient les photos devant les véhicules voire avec les militaires qui se prêtent au jeu.

Parmi les véhicules exposés se trouvaient le «Dingo», un véhicule de reconnaissance actuellement déployé en Roumanie par le contingent luxembourgeois sur la base de l’OTAN. À ses côtés se tenait un «Hummer», notamment utilisé au Kosovo et dont la flotte sera progressivement remplacée grâce aux 811 millions d’euros dépensés par le gouvernement pour l’achat des véhicules d’ici 2028. L’investissement record de 2,6 milliards d’euros pour la défense du pays était aussi visible à travers les trois nouveaux fusils de précision exposés fièrement : le «Scorpion», le «Shadow» et le «HK G28».

«Il faut avoir une armée»

Si cette politique militaire d’investissement est la réponse du Luxembourg à l’OTAN qui, en 2022, demandait au pays de passer à un échelon de défense supérieure, cela ne fait pas forcément l’unanimité chez les Luxembourgeois. «Je comprends qu’il faille garder une armée de métier, mais je ne sais pas si tout cela a de l’intérêt pour un pays comme le Luxembourg», s’interrogeait Yves. «C’est un petit pays qui, d’un point de vue stratégique, est facile à prendre et on est intégrés dans l’OTAN donc dépenser autant je ne sais pas.»

Un avis partagé par son ami Christian, bien que les deux hommes ne soient pas antimilitaristes pour autant : «Il faut avoir une armée pour défendre nos modèles de vie, c’est important». Toujours est-il que les deux Luxembourgeois ont passé du bon temps place de Metz, «même s’il y avait moins à manger et boire que d’habitude», plaisantait Yves.

En voyant des uniformes et des armes de près comme rarement, le conflit en Ukraine était forcément dans les pensées de certains. Pour Corinne, «voir cela me rassure car on se sent protégés à l’heure ou même en Europe, il y a une guerre». «On ne sait jamais donc c’est bien d’être préparés.» L’armée étant confidentielle par nature, la curiosité du grand public était aussi visible, certains interrogeant les soldats sur leurs missions, leurs difficultés ou leurs équipements.

De quoi faire naître des vocations ? «Pas tellement», faisait savoir un soldat sur le stand de recrutement. Bien que ce soit des jeunes garçons, à l’exception d’une fille dimanche, qui viennent au stand, «ils sont surtout curieux et s’informent juste». La guerre en Ukraine n’a pas non plus changé la donne ni fait croître la fréquentation du stand, selon un adjugeant : «C’est comme d’habitude, nous n’avons rien remarqué par rapport à avant».

Armes et enfants : le débat

Malgré tout, l’armée continue de fasciner. Preuve en est la longue file d’attente afin de tester la mitrailleuse ou le lance-roquettes disponibles sur place. Guidé par les explications des soldats, petits et grands ont donc pu faire semblant de tirer. Un spectacle pas forcément amusant pour tout le monde. Venu en famille, Carlos avouait «avoir toujours du mal avec des enfants qui tirent avec des vraies armes».

Conscient qu’il s’agit d’un «métier nécessaire», ce Luxembourgeois est cependant plus réticent avec «le côté folklorique» autour du soldat qui est amené à tuer. «Si les gens voyaient la vérité derrière cela, ils seraient moins amusés», dit-il, ajoutant «que d’autres compétences et domaines dans l’armée mériteraient plus de visibilité». Il s’agit là une question d’éducation et un avis que ne partage pas Yves : «Je préfère les voir jouer avec des armes que de faire la vraie guerre».

Pour d’autres, la passion pour l’armée, ses armes et ses véhicules se transmettent sans réfléchir dès le plus jeune âge. «Tous les enfants aiment jouer à la guerre donc je n’y vois rien de grave, ils ne pensent pas à tuer à cet âge», expliquait Stevie, père d’un petit garçon qui adore les films de guerre et qui en a «pris plein la vue avec le défilé et les stands».