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Fête nationale à Esch : le Grand-Duc héritier Guillaume renoue avec le bain de foule


Le couple grand-ducal héritier était manifestement très heureux de retrouver la cérémonie eschoise, le covid ayant annulé et tronqué les deux dernières. (photos Tania Feller)

Comme il est de coutume, la deuxième ville du pays a accueilli le couple grand-ducal héritier la veille de la fête nationale. La célébration s’est déroulée mercredi, après une absence de deux ans en raison de la pandémie. Reportage.

Quel soulagement quand, les festivités à peine entamées, la pluie a cessé de tomber aussi brutalement qu’elle avait commencé. Après deux années gâchées par le covid, la veille de la fête nationale à Esch-sur-Alzette ne sera pas perturbée par des averses. Derrière les barrières de sécurité métalliques, place du Brill, les parapluies sont fermés, les capuches enlevées des têtes.

Tandis que des enfants vêtus aux couleurs de leur club de sport se rassemblent par petits groupes pour le défilé, le couple grand-ducal héritier, venu sans le Prince Charles, est attendu par les représentants de la commune et du gouvernement devant le théâtre. Le bourgmestre Georges Mischo, les échevins, les membres du conseil communal de la Métropole du fer, le vice-président de la Chambre des députés, Mars Di Bartolomeo, mais aussi les ministres de l’Intérieur, Taina Bofferding, de l’Écologie, Joëlle Welfring, et des Sports, George Engel, accueillent d’une poignée de main et par un franc sourire le Grand-Duc héritier Guillaume et la Grande-Duchesse héritière Stéphanie.

La foule est clairsemée, mais il n’est que 17 h, nombreux sont ceux à être encore au travail. «C’est la première fois que je viens», confie d’ailleurs cette dame, pourtant eschoise depuis des années, mais qui n’a jamais assisté à la fête nationale de la commune, faute d’avoir été en congé ce jour-là. Elle regarde, un petit drapeau en papier à la main, le Grand-Duc héritier Guillaume et son épouse Stéphanie traverser la place jusqu’au monument aux morts, devant le musée national de la Résistance.

Après avoir déposé une gerbe de fleurs au son de l’Ons Heemecht joué par la fanfare et s’être recueilli quelques instants, le couple héritier se dirige vers la rue d’Alzette. Il va emprunter cette artère jusqu’à la place de l’Hôtel-de-ville, suivi par les politiques et les musiciens de l’Harmonie municipale. Les agents de police, nombreux, veillent.

«Ils sont très gentils»

Sur le passage du cortège, les spectateurs agitent des drapeaux, prennent des photos, les regards sont concentrés, il s’agit de ne rien manquer. Quelques vitrines sont décorées spécifiquement aux couleurs du Luxembourg, comme la boutique de ce tatoueur belge : «Il faut marquer le coup, explique-t-il, ça fait plaisir, c’est une petite attention pour l’occasion.» Un peu plus loin, deux fleuristes rangent précipitamment leurs étals juste avant le passage du cortège : «Ils sont en avance sur l’horaire prévu», soufflent-elles.

Le Grand-Duc Guillaume rompt la marche en ligne droite, allant tantôt à gauche, tantôt à droite afin de serrer la main d’un badaud ou bavarder brièvement avec un enfant. «Ils sont très gentils, sourit Nicole, en parlant du couple héritier grand-ducal, ils vont vers les gens.»

Le temps d’arriver place de l’Hôtel-de-ville et le soleil est resplendissant. Le couple héritier s’assoit dans la tribune officielle pour assister au défilé des associations de la commune.

C’est là, derrière les barrières faisant face au couple princier, que les plus grands admirateurs de la famille grand-ducale se trouvent. Comme ce couple de sexagénaires qui vient des Pays-Bas, chaque 22 et 23 juin, depuis des années. Ils ont même apporté un présent à l’intention du Prince Charles. Juchée sur un marchepied escamotable, la femme mitraille de photos la tribune : «La famille grand-ducale est si sympathique», explique-t-elle, précisant s’y intéresser depuis la naissance du Prince Guillaume.

Moins de monde que les années précédentes

Le défilé achevé, une brève cérémonie est organisée dans l’hôtel de ville, à l’issue de laquelle Guillaume et Stéphanie signent le livre d’or de la commune, puis s’avancent sur le balcon. Tous deux saluent alors de la main la foule en contrebas. Sous leurs yeux, se dresse l’Escher Volleksfest avec sa quinzaine de stands d’où s’échappent des odeurs de saucisses grillées, de crêpes et de friture. Une scène, pour l’instant déserte, est érigée dans un coin, les bancs et tables en bois réservés aux repas sont loin d’être tous pris d’assaut. Ce n’est pas la foule des autres années, regrettent la plupart des personnes présentes. La faute à une cérémonie ayant commencé plus tôt, à la peur du covid ou plus prosaïquement à la météo instable ? Les spéculations vont bon train.

«On est ici depuis 14 h, explique un bénévole de la Commission des jeunes du Fola, il n’y avait personne. Avant, c’était plein l’après-midi. Il faut dire qu’à Luxembourg, Rumelange ou Dudelange, il y a des fêtes aussi et les jeunes vont là où il y a de la musique.» Mais Cindy, qui vit dans la Métropole du fer, n’irait pas ailleurs, elle qui préfère la veille de la fête nationale d’Esch à celle organisée dans la capitale : «Ici, c’est moins sale, il y a moins de bagarre, c’est plus familial, plus cocooning.» Les poussettes en nombre et les grappes d’enfants courant dans les allées appuient ses derniers propos. Cindy a prévu de manger un morceau et boire un verre avec des amis, puis de regarder le concert et le feu d’artifice, plus tard en fin de soirée.

Mais pour l’heure, le Grand-Duc héritier et la Grande-Duchesse héritière sortent de l’hôtel de ville et s’arrêtent devant des stands, dont celui de l’Harmonie municipale où la paella mijote. Une forme de reconnaissance pour les musiciens, qui ont «attaqué sérieusement» les répétitions des morceaux joués cet après-midi, conscients de la solennité de la cérémonie, rapporte l’un d’entre eux. Il joue lors cette veille de fête nationale depuis 15 ans et en profite «pour fêter et voir des gens».

Le couple héritier ne va pas tarder à rejoindre la capitale et assister à la retraite aux flambeaux, mais là, il est l’heure de procéder à l’embrasement du feu de camp des scouts. Depuis le décès du Grand-Duc Jean en 2019, le Grand-Duc héritier Guillaume est devenu leur chef et c’est donc lui qui s’attelle à cette tâche sous les yeux émerveillés des louveteaux. «C’est extra !» s’exclame Ilin, les yeux brillants, du haut de ses 10 ans, dont quatre déjà passés parmi les scouts. Un jeune qui, pour l’instant, ne manquerait pour rien au monde cette fête à Esch.