Dès jeudi prochain, et durant quatre jours (25-28 mai), le festival Like a Jazz Machine propose à Dudelange une affiche de haut niveau dans laquelle quatre musiciens et groupes nationaux vont s’illustrer par de nouveaux projets. Parmi eux, Pol Belardi’s Force.
Après deux albums sous le nom de 4S, le bassiste Pol Belardi s’affirme et parle en son nom avec un quintette qui dévoile un disque où il est question d’univers, de création et de sélection naturelle. Serait-il en passe de devenir le Terrence Malick du jazz national?
Qu’on se le dise : finie l’appellation obscure de 4S et place au Pol Belardi’s Force! Une émancipation toutefois pas évidente à assumer pour le musicien qui, en tant que bassiste, sait où est sa place… « Je reste au service de la musique. Mon attitude sur scène ne va pas changer. Je ne vais pas devenir mégalomane! » Mais le garçon s’est toutefois résigné à parler désormais en son nom, alors que jusqu’à maintenant, il ne l’avait pas fait « sans raison précise ».
« Un nom, c’est la seule chose que l’on ne perd jamais! Et en jazz, contrairement au rock ou à la pop, il est coutume de faire référence à une personne, à une figure , explique-t-il. Là, j’ai senti que le moment était venu de me mettre en avant, de montrer qui est en réalité Pol Belardi et d’arrêter de me cacher derrière des noms comme avant .» Et ce, sans fausse modestie : « Si on fait la plus grande partie du boulot en termes de création, d’écriture, de présentation et d’organisation, il n’y a pas de raison de ne pas mettre sa griffe dessus .»
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Malgré tout, avec lui, le naturel revient vite au galop et, histoire de relativiser cette liberté nouvelle, il a décidé de se fondre dans l’imposante thématique de son nouvel album,Creation/Evolution – son troisième (après deux signés 4S), présenté en avant-première au Like a Jazz Machine. Là, à l’instar d’un Terrence Malick pour The Tree of Life , Pol Belardi évoque le big bang, le développement de l’univers, les premiers organismes, les sélections naturelles, les bouleversements climatiques…
Bref, l’infiniment grand et l’infiniment petit. Il s’explique : « Il existe une naïveté, en tant qu’être humain, de s’imaginer seul. Mais placées à l’échelle de l’univers, nos convictions sont plus minces. La vie, les idées, les créations ne sont pas le truc le plus important qui existe. Oui, le monde tourne sans nous! Cette vision plus large donne une autre approche existentielle .»
Précisant qu’il n’a fait « aucune recherche scientifique » – « je ne connais pas, par exemple, l’âge de la Terre » –, il a laissé parler sa sensibilité artistique, appuyé en cela par son trio habituel (Jérôme Klein, Niels Engel, David Fettmann) et un tout nouveau venu, le guitariste Riaz Khabirpour. « J’ai toujours voulu incorporer une guitare, mais je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui serve vraiment mon écriture.
Mais Riaz, que j’ai rencontré au festival l’année dernière, a les mêmes goûts que moi et une façon de jouer que j’aime .» Et puis, tant qu’à être un leader libre, Pol Belardi s’est offert les services d’un quatuor à cordes, qui pourrait le suivre lors des prochaines tournées de cette nouvelle formation à géométrie variable. Une première, à Dudelange, qui s’effectuera dans la foulée du passage sur scène de la légende Carla Bley. Eh oui, un nom, ça en impose!
Grégory Cimatti
JEUDI 25 MAI
Klein. (artiste en résidence)
Bojan Z (artiste en résidence)
Extended Hanoi Duo
Nguyên Lê & Ngô Hong Quang
feat. Paolo Fresu, Mieko Miyazaki…
The Comet is Coming
VENDREDI 26 MAI
Aki Rissanen Trio
Carla Bley Trio
Pol Belardi’s Force
Thomas De Pourquery & Supersonic
SAMEDI 27 MAI
Dock in Absolute
Joachim Kühn New Trio
feat. Enrico Rava
Nik Bärtsch’s Mobile Extended
Erik Truffaz Quartet
DIMANCHE 28 MAI
Michel Reis Japan Quartet
TILT – Joce Mienniel
Ivan Paduart & Quentin Dujardin feat. Manu Katché, Bert Joris…
Opderschmelz – Dudelange.