Festival des Migrations : les visiteurs en redemandent

La 41e édition du festival des Migrations du CLAE a fait le plein à Luxexpo ce week-end. L’envie des citoyens de se rencontrer et de se découvrir ne s’est pas démentie cette année encore.

Les trams, les uns après les autres, déchargeaient des cargaisons entières de visiteurs aux portes de Luxexpo hier. À l’intérieur des halles, on se bousculait dans les allées noires de monde. Tout Luxembourg était venu fêter la diversité ce week-end au festival des Migrations. La formule fonctionne toujours aussi bien et le succès était une nouvelle fois au rendez-vous.

«Le festival a le mérite d’exister», lance Greg qui attend son couscous pendant que son ami est parti chercher des cocktails exotiques pour l’accompagner. «Je trouve toutes ces couleurs chouettes. On en a perdu l’habitude dans nos vies quotidiennes.» Autour de nous, les stands des représentants des pays africains proposent des objets d’artisanat en wax chamarré. Sur scène, les danseuses d’un groupe folklorique mexicain étourdissent les visiteurs en faisant virevolter leurs grands jupons colorés au rythme de la cucaracha. «Les gens sont heureux, détendus. Cela fait un bien fou», poursuit Greg qui achète des pâtisseries marocaines pour accompagner son plat. Un délice de miel et d’eau de rose parsemé de pistaches. Tous les sens sont en éveil.

«Il devrait y avoir plus de rendez-vous comme celui-ci. En été, en centre-ville avec des concerts de musique du monde en soirée, ça pourrait être pas mal. Comme à l’époque du festival MeeYouZik. Cela permettrait aux communautés qui ne se mélangent que lors du festival des Migrations de se retrouver plus souvent et de se découvrir», estime Stéphane. À bon entendeur! «Il faut reconnaître que même si la société est devenue bien plus inclusive, nous vivons tous malgré tout dans nos communautés respectives et ne nous mélangeons que rarement. C’est plus confortable. Le festival nous force à faire des efforts. l’air de rien.» Et l’air de rien, comme ça, tout simplement, on se retrouve à papoter avec des inconnus, à goûter des mets, à découvrir un artisanat, une problématique, une culture. On fait tomber des barrières.

Il devrait y avoir plus de rendez-vous comme celui-ci

Le festival des Migrations est le reflet d’une immigration colorée et joyeuse, d’une intégration respectueuse et intelligente des différences, d’une volonté de vivre ensemble en harmonie et en compréhension, d’un idéal malheureusement pas toujours atteignable au quotidien. Pendant deux jours, le Comité de liaison des associations d’étrangers (CLAE) célèbre les différences dans cette grande fête de la tolérance universelle et de l’amour entre les peuples. On s’enjaille sous une même bannière tout en mettant en avant les spécificités des nations représentées. Le Luxembourg en compte 170 différentes sur son sol.

Plus de 400 stands donnent un aperçu coloré, gourmand et parfois tragique de ces nations. Comme chaque année depuis 1981, danses, musiques du monde, conférences, débats, ateliers, petits plats exotiques, défilés de mode et projection de documentaires donnent vie au festival, dont la raison d’être est d’amener les gens à se comprendre les uns les autres.

Les drapeaux des différentes nations présentes flottent au-dessus des stands, les costumes traditionnels sont portés fièrement, les différences n’ont pas peur de s’afficher. «J’aime venir au festival. J’essaye d’y passer chaque année. C’est un lieu de rencontre unique», s’enthousiasme Alma. «Quand on voit toutes les nationalités qui y participent, cela montre à quel point le Luxembourg est devenu un pays d’accueil.» Tous les continents sont représentés. Les stands des pays les plus lointains ont le plus de succès.

«Les ressortissants italiens au Luxembourg sont assimilés depuis longtemps. Certains d’entre nous sont plus luxembourgeois que les Luxembourgeois de souche. L’Italie n’est plus une surprise pour les visiteurs», plaisante Marco, la soixantaine, avant de devenir plus grave. «Nos pères et nos grands-pères ont connu le racisme. Les gens mettent du temps à comprendre. Quand ils veulent bien comprendre.» Il regrette le racisme quotidien, mais comprend sans cautionner que face à l’ouverture du Luxembourg, certains citoyens prennent peur face à «la situation actuelle». «Mais on est ici pour passer du bon temps, pas pour parler de ça.»

Du bon temps, les nombreuses personnes passées par Luxexpo ce week-end en ont très certainement passé, à en juger par les mines réjouies et les airs satisfaits des visiteurs devant Luxexpo.