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Fermeture du Barnum : les gérants veulent créer un nouveau cabaret


Ian Lejeune, alias Madame Yoko, souhaite retrouver ses activités artistiques. (Photo : Editpress)

Le vendredi 30 août, le restaurant-cabaret le Barnum situé à Redange-sur-Attert a fermé définitivement ses portes. Après des mois de lutte, les gérants de l’établissement imaginent un avenir plus radieux.

Le Barnum est mort, vive le Barnum. Ce vendredi 30 août, Alex Goedert et Ian Lejeune, plus connu sous le nom de Madame Yoko, ont rendu les clés de l’unique restaurant-cabaret dédié à l’art du drag au Grand-Duché. La fin de mois de rebondissements qui ont épuisé ceux qui faisaient rayonner le cabaret de la Grand-Rue de Redange-sur-Attert. « Je me sens libéré, souffle Ian Lejeune. Au fil du temps, je me suis résigné. Nous subissions beaucoup de pression et, malgré la satisfaction d’avoir des retours positifs de la part du public, la motivation était moins présente ».

Des mois de combats

En mai dernier, le temple du drag au Luxembourg lance un cri de détresse en rendant public, sur les réseaux sociaux, sa situation financière plus que préoccupante. Au total, 65 000 euros sont nécessaires pour remonter la pente. En cause ? La flambée des tarifs de l’énergie, la hausse des prix des marchandises et les frais générés par les prestations de ce type d’activité. « Le facteur géographie a aussi joué. Nous sommes loin et, aujourd’hui, avec les travaux dans la commune, c’est très difficile de nous rejoindre », analysait alors Ian Lejeune.

Pour survivre, une partie de l’équipe doit être licenciée, la restauration est réorganisée et une cagnotte est mise en ligne pour éponger les dettes.  Quelques mois plus tard, 26 000 euros sont récoltés. « Cela nous a montré que notre activité avait vraiment un intérêt pour les gens », souligne le co-gérant. L’arrivée d’un généreux donateur permet, en plus de cette somme, de payer les fournisseurs et tous les arriérés de loyer, soit 104 000 euros. En juin, l’accord conclu avec le propriétaire, l’ancien député de l’ADR, Roy Reding, est validé.

Mais à la surprise générale, ce dernier revient sur cette poignée de main et fait parvenir au couple un avis d’expulsion, qui indique que le contrat de location a été résilié pour le 30 août. Dans la foulée, un investisseur se manifeste pour acheter le Barnum mais le prix d’achat, d’abord estimé entre 450 000 et 500 000 euros bondit à 780 000 euros. Une hausse qui refroidit toutes envies de rachat.

Adieu Redange-sur-Attert

La dernière semaine du mois d’août, pendant quatre jours, le Barnum se vide de tout ce qui a fait son identité. Trois étages à nettoyer. Trois étages de meubles, d’objets chinés, de parures, de lustres, de miroirs, de perruques, d’instruments, de vêtements… Tout est placé dans un entrepôt en attente d’un nouveau départ. « On a dégusté physiquement et moralement », avoue Ian Lejeune. « C’était plein de sentiments mêlés, mais finalement, je pense que tout cela n’était pas très sain ».

Jusqu’à la dernière minute, le couple s’active. Vendredi 30 août, de 4h à 9h du matin, sous une pluie battante, les derniers cartons finissent de remplir les camionnettes tandis certains objets trônent encore sur la terrasse de l’établissement lorsque l’huissier de justice arrive. Après cinq ans d’existence, le Barnum baisse définitivement son rideau.

« Nous n’avons jamais vraiment senti que nous étions les bienvenus à Redange-sur-Attert », estime l’artiste drag. «Les regards, les chuchotements, les gens qui ne disent pas bonjour… Tout cela pèse au quotidien, je ne m’attendais pas à un accueil aussi froid », relatait-il, dans un entretien en avril dernier.

Un nouveau départ 

« L’idée de partir de Redange-sur-Attert était déjà présente depuis un certain moment, mais il nous fallait du temps pour créer un business plan et pour réfléchir à un projet. La fermeture du Barnum nous a permis de ne plus être la tête dans le guidon », poursuit le trentenaire. Le trépas du cabaret, ressentit comme une bouffée d’air, laisse la voie libre à de nouveaux projets. « Je vais prendre du temps pour moi, pour me reposer et reprendre mes activités d’artiste que j’avais laissé de côté », explique Ian Lejeune. C’est cette facette artistique, peu à peu rongée par le côté restauration du Barnum, que le duo veut remettre en avant, à l’avenir.

« Nous voulons, maintenant, ouvrir autre part en reprenant le même concept qu’au Barnum. Nous voulons nous occuper uniquement du show et confier la nourriture à un traiteur. À la base, nous ne sommes pas du tout des restaurateurs, nous sommes organisateurs de spectacle », appuie l’alias de Madame Yoko. Le lieu où s’établira cette nouvelle aventure n’est pas encore déterminé mais le couple cherche activement autour de la capitale.

L’épopée du Barnum

En juin 2019, ce lieu dédié à la restauration et au cabaret ouvre ses portes en pleine campagne, à Redange-sur-Attert. Loin des grandes cités du Luxembourg, le Barnum propose, en plus d’une restauration quotidienne, des dîners spectacles durant lesquels des drag-queens de toute l’Europe performent en live. Cette scène internationale crée rapidement un certain engouement.

Les spectateurs viennent de tout le Luxembourg et des pays voisins pour découvrir ce qu’il se passe derrière les murs de ce lieu unique. «C’est un véritable pèlerinage vers le drag», s’amuse Ian Lejeune. Les spectacles, d’une durée de trois heures, ont lieu toutes les deux semaines dans une salle aménagée sous les toits. «C’est petit, nous accueillons au maximum 60 personnes. Cela crée une ambiance conviviale, car les gens parlent rapidement entre voisins», indique la drag-queen. Si le drag a toujours trouvé sa place au Grand-Duché, le Barnum était le seul établissement à proposer ce genre de prestation au Luxembourg.

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