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Ferme braquée à Berg : jusqu’à 17 ans requis contre le trio en appel


Le parquet général ne s'est pas montré beaucoup plus clément en appel, avec le trio d'agresseurs du fermier de Berg. (Illustration : Jean-Claude Ernst)

Mardi, le parquet général a demandé entre 15 et 17 ans contre le trio qui avait braqué un agriculteur à Berg, en 2014, avec un couteau et une barre en fer en pleine nuit.

Condamnés à 12 ans de prison ferme pour avoir violemment agressé, ligoté et volé un quinquagénaire dans sa ferme à Berg au printemps 2014, les trois hommes ont interjeté appel. Vu le réquisitoire du parquet général, pas sûr que le trio fasse une bonne opération.

Dans ce dossier, c’est un peu le sauve-qui-peut. Si les trois prévenus Florin S. (42 ans), Mihail M. (37 ans) et Zoltan G. (23 ans) reconnaissent s’être rendus dans la nuit du 21 au 22 avril 2014 sur les lieux du crime à Berg, dès qu’on aborde la question de leur rôle respectif dans ce braquage, cela se corse. Tous les trois tentent tant bien que mal de sauver leur peau. Et cela n’avait pas changé devant la Cour d’appel, mardi après-midi.
«Je n’ai pas fait appel à cause de la décision. J’ai avoué les faits. Mais je ne peux pas accepter que j’ai roué de coups la victime avec une barre en métal. C’est Mihail M. qui l’a frappée», lâchait ainsi Zoltan G., le plus jeune du trio.

Quelques minutes plus tard, Mihail M. lui renvoyait la balle : «Je n’avais aucune arme dans mes mains. Je n’ai commis aucun acte de violence.» Et d’assurer : «Il s’agissait juste de faire un cambriolage. Mais on s’est retrouvés face au propriétaire des lieux et son chien!» Quant au troisième prévenu, Florin S., il conteste avant tout l’infraction de la séquestration : «Je me suis rendu sur les lieux pour faire un vol, pas pour séquestrer la victime. Douze ans de prison, c’est trop!»

« Pourquoi étaient-ils cagoulés? »

L’avocat général Marc Harpes rétorquera : «S’ils avaient juste prévu un cambriolage à la ferme, pourquoi étaient-ils cagoulés et portaient des gants? Et pourquoi n’ont-ils pas pris la fuite quand ils ont entendu le chien aboyer?»
La victime a en effet déclaré s’être retrouvée dans sa cour de ferme face à trois hommes, dont l’un était armé d’une barre de fer. Rapidement, ils lui auraient ligoté les mains dans le dos. Plus tard, on l’aurait également menacée à l’aide d’un couteau en lui demandant où étaient cachés son or et son argent. Avant de prendre la fuite avec quelques centaines d’euros et des bijoux, les malfrats avaient finalement bâillonné le quinquagénaire, entravé ses mains et ligoté ses pieds à une chaise à l’aide de ruban adhésif.

Mardi, les avocats de la défense ont tous demandé une réduction de peine. À l’unisson, ils contestent l’infraction de la séquestration retenue par les premiers juges. «La victime a pu se détacher de ses liens. Si l’idée avait été de la séquestrer, on aurait pu l’enfermer dans une pièce à part à double tour», argue Me Philippe Stroesser qui plaide, par ailleurs, en faveur d’une individualisation des peines.

«Des brutalités exagérées et inutiles»

Me Pim Knaff déplore que les premiers juges n’aient pas prononcé une peine allégée à l’égard de son client. Le fait que Florin S. soit tout de suite passé aux aveux et ait dévoilé l’identité de ses complices devrait lui être attribué comme circonstance atténuante, estime-t-il.
Enfin, Me Roby Schons conteste que Zoltan G. «le plus jeune et le plus frêle du trio» soit l’initiateur de cette expédition parce qu’il avait travaillé comme aide agricole dans cette ferme dans le passé. «Zoltan G. ne sait rien d’un trésor de 100 000 euros dont il est question dans le dossier. C’est une jolie histoire qu’on veut nous faire avaler.» D’après Me Schons, on ne pourrait pas condamner son client à plus de cinq ans de réclusion.

On est bien loin des peines requises en fin d’audience par le représentant du parquet général, à savoir 17 ans de réclusion contre Florin S. et 15 ans contre les deux autres prévenus. L’avocat général estime qu’il n’y a pas lieu d’accorder de circonstances atténuantes au trio. Car le casier judiciaire des trois hommes serait très chargé. Si les traces ADN de Zoltan G. n’ont pas été retrouvées sur la bande adhésive, il n’aurait toutefois pas émis d’opposition à ce que la victime soit ligotée. Comme ses deux comparses, il en aurait profité pour assurer sa fuite. Dans son réquisitoire, l’avocat général a, par ailleurs, parlé de «brutalités exagérées et inutiles» commises de la part du trio.
La Cour d’appel rendra son arrêt le 3 juillet.

Fabienne Armborst