Les premières édiles du pays se sont retrouvées lundi à Leudelange, commune hôte cette année de la traditionnelle Buergermeeschterinnendag, ou journée des Bourgmestres féminines.
Quelques-unes des 12 premières magistrates des 102 communes que compte le Grand-Duché ainsi que d’anciennes édiles se sont retrouvées pour apprendre à se connaître, échanger sur leur rôle en tant que femmes politiques et partager leurs expériences d’élues. «Cette journée est aussi l’occasion de montrer à l’extérieur que cela fonctionne !», ajoute Lydie Polfer, bourgmestre de Luxembourg et initiatrice de la première Buergermeeschterinnendag, en 1994.
Encore très peu nombreuses à la tête des communes (elles représentent moins de 10% des bourgmestres du pays), les femmes ont pourtant un rôle essentiel à jouer en politique, elles qui constituent – faut-il encore le rappeler ? – la moitié de la population.
«Les électeurs n’ont parfois même pas le choix d’élire ou non une femme. Dans beaucoup de communes, il n’y avait pas une seule femme sur les listes électorales ! Cela ne représente pas la population et c’est dommage», déplore Natalie Silva, bourgmestre de Larochette.
Les femmes proposent cependant souvent une autre approche face aux problèmes que peut rencontrer la population, selon Diane Feipel, la bourgmestre de Leudelange : «Leur regard est différent. Elles sont plus émotionnelles peut-être, et plus sensibles à certains domaines, comme le social ou l’éducation.»
«Un regard différent mais complémentaire»
«Ce regard différent, notamment dans le domaine social, est essentiel alors que le fossé entre riches et pauvres se creuse dans la société luxembourgeoise. J’ai aussi noté que les femmes avaient plutôt tendance à partir du général pour aller au particulier, à l’inverse des hommes. Mais elles ne sont pas pour autant meilleures ou pires que les hommes, elles sont tout simplement complémentaires», insiste Marie-Thérèse Gantenbein, première femme bourgmestre de Hesperange, en fonction de 2000 à 2009.
Les hommes, un brin machos et jaloux de leur pouvoir, seraient-ils responsables de la sous-représentativité des femmes dans la vie politique ? Si Marie-Thérèse Gantenbein fait partie de celles qui avouent avoir été jalousées par des hommes durant leur mandat («On m’a mis des bâtons dans les roues, toujours de manière sournoise»), toutes s’accordent cependant à dire que c’est aux femmes elles-mêmes d’oser faire bouger les lignes.
«Les femmes n’ont pas toujours le courage de s’engager. D’autant qu’en tant que femme, on doit avoir plus de rigueur pour convaincre et imposer ses décisions, surtout si on est jeune», regrette Christine Schweich, bourgmestre de Mondercange, élue à l’âge de 30 ans, qui a organisé la Buergermeeschterinnendag 2017.
«C’est aux femmes d’avoir le courage de s’engager», considère également Natalie Silva, qui assure ne pas avoir rencontré de difficultés particulières en tant que femme dans sa fonction. «Il y a eu des pionnières avant. Elles ont fait le plus gros du travail et nous ont facilité les choses.»
«Je suis personnellement d’avis qu’il ne faut pas forcer les choses. C’est une évolution qui doit se faire dans les mentalités. Une femme doit être prête. Moi-même, j’ai attendu l’âge de 49 ans, lorsque mon dernier enfant était étudiant, pour me lancer», estime pour sa part Marie-Thérèse Gantenbein. «Mais en tout cas, qu’on le veuille ou non, on avance dans la féminisation de la vie politique.»
Tatiana Salvan