La fédération des industriels place de grands espoirs dans l’UE et le gouvernement luxembourgeois pour redynamiser l’industrie. Une priorité est l’allègement du «carcan réglementaire».
Les défis ne manquent pas pour les plus de 750 membres que compte la Fedil, la fédération qui se veut le porte-parole des secteurs de l’industrie, de la construction et des services aux entreprises.
Sur la liste figurent notamment la transition énergétique, la décarbonation de l’industrie, l’innovation avec en tête le développement de l’intelligence artificielle (IA) ou encore le recrutement de talents. Le tout a un impact sur la compétitivité de cette branche économique majeure, et du Luxembourg dans son ensemble.
Hier, à l’occasion de son assemblée générale, la Fedil a une nouvelle fois sonné l’alerte. «Pour les entreprises luxembourgeoises et européennes, le retour à la compétitivité est une priorité absolue, voire une question de survie», souligne le président Georges Rassel dans le rapport annuel, également dévoilé hier.
Une tendance plus positive, enregistrée au dernier trimestre 2024, doit se confirmer. Selon le Statec, l’industrie a contribué à la hausse du PIB de 1,4 % sur un trimestre, avec à la clé une croissance annuelle de l’économie luxembourgeoise de 1 %, contre 0,5 % encore prédit en fin d’année dernière. Les prévisions actuelles misent sur 2,5 % de croissance en 2025.
Toujours selon le Statec, le moral des industriels ne se redresse pourtant que lentement. «Le contexte général pour l’industrie en Europe demeure peu porteur, miné par une faible demande (…), des coûts d’énergie élevés et la pression de la concurrence internationale», notait l’institut national de la statistique dans son «Conjoncture Flash» de février dernier.
Comment donc rebondir ? La Fedil place de grands espoirs dans la Commission européenne von der Leyen II, qui s’est fixé des priorités politiques axées notamment sur la compétitivité économique de l’UE.
Dans ce contexte, le projet de directive «Omnibus», qui vise à alléger les règles en matière de durabilité et d’investissements de l’UE et à réduire les charges administratives, est salué.
L’autre espoir majeur réside dans la «Boussole pour la compétitivité», qui vise notamment à «combler le retard d’innovation par rapport aux principaux concurrents de l’UE» et à «coupler décarbonation et compétitivité».
Selon Georges Rassel, cet outil dont la Commission européenne s’est dotée «doit être suivi d’actions concrètes et incisives, le tout dans un contexte de simplification réglementaire et de collaboration internationale».
Plus globalement, la Fedil continue de plaider pour une «redynamisation de l’industrie européenne, l’harmonisation du marché unique, l’encouragement de l’innovation, le renforcement des échanges commerciaux et l’allègement du carcan réglementaire».
«Des objectifs difficiles à atteindre»
Les obligations liées à la transition énergétique et la décarbonation de l’industrie demeurent une préoccupation majeure. Face au gouvernement luxembourgeois, Georges Rassel affirme que sa fédération a réussi «à faire valoir ses positions et recommandations en faveur notamment des entreprises membres exposées à des coûts énergétiques élevés et à des objectifs de décarbonation difficiles à atteindre».
«Dans plusieurs pays voisins du Luxembourg, des initiatives visant à réduire les coûts de l’électricité pour les industriels ont déjà été mises en œuvre. Ces mesures incluent des ajustements fiscaux, la suppression de certains frais annexes ou des subventions spécifiques pour soutenir l’électrification. En ne suivant pas cette voie, le Luxembourg risque d’aggraver le désavantage compétitif de son industrie», met en garde le rapport annuel.
Un soutien supplémentaire est aussi réclamé à l’échelle de la réduction des émissions de CO2. Les derniers chiffres, datant de 2023, indiquent que la décarbonation industrielle est mal engagée.
«Malgré une réduction des émissions de 6 % par rapport à 2022, le rythme actuel reste insuffisant pour atteindre les objectifs de réduction de 55 % d’ici 2030 fixés par le Luxembourg», avance la Fedil. Une priorité est à accorder au futur réseau de production et d’importation d’hydrogène, projet déjà lancé par le gouvernement.
Georges Rassel s’engage à «poursuivre le dialogue constructif avec les ministères et les administrations pour traduire les intentions du gouvernement en actions propices à la croissance économique, à la modernisation du droit du travail ou encore à l’attrait d’investissements et de talents».