Du stress, la fierté d’un « petit pays » et du champagne quoiqu’il arrive: au Ponton Milan, place forte des Croates de Paris, les supporteurs rouges et blanc se rassemblaient ce dimanche après-midi pour vivre ensemble la finale, sous les moqueries bon enfant de passants tricolores.
« Ici, c’est la fan zone croate du XIIIème. Sans passeport croate, tu rentres pas », rigole le patron de cette péniche du sud-est parisien, Joseph Anticevic, qui a sorti les drapeaux et la « sahovnica », le damier rouge et blanc.
En début d’après-midi, ce Croate de 48 ans sert des « chevape », des boulettes de viande croates, à ses invités autour du barbecue.
Et il a prévu le champagne : « On le boira, qu’on gagne ou qu’on perde ». Il pouffe: « Mais si on gagne, je pense que certains vont finir dans la Seine ».
Quelle que soit l’issue du match, le patron vise en tout cas le prix de l’ambiance. « On a plein de chants, on rit beaucoup, on boit beaucoup. Tout ce que les Français savent pas faire ! », plaisante-t-il.
Les Bleus partent « ultra-favoris », reconnaît cet ancien boxeur amateur. Mais en face, « la Croatie, c’est un vieux diesel, il faut qu’il chauffe et ensuite l’équipe est lancée. »
Derrière ses larges épaules habillées du maillot national, il s’avoue « vachement tendu. J’ai hâte que ça se finisse aux penalties et que les Croates gagnent », rigole-t-il. « Champions du monde après quatre prolongations en phase finale, ce serait du jamais vu ! »
Mais pour lui, son pays « a déjà gagné en atteignant la finale ». « On parle partout de la Croatie, un petit pays de 4 millions d’habitants. Des personnalités comme (le rappeur américain) Snoop Dogg s’affichent avec le maillot croate, c’est déjà une victoire ! »
«Je me suis fait pas mal chambrer»
Depuis le pont de Bercy, en surplomb de l’embarcation, les supporters français qui passent moquent l’adversaire à coups de cornes de brume et de « Allez les Bleus ».
D’origine albanaise, Rémi Vuka vient de s’acheter un maillot à damier. « Il manque du bleu et un coq sur ce t-shirt ! », lui lance une cycliste à la volée.
« Je me suis fait pas mal chambrer en venant ici », sourit l’étudiant en informatique de 24 ans.
Il ne crie pas victoire avant le match, mais y croit. « Quand tu vois Modric taper un sprint à la 120ème minute contre la Russie, tu comprends que tout est possible avec cette équipe ».
Pour Ivan Cindric, un Français né de parents croates, le onze croate a l’occasion de montrer « son âme de mousquetaires : un pour tous, tous pour un », explique-t-il fièrement. « Avec la Croatie, il y a une seule âme sur le terrain, représentée par 11 joueurs et 4 millions d’habitants. »
Le Quotidien / AFP