Une maman et sa fille lancent la toute première journée de la Famille monoparentale ce samedi à Esch. Objectif : donner de la visibilité à ce groupe encore trop stigmatisé.

Près de 200 personnes sont attendues ce samedi pour un évènement inédit, entièrement dédié aux parents solos. Une initiative de Pascale Zaourou, fondatrice de Voix solidaires SIS, et de sa fille de 25 ans, Ange-Mariam, partant d’un triste constat.

«On ne parle pas des familles monoparentales ou de leurs problématiques. Je crois qu’il y a eu deux tables rondes sur le sujet depuis 2017! Et quand on en parle, c’est pour parler de leur précarité. On voulait avant tout sortir de ce contexte et offrir à ces femmes un espace à elles.»

Car, oui, il s’agit presque exclusivement de femmes : au Luxembourg, 86% des personnes élevant seules un ou plusieurs enfants sont des mères, d’origine étrangère pour plus de la moitié d’entre elles, indique le Statec. Ce qui alourdit davantage les défis auxquels elles se retrouvent confrontées.

«Sans dire qu’elles sont les grandes oubliées des politiques publiques, on constate qu’il manque une vision à 360 degrés. Elles sont très peu représentées dans le débat public. Or, leur voix doit peser.» En effet, 15% des ménages avec enfants au Grand-Duché sont des familles monoparentales.

Refam, une nouvelle association d’entraide

Créé il y a tout juste un mois sous l’impulsion de Pascale Zaourou, Refam, le Réseau des familles monoparentales du Luxembourg, vise à construire un solide réseau d’entraide.

«On veut sortir du bouche-à-oreille et enfin donner un cadre à ce soutien aux familles, identifier les défis, mutualiser les solutions. C’est important pour sortir de l’isolement, un grand problème quand on est parent solo. Surtout dans ce pays à forte population migratoire.»

Elle pointe ainsi la question de l’intersectionnalité, jamais évoquée dans ce contexte, alors qu’elle existe bel et bien au Luxembourg. «Beaucoup de femmes arrivent ici sans leur famille, pour suivre un conjoint. Cet entourage manque encore plus au moment d’une séparation. Les problèmes des mamans solos devraient être traités de manière transversale.»

Des conseils pratiques pour gérer son budget

Si la journée de la Famille monoparentale devrait revenir pour une nouvelle édition chaque année, d’autres activités mensuelles sont prévues, comme la gestion budgétaire, source de beaucoup de stress.

«Souvent, c’était l’homme qui s’occupait de l’argent du foyer. Une fois seules, les femmes peuvent se sentir en difficulté face à la déclaration d’impôts, des questions techniques ou simplement pour boucler le budget du mois. On veut désacraliser ce volet financier», souligne Ange-Mariam.

D’où l’organisation de tout un atelier sur ce sujet ce samedi (lire ci-contre).

Comment préparer sa séparation

Un deuxième atelier sera consacré à la préparation d’une séparation à venir, avec des conseils très concrets. «Aux côtés d’experts, on explique aux femmes quels documents il est important de sauvegarder dans le cloud, comment justifier le montant d’une pension alimentaire, etc. On veut les outiller pour faire face», poursuit Pascale Zaourou.