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Fameck : Elle s’interpose pour sauver une femme violentée


La jeune employée du Mac Do de Fameck ne s'est pas découragée (Photo : Armand Flohr / Républicain Lorrain).

 Elle n’a pas hésité. Alors qu’un homme brutalise sa femme sur le parking du Mac Do, samedi dernier à Fameck, Alicia Jacques, 20 ans, s’interpose. Seule, devant une clientèle paralysée.

D’un coin de mouchoir, Alicia Jacques tamponne une coulure d’eye-liner. L’effet du soleil, s’excuse-t-elle, sur des yeux sensibles. Ne pas se fier à cet excès de coquetterie. Samedi dernier, la jeune femme a été témoin d’une agression sur son lieu de travail, le restaurant Mac Donald de Fameck. La Knutangeoise a foncé. « J’étais arrivée en avance au boulot, on discutait sur la terrasse avec des collègues », raconte-t-elle. L’attention du petit groupe et des quelques clients installés à l’extérieur est attirée par des éclats de voix. À quelques mètres, une femme au volant de sa Renault est aux prises avec un homme, installé dans un véhicule tout proche. « Ils parlaient d’une histoire de rétroviseur, alors on a d’abord cru qu’il y avait eu un accrochage. »

« Du sang dans la bouche »

Mais la situation dégénère. Le ton monte entre les deux protagonistes. L’homme est hors de lui. « Dans la voiture, les enfants pleuraient », se souvient Alicia. Puis viennent les coups. En pleine tête. « Il la bousculait, la frappait, décrit l’étudiante. La femme a commencé à courir en criant : « À l’aide ! Appelez la police ! » Personne ne réagissait. Je n’ai pas réfléchi, je me suis précipitée vers la dame, qui était en pleurs. Elle avait du sang sur les gencives. »

Sur la banquette arrière, les enfants hurlent toujours. En état de choc, apeurée, la victime, mal à l’aise, cherche à minimiser. « Elle me disait que ça allait, me suppliait de partir ! » Pendant ce temps, l’homme, menaçant, s’approche. « Il m’a dit texto : « Casse-toi, ne lui parle pas. C’est ma femme, je fais ce que je veux. Puis il l’a regardée et lui a dit : Pfff , tu saignes pour rien, toi. » Du haut de ses 1,55 m, Alicia ne cille pas. Tient tête à l’agresseur « au regard vide. De ceux qu’on n’oublie pas ». Il prévient : « Joue pas au bonhomme ! » C’est mal connaître la courageuse étudiante en BTS Négociation-relation clients, qui lui dit tout le mal qu’elle pense des hommes « qui battent leur femme ». L’argumentaire lui vaut un coup sec au visage « avec la paume de la main, au niveau des pommettes. Je savais qu’en intervenant, j’allais m’en prendre une. J’ai riposté par un coup de pied, là où je pouvais. Au niveau de la hanche je crois. Un réflexe. »

Deux jeunes femmes interviennent alors pour les séparer. Le manager et le directeur du Mac Do appellent la police. L’homme et sa victime quittent les lieux précipitamment. « En partant, la femme a murmuré : « Je suis désolée, je ne peux pas… »

Plus tard, Alicia apprendra que cette dernière est repassée au Mac Do, « pour prendre de mes nouvelles. Ça m’a touchée. Je lui souhaite de réagir. Surtout de porter plainte. » L’étudiante, elle, n’a pas hésité. « Pas pour me plaindre, veut-elle nuancer. Mais pour dénoncer ces agissements. Si personne ne bouge, si tout le monde laisse passer, que deviendra le monde demain ? »

Joan Moïse (Le Républicain Lorrain)