En cette période de confinement, toutes les excuses sont bonnes pour sortir de chez soi et certains considèrent que leurs déplacements font l’objet d’un motif impérieux. Face aux gendarmes de la compagnie de Boulay-Moselle (France), ils font preuve d’une imagination débordante.
Cinq cents procès-verbaux dressés depuis le début du confinement pour défaut d’attestation dérogatoire de déplacement : c’est le bilan à ce jour de la compagnie de gendarmerie de Boulay-Moselle. Parmi les contrevenants, peu de récidivistes. Mais des usagers de la route à l’imagination débordante. Voici quelques perles relevées sur des points de contrôle. Certaines sont savoureuses.
Bûcheronnage
À bord de son SUV, l’homme dispose d’une attestation dérogatoire et a coché la case déplacements brefs, dans la limite d’une heure… Il la présente aux forces de l’ordre qui veulent en savoir plus sur sa destination et son emploi du temps. Sans se démonter, le conducteur leur rétorque : «Je pars couper du bois en forêt. C’est une activité sportive, non ?» Réponse : «Non, il faut éviter en cette période de confinement. Le sport oui, mais dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile.» Il n’a pas été verbalisé.
Linge sale et pâtesUn jeune homme se fait arrêter, il est en règle. Mais il interroge le gendarme : «J’habite à Falck. Puis-je me rendre chez ma mère à Creutzwald pour faire une machine à laver ?» Rien d’impérieux. Il lui a été conseillé d’attendre la fin du confinement pour se rendre au plus vite dans un magasin d’électroménager.
Un autre automobiliste, contrôlé non loin de la zone commerciale de Creutzwald. Il baisse la vitre, présente son attestation et glisse au gendarme : « Ai-je le droit d’aller acheter des vêtements car mes affaires sont sales.» Déconcerté, le militaire éclate de rire : «Oui, si vous trouvez quelque chose à votre taille au supermarché.» L’autre solution, c’est la machine à laver, où celle de la mère du précédent.
Dans le même registre, une maman qui se précipite chez son rejeton vivant dans le village d’à côté, un panier garni à l’arrière de sa voiture. «Je suis obligée d’apporter à manger à mon fils car il ne sait même pas cuire des pâtes.»
Italie et barbecue
Le téléphone sonne à la gendarmerie, un homme s’inquiète de savoir s’il peut répondre à l’invitation de son voisin pour un barbecue entre copains. Si le barbecue n’est pas interdit, il peut être allumé pour des personnes vivant sous le même toit. Les réunions sont proscrites en cette période de confinement : cela peut coûter 135 euros à chacun des participants.
Lui pensait pouvoir circuler librement. Son argument : «On m’a dit que c’était possible pour tous ceux qui ne revenaient pas d’Italie.» Circuler, oui, mais selon les modalités de l’attestation dérogatoire de déplacement.
Exécrable
Malheureusement, les forces de l’ordre ont aussi affaire à des interlocuteurs… détestables (et le mot est faible). Ce monsieur qui appelle la brigade de gendarmerie pour «dénoncer» son voisin. «Pouvez-vous faire tester le monsieur d’à côté ? Car il est personnel soignant et donc considéré comme une arme chimique.» Ou encore ce couple dans une file d’attente de supermarché qui compose le 17 sur son smartphone : «Je pense que la personne devant moi est atteinte par le coronavirus. Pouvez-vous la forcer à aller voir le médecin ?» Sans commentaire…
Et la palme d’or est décernée à…
Ce jeune homme très inquiet à l’autre bout du fil : «Cela fait deux semaines que je suis confiné et je voulais savoir si aller faire l’amour à ma copine pouvait être considéré comme un besoin de première nécessité ?» Cela est laissé à l’appréciation de chacun.