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Faillites au Luxembourg : « un triste record » atteint en 2018


L'usine de Tavola installée à Capellen fait partie du lot de déconfitures en 2018. (archives LQ)

Le chiffre est impressionnant: en 2018, 1 195 entreprises ont fait faillite au Grand-Duché. C’est près de 30% de plus qu’en 2017, où l’on dénombrait 935 déconfitures.

« C’est un chiffre dramatique », s’est exprimé Herbert Eberhard, administrateur délégué de Creditreform Luxembourg, l’organisme de renseignements commerciaux et de recouvrement de crédit qui a publié mercredi ses statistiques pour l’an dernier : 1 195 faillites ont été enregistrées au Grand-Duché. C’est bien plus qu’en 2017, où le nombre de déconfitures se trouvait sous la barre des mille (935 exactement). L’écart entre les deux chiffres représente une hausse de 27,81%.

«C’est un triste record pour l’économie luxembourgeoise», souligne le communiqué de la firme. Ce mauvais record n’avait jamais été enregistré auparavant. Avec 1 033 faillites, 2012 avait «marqué le pic le plus élevé». Il ne faut pas oublier qu’en 2018 le pays comptait 35 113 sociétés. Il se crée entre 2 500 et 3 500 entreprises par an, selon Herbert Eberhard.

Nouvelles habitudes

Le nombre d’entreprises âgées de plus de cinq ans ayant fait faillite en 2018 représente 78,24% des déconfitures. D’après l’administrateur délégué de Creditreform Luxembourg, ce phénomène s’accélère. Au début des années 2000, la quote-part des entreprises plus anciennes «se situait toujours entre 40 et 45%». À partir de 2008, le taux passe à 60% puis à 69% en 2012, à 68% en 2017 jusqu’à atteindre ce pourcentage très élevé. Presque un quart de ces firmes ont été fondées avant 1999. «On peut constater que la part du commerce dans ces statistiques se situe entre 20 et 30%, ce qui laisse présager une difficile mutation structurelle», indique le communiqué.

Herbert Eberhard évoque «un changement de structure». Il explique que les Luxembourgeois plus âgés effectuent leurs achats sur le territoire et vont à Trèves pour acheter leur téléviseur. «Les jeunes Luxembourgeois ne sont plus aussi fidèles» aux commerces locaux. Acheter sur internet «donne beaucoup plus de possibilités». Un autre élément à prendre en compte étant le fait que si des entreprises ferment, c’est parce qu’elles ne trouvent pas forcément un repreneur.

La honte des impayés

La question de la reprise est encore taboue au Grand-Duché. Les firmes qui ont besoin de conseils pour bien passer ce cap ne viennent pas forcément se renseigner auprès de la Chambre de commerce, pourtant habilitée à prodiguer tous les conseils bien utiles. En outre, et ce n’est pas un sujet facile à aborder, beaucoup d’entreprises «ont honte d’avoir des créances qui ne sont pas payées», soutient Herbert Eberhard. Pourtant, avoir des impayés n’est pas une exception, mais bien quelque chose de courant, quel que soit le type ou l’âge de la société.

En parlant d’âge, la proportion de firmes en faillite ayant moins de cinq ans atteint les 21,76% contre 32% en 2017. Si on regarde les chiffres par arrondissement judiciaire, on constate que Luxembourg a enregistré 1 079 faillites contre 809 en 2017 (+33,37%). Diekirch, en revanche, a enregistré, une diminution de sept unités, passant de 126 faillites en 2017 à 116 en 2018. Au niveau des secteurs, c’est celui des services qui a été le plus touché avec 882 faillites et «reste avec 73,81% (73,69% en 2017), un triste leader», dit Creditreform. Le nombre de déconfitures de sociétés anonymes a progressé de 32,43% (494 faillites contre 373 en 2017). La SARL connaît une progression de 26,12% à 676 échecs contre 536 en 2017.

Aude Forestier

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