Accueil | A la Une | Fabriques d’église : «On n’a rien à cacher»

Fabriques d’église : «On n’a rien à cacher»


«Chaque commune dans laquelle existe une fabrique d'église a connaissance de l'ensemble du patrimoine de la fabrique», souligne le vice-président, Marc Linden, interrogé par Le Quotidien. (photo archives LQ)

Alors que le calme est rétabli dans le dossier chaud de l’été, le Syndicat des fabriques d’église revient sur les reproches de vouloir cacher la valeur réelle de son patrimoine. Un manque de solidarité est également rejeté.

Au plus tard depuis les échanges musclés du Syndicat des fabriques d’église (Syfel) et du Syndicat des villes et communes (Syvicol) avec le ministre de l’Intérieur – qui auront marqué le mois d’août – il est clair que la suppression des fabriques d’église ne va certainement pas passer comme une lettre à la poste. Farouchement opposé à la fin du cofinancement des édifices religieux par l’Église et la main publique, le Syfel continue à fourbir ses armes.

C’est ce vendredi que le gouvernement va officiellement fêter sa rentrée politique. Pour plusieurs ministres, la trêve estivale n’aura cependant pas été de tout repos. Cela vaut certainement pour le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, obligé de faire en plein mois d’août face à une révolte émanant des fabriques d’église, mais aussi de la part du principal représentant des villes et communes du pays. Tout cela n’annonce rien de bon en vue des élections communales, dont l’enjeu va rapidement gagner en ampleur, même si elles ne sont fixées qu’au mois d’octobre 2017.

Conscient du caractère explosif du dossier, le ministre socialiste de l’Intérieur a tenté d’éteindre rapidement l’incendie qui risquait de s’embraser. Dans un premier temps, la mission du pompier Dan Kersch n’a cependant que partiellement réussi. Vacances obligent, le coup de chaud survenu à la mi-août avec les critiques acerbes formulées par le Syfel et le Syvicol (lire nos éditions précédentes) s’est finalement limité à un feu de paille. Mais l’incendie peut repartir à tout moment.

Afin d’être préparés au mieux pour résister au ministre, le camp des fabriques d’église continue de fourbir ses armes. Alors qu’une assemblée générale extraordinaire doit trancher le 23 septembre prochain sur l’entame de procédures judiciaires pour empêcher la création d’un Fonds de gestion commun des fabriques d’église, géré et donc financé par la seule Église catholique, le Syfel a décidé de se refaire une virginité avant le prochain tour de bras de fer musclé avec le gouvernement.

Contacté par Le Quotidien, Marc Linden, vice-président du Syfel, a ainsi tenu à réfuter les reproches selon lesquels les fabriques d’église joueraient la montre afin de ne pas devoir dévoiler sur la place publique la réelle valeur de leur important patrimoine. Le manque de solidarité dont feraient preuve les fabriques d’église ne tient également pas la route aux yeux du Syfel.

La balle rejetée dans le camp politique

«Chaque commune dans laquelle existe une fabrique d’église a connaissance de l’ensemble du patrimoine de la fabrique. La situation financière, le nombre d’ares de terrain ou encore le nombre de bâtiments en sa possession ne constituent pas un secret pour les bourgmestres concernés. Il se peut que le ministère de l’Intérieur n’ait pas de vue d’ensemble sur le plan national, mais il devrait l’avoir», lance ainsi d’emblée Marc Linden.

«Pourquoi devrait-on donc cacher des chiffres qui sont déjà connus? Je ne sais pas ce qu’on pourrait cacher. Il faut avoir conscience que si la réforme passe dans sa forme actuelle, l’archevêché va devenir un des plus importants propriétaires fonciers du pays, notamment en termes de terrains boisés et ce aux côtés de l’État et de la Cour grand-ducale. Je pense que cela ne devrait pas trop être au goût de déi Lénk», lance encore le porte-parole du Syfel, en répondant aux critiques formulées à la mi-août par le parti de gauche.

Pour ce qui est des critiques que les fabriques d’église plus aisées ne viennent pas en aide à celles qui sont moins bien dotées sur le plan financier, le Syfel tient aussi à rectifier les choses. «Pourquoi n’a-t-on pas inscrit ce principe de solidarité dans le texte qui est venu réformer il y a quelques mois le premier volet du décret régissant le fonctionnement des fabriques d’église», s’interroge Marc Linden.

«On a décidé de lever l’obligation pour les communes de financer les déficits des fabriques d’église et de mettre un logement à la disposition du curé. Pourquoi ne pas avoir fait un pas de plus? Pour l’instant, il n’existe aucune base légale qui aurait permis aux fabriques d’église plus riches de venir au secours de fabriques moins bien dotées. Et il ne faut pas blâmer l’ensemble des fabriques sur base d’une seule fabrique sise à Luxembourg, qui a refusé de venir en aide à une autre fabrique sur le territoire de la capitale. Nous, on n’est pas opposé au principe de la solidarité», poursuit le vice-président du Syfel, qui rejette donc la balle dans le camp de la politique et plus particulièrement dans celui du DP et de sa députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer.

«Aucune commune n’a été forcée»

Indépendamment de ce point, le camp des fabriques d’église reste convaincu que le principe du cofinancement pour entretenir les édifices religieux doit rester en vigueur. Il s’agit d’un des principaux points de discorde entre le gouvernement, les communes et le Syfel.

«Je n’ai pas connaissance de communes qui auraient jusqu’à présent refusé de subsidier la restauration d’une église ou des travaux d’entretien. Jamais encore une commune n’a été forcée par une fabrique d’église de cofinancer ce type de travaux. Un accord a toujours été trouvé, même si les négociations ont pu être plus rudes, ce qui est humain. Le ministre doit tenir quelque peu compte des réalités du terrain. Dire maintenant que cela sera interdit à l’avenir est complètement dénué de sens», martèle un Marc Linden très remonté contre Dan Kersch.

Ce dernier l’a cependant déjà affirmé dans ces colonnes : il ne compte pas rompre, même si des concessions au niveau de l’entrée en vigueur de la réforme, annoncée pour le 1er janvier 2017, sont possibles. Le compte à rebours pour une rentrée politique brûlante est lancé.

David Marques