Fabio Marochi, président pour encore quelques jours du Progrès, a pris une claque, mercredi soir, avec l’élimination face au F91 en Coupe de Luxembourg.
Abattu, Fabio Marochi. À moins de deux semaines de l’assemblée générale qui le dessaisira officiellement de sa fonction de président du Progrès Niederkorn, il espérait encore être qualifié en Coupe de Luxembourg et rêvait d’une finale au stade de Luxembourg. Cela ne sera pas.
Quel sentiment cette élimination contre le F91 vous a-t-elle laissé ?
Fabio Marochi : Oh, ce n’est pas seulement ce match-là qui fait mal. C’est un peu tous ceux des dernières semaines. On est dans le creux de la vague. On espérait voir le nouveau stade et… non. Mais c’est surtout une option importante pour aller chercher l’Europe qui s’éteint. J’ai connu de meilleurs moments dans ma vie.
M. Durieux a cristallisé beaucoup de rancœurs à l’issue de la rencontre. Chez vous aussi? Ou vous refusez-vous à vous laisser aller à ce genre de sentiments ?
Disons que certaines décisions ont été difficiles à comprendre, mais surtout la main de Cools dans la surface qui est flagrante et qu’il est malheureusement le seul au stade à ne pas avoir vue. Avec la VAR, on l’aurait eu, ce penalty (il rit). Mais malheureusement, on ne l’a pas au Haupert… D’ailleurs, pour moi, M. Durieux fait de la compensation à la fin de la prolongation, en ne sifflant pas la sortie de notre gardien sur leur attaquant (NDLR : Hassan Nader, qui a du coup écopé d’un jaune pour ce que M. Durieux a estimé être une simulation). Je pense qu’il y a faute, mais qu’il a voulu compenser pas mal de décisions qui ne nous ont pas été favorables.
Le résultat est le même : le Progrès est éliminé de la Coupe et « seulement » 4e en championnat. Êtes-vous inquiet ?
Inquiet… Oui, dans le sens où les questions que cela suppose ne sont pas que d’ordre financier. Je me pose la question : ce groupe est-il apte à aller chercher l’Europe? La saison dernière déjà, nous avons échoué. Je ne sais pas si c’est une question de qualité du groupe et de tous ceux qui gravitent autour. Mais même si ce n’est jamais bien de se comparer à d’autres clubs, si j’observe ce qui s’est passé cette saison dans des clubs comme le RFCU, le Fola et ne parlons même pas du Swift, des équipes qui sont à peu près de notre niveau, on se rend compte qu’eux aussi ont traversé des périodes difficiles, mais que chez nous se pose un problème d’alternatives. Offensives notamment, sur les derniers matches.
Estimez-vous avoir commis des erreurs de casting, offensivement parlant ?
Ce n’est pas ce que je dis. Je constate que ce groupe a, à mon sens, le niveau pour disputer des matches de niveau européen. Il faut faire attention à ce qu’on dit : on a quand même la deuxième meilleure attaque du pays (NDLR : avec 59 buts inscrits en 25 matches, le Progrès est effectivement juste derrière le F91, qui en compte 64, et juste devant le Fola qui en a empilé 56) et ce n’est pas n’importe quoi. Mais Luisi n’est pas là, De Almeida est un peu moins bien depuis deux ou trois matches et, face au F91, on n’avait pas non plus Azong et on a vu que Mazure n’avait pas la réussite du début de saison…
Et si, de nouveau, cela ne suffisait pas pour jouer l’Europe ?
On peut se permettre, financièrement, de jouer une saison de plus sans l’Europe, mais cette beauté et ce stress positif vont nous manquer. C’est important de pouvoir proposer ça aux garçons qui nous rejoignent, parce que c’est sans comparaison avec ce que peuvent leur offrir les compétitions nationales. Ces expériences-là, il faut les faire! Et on ne les a pas faites la saison passée. Et on risque de ne pas les faire cette saison. Mais si Differdange (NDLR : actuel 5e) parle encore de se qualifier, je crois que nous avons encore le droit, nous-mêmes, d’y croire, non? Mais le plus important, c’est que cela ne remet rien en question au niveau du projet.
Je continue de partir du principe qu’on sera européens
Pourtant, les résultats du moment semblent quand même confirmer les limites inhérentes au projet. Il est beau, mais n’a pas encore permis de gagner quoi que ce soit.
Peut-être, mais il faut le dire : si on n’avait pas mis ce projet en place, jamais on n’aurait pu attirer des Bohnert, des De Almeida, des Karapetian, et j’en passe… Si on ne leur avait pas offert cette chance de partir vers l’étranger, on ne les aurait jamais vus au stade Jos-Haupert, parce qu’on n’est pas le club qui paie le plus au pays. Plus d’une dizaine de gars sont partis en pros et on peut en être fiers. Ils sont partis et le club… risque encore de ne pas être européen, mais ce sont les règles du jeu et on les accepte. Parce que sans ça, ils ne seraient même pas venus. Nous sommes obstinés à gagner quelque chose, c’est une envie qu’on a, mais on ne va pas fusiller tout le monde si on n’y arrive pas. Mercredi, en tribune, quelqu’un m’a dit « C’est dommage, on n’aura pas de titre sous ta présidence ». Mais moi, je ne serai pas plus ou moins heureux si quelqu’un gagne un titre pour le Progrès à ma place. Peu importe que ce soit moi ou Thomas (NDLR : Gilgemann, qui va lui succéder à la tête du club) ou son successeur…
Cela veut-il dire pour autant qu’il faille accepter que tout reste en l’état ?
Non, il faut remettre des choses en question. Nous, en tant que dirigeants, j’estime que nous avons tout fait pour atteindre les objectifs. D’autres devront donc prendre leurs responsabilités.
Les joueurs ? Le staff ? À quoi ressemblera la suite sachant que vous ne serez alors plus aux responsabilités ?
Je ne me suis pas encore posé la question pour la simple et bonne raison que je continue de partir du principe qu’on sera européens. Par exemple, il n’y a pas de remise en question du coach et de son staff à l’heure actuelle. Je sais qu’il y a des clauses dans le contrat, mais on ne les regardera que si on n’est pas européens. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on y réfléchira.