Le ministre de la Famille a informé que la mère et ses deux enfants qui devaient être expulsés d’un foyer de l’ONA bénéficient d’un sursis. La famille n’était pas volontaire au retour.
Après la retentissante démission de Marianne Donven de ses fonctions au sein des services de l’État, le débat se poursuit autour de la politique gouvernementale en matière d’accueil et d’immigration. L’expulsion d’une famille avec des enfants scolarisés et intégrés dans le système luxembourgeois, avait suscité un vif émoi, aussi bien dans les milieux humanitaires que dans les rangs du Parlement.
Le député Sven Clement a reçu instantanément une réponse du ministre de la Famille, Max Hahn, à sa question urgente concernant la procédure d’expulsion et le délai de cinq jours, imparti aux intéressés pour plier bagage. Pas cinq, mais huit, s’empresse de rectifier Max Hahn, qui ne doit pas apprécier que l’on puisse douter de son engagement humanitaire. La famille concernée s’est immédiatement vue proposer un lit dans le réseau de l’ONA (l’Office national de l’accueil) et bénéficie ainsi d’un sursis supplémentaire.
Depuis le 1er janvier 2025, elle fait partie des deux familles avec enfants qui ont été priées de quitter le réseau. L’autre s’est rendue à la Maison de retour. La procédure, une fois le demandeur débouté, prévoit un délai de 30 jours pour quitter les structures de l’ONA. Les huit jours doivent être considérés comme «une tolérance supplémentaire de l’ONA», informe le ministre.
Un temps estimé suffisant pour organiser le retour des demandeurs déboutés. Pendant cette période, la personne concernée sera convoquée par la Direction générale de l’immigration à un rendez-vous «pour discuter de son dossier administratif et organiser le retour dans son pays». Ce n’est qu’après ce rendez-vous que la personne reçoit un courrier de l’ONA l’informant qu’elle doit quitter la structure dans les 8 jours, détaille le ministre.
«Le courrier officiel de l’ONA constitue un tout dernier rappel pour quitter les structures d’hébergement après l’expiration du délai de 30 jours», écrit-il encore, jugeant alors que la personne «est donc informée longtemps à l’avance» qu’elle doit retourner d’où elle vient.
En tout cas, elle ne doit plus séjourner dans une structure de l’ONA, même après des années de procédure pour tenter d’obtenir l’asile. «Cette procédure n’a pas changé au fil des années», fait remarquer Max Hahn. Ce qui est nouveau, c’est la création d’une Maison de retour, qui offre un toit provisoire à tous les volontaires qui décident de rentrer. «Ici, on leur offre à la fois un lit et un cadre social adéquat, pour les préparer à leur retour et pour élaborer un nouveau projet dans leur pays d’origine, tout en bénéficiant d’un soutien financier», décrit-il.
«Retour digne»
En collaborant avec l’OIM (Organisation internationale pour les migrations de l’ONU), le gouvernement s’assure que les personnes renvoyées dans leur pays d’origine soient accompagnées, pendant neuf mois, dans la recherche d’un logement, d’un emploi ou d’une formation. Une aide financière pouvant aller jusqu’à 3 000 euros par personne ou 4 500 euros par famille, complète ce ticket de retour volontaire.
Avant le départ, les personnes bénéficient également d’une assistance consulaire pour obtenir les documents de voyage nécessaires et d’une aide financière pouvant aller jusqu’à 500 euros, «mise gracieusement à leur disposition», alors que l’OIM se charge de l’intégralité des frais de transport. C’est ce que le ministre appelle «un retour dans des conditions dignes».
Mercredi à la Chambre, les députés de la majorité avec les voix de l’ADR ont rejeté une motion présentée par Meris Sehovic au nom des écolos, invitant le gouvernement à suspendre immédiatement toute expulsion des structures d’hébergement gérées par l’ONA, en particulier d’enfants et de personnes vulnérables. Les verts réclamaient aussi des comptes au gouvernement sous forme de statistiques mensuelles concernant les mouvements dans les structures d’accueil.