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Exposition universelle : pour un pays qui se réinvente à l’infini


Le pavillon luxembourgeois présenté vendredi mettra les cinq sens à l'honneur. (Illustration : DR)

Le pavillon luxembourgeois qui représentera le pays à l’Exposition universelle de Dubai en 2020 incarnera l’économie circulaire jusque dans sa forme.

Le pavillon sera réalisé par le bureau d’architecte Metaform avec le scénographe Space Factory qui ont remporté l’appel à projets parmi 19 concurrents. Acier et bois, entièrement démontable et exposé à Luxembourg après Dubai pour ceux qui n’ont pas envie de faire le chemin.

Pourquoi aller chercher plus loin quand l’idée est là, sous notre nez depuis bien longtemps. «Le ruban de Möbius c’est le logo bien connu utilisé depuis 1970 pour les matériaux recyclables», lance Sharam Agaajani pour introduire son projet architectural fondé sur ce principe du mathématicien allemand, August Ferdinand Möbius.

Celui qui vient de remporter l’appel à projets fait une démonstration simple devant la presse avec une bande de papier qui, une fois les deux extrémités réunies, forme un ruban d’une seule face. L’architecte à la tête du bureau Metaform ne pouvait pas trouver meilleur symbole pour coller au thème de l’économie circulaire, central dans le cahier des charges qui exigeait que le pavillon soit « l’exemple type d’une économie circulaire démontrable » et qu’il soit surtout « l’ambassadeur de l’idée jusque dans la dernière des vis ».

Des vis et des boulons, il y a en aura pour réaliser ce pavillon fait d’acier et de bois pour lequel le Luxembourg compte beaucoup en termes de nation branding. Parce que selon le ministre de l’Économie, Etienne Schneider, le thème de l’Exposition universelle de Dubai en 2020 collait comme un gant au nouveau profil que le Luxembourg veut se donner : «Connecter les esprits, construire le futur».

Le visiteur pénétrera dans ce grand ruban qui s’enroule comme il entre dans un coquillage par une vaste entrée, et suivra une rampe en pente douce pour «l’inviter à un voyage à travers le Luxembourg». La scénographie, confiée au bureau Space Factory propose « une ascension vers l’espace avant un retour sur Terre », comme l’explique Frans Swarte.

Au fur et à mesure de sa progression, le visiteur découvrira des paysages du Luxembourg, des «vues en direct» capturées par des webcams, projetées en très grand format sur les parois « pour rendre le pays plus palpable », précise Thierry Cruchten, de Metaform. Dans ce décor varié, on verra également défiler des témoignages de résidents illustrant la diversité du pays et au point culminant du pavillon, le visiteur se fera une idée de ce que le pays symbolise en termes de nouvelles technologies. C’est l’étage de la SES et des centres de recherche, juste au-dessus de celui de la Chambre de commerce et de Post Luxembourg.

Une fois parvenu aux étoiles du space mining le visiteur a le choix pour redescendre sur Terre. Pour la mobilité, le pavillon offre les escaliers, l’ascenseur ou alors un moyen de mobilité douce assez original qu’est le toboggan. « C’est le clin d’œil à la Schueberfouer », explique Thierry Cruchten. `Et ce n’est pas fini, le pavillon abritera un mini- Mullerthal avec rochers et flore, précisément là où atterrira le toboggan. Il y aura en plus les odeurs de la petite Suisse.

Un toboggan sera installé dans le bâtiment. Un clin d'œil à la Schueberfouer...

Un toboggan sera installé dans le bâtiment. Un clin d’œil à la Schueberfouer…

Tous les sens en éveil

Le pavillon offrira une visite qui célébrera les cinq sens. L’ouïe par exemple, avec une salle d’exposition «dédiée au secteur de la recherche spatiale, réalisée avec des surfaces très absorbantes pour recréer le son du néant, celui de l’espace», décrit le projet des lauréats. Le toucher, encore, avec ces capteurs tactiles qui offre aux visiteurs la possibilité d’interagir en changeant les webcams…

Et on le disait plus haut l’odorat au bout du toboggan, dans l’atrium, où la mousse, les pierres, l’eau et les plantes dégageront « une odeur très apaisante », selon les auteurs du projet. Et le goût, bien sûr, avec le restaurant du pavillon. Pour montrer la variété culinaire qu’offre le Luxembourg, « toutes les deux semaines, un chef et son commis seront invités à cuisiner et à partager leurs savoir-faire dans une cuisine transparente donnant vers un large couloir de sortie », détaille Frans Swarte.

Les technologies du futur n’effaceront jamais les pratiques ancestrales, c’est aussi ce que nous apprendra ce pavillon. L’architecte Sharam Agaajani, né en Iran, va utiliser une méthode de ventilation utilisée dans l’architecture perse et répandue dans les régions désertiques. Un badgir, qui signifie «attrape-vent», fonctionne grâce à la faible différence de pression entre la base et le sommet à l’intérieur d’édifice. L’architecte explique ainsi « qu’à chaque fois qu’un faible souffle de vent passe à travers le sommet, la différence de pression aide à remonter l’air chaud vers le sommet et à amener de l’air frais rafraîchi grâce aux brumisateurs vers le bas de l’édifice ».

Vendredi, la commissaire générale du Luxembourg auprès de l’Expo 2020 Dubai, Maggy Nagel, ainsi que les ministres François Bausch et Étienne Schneider, n’ont pas tari d’éloges sur le projet retenu, comme l’ont fait les partenaires que sont la Chambre de commerce, Post Luxembourg et la SES.

Geneviève Montaigu