Depuis le 4 août dernier, de drôles de sculptures sont exposées sous la verrière de la gare de Luxembourg. Il est possible de les voir jusqu’au 21 septembre.
Il est de retour dans le quartier de la gare de Luxembourg : le Gare Art Festival! Installés sur la place de Paris depuis le 28 juillet dernier, les artistes de l’édition 2017 ont exposé leurs œuvres à la gare le 4 août. Elles resteront sous la verrière jusqu’au 21 septembre. Les six artistes, Jorge Rodriguez Fernandez (Espagne), Christiane Modert, Maryse Linster (Luxembourg), Rumen Dimitrov (Bulgarie), Oleg Slepov (Russie) et Genti Tavanxhiu (Albanie) ne sont en revanche plus présents sur le site. Pour Florence Hoffmann, organisatrice de l’évènement depuis 2003, «le projet, né en 2001 et initié par l’ASBL Groupe Animation-Gare, a pris de l’ampleur».
S’il a été créé pour changer le visage du quartier de la gare à l’époque, il est vrai que le petit festival a fait un long chemin. Les deux premières années, en 2001 et 2002, des petits chalets étaient installés sur le parvis de la gare et la place de Paris dans lesquels des artistes créaient des œuvres sur place. L’initiative était alors portée par Pia Klein, membre de l’ASBL Groupe Animation-Gare. Florence Hoffmann n’a commencé à organiser le festival que dès 2003, après qu’elle a été «séduite par l’enthousiasme de Pia Klein qui n’était pas une « artiste », à proprement parler». Pour elle, «il y avait quelque chose de touchant dans ce détail. Elle avait une vraie énergie, elle m’a fait confiance et elle a accepté mes idées».
Du nouveau tous les deux ans
En 2003, et 2004, Florence Hoffmann faisait venir des sculpteurs de sable et près de 120 tonnes de sable devant la gare. Ce fut le début d’une longue aventure artistique et humaine. «Il s’agissait de belles années. Je dois avouer qu’au départ, nous nous demandions si nous serions acceptés par cet environnement hostile. Il faut dire que ce n’était pas toujours facile, car c’est un autre monde, avoue-t-elle. Les dealers, la prostitution et l’art… Deux mondes qui ne se côtoient pas forcément et pourtant… C’était très enrichissant, cela a créé de l’échange. Et puis la démarche n’est pas aisée pour les artistes. On peut avoir l’impression d’être comme des animaux dans un zoo. Les gens vous parlent, vous regardent travailler, se permettent de faire des commentaires… Mais je crois que finalement, d’un côté comme de l’autre, nous nous sommes tous adaptés.»
Pour garantir la réussite du projet, il fallait assurer la venue d’artistes fiables : «Au début, je faisais appel à des amis, et au bout de quatre ans, j’ai décidé d’inviter des artistes que je ne connaissais pas.»
Un challenge de plus. Après le sable, la pierre en 2005 et 2006. Puis le bois, en 2007 et 2008, et l’aluminium en 2009 et 2010. Pour l’organisatrice de l’évènement, elle-même artiste sculptrice, «c’est très intéressant de manier différents types de matériau. Le travail n’est pas le même! C’est la raison pour laquelle nous avons pris l’habitude d’en changer tous les deux ans».
Dès 2010, l’évènement a déménagé sur la place de Paris. En 2011 et 2012, retour au bois, avant de consacrer une édition à la pierre à nouveau, en 2013. En 2014 et 2015, un nouveau matériau est mis entre les mains des artistes : le béton.
Première étape de production
Depuis l’an dernier, la star du festival c’est l’argile, mais pas n’importe laquelle : l’argile cellulosée, qui limite les risques de craquelures… «C’est une première étape de production; les œuvres de 2017 qui ont été créées la semaine dernière sont actuellement en train de sécher. Celles de l’an dernier sont sèches, mais il faut encore les cuire pour qu’elles soient véritablement terminées. Ce sera la deuxième étape, l’étape finale, explique Florence Hoffmann. Nicole Huberty, artiste, a pour spécialité de créer des fours un peu hors du commun et éphémères. L’idée est donc de procéder l’an prochain à cette dernière étape en public. Les passants pourront assister à la cuisson, à la finalisation des œuvres. J’aimerais en faire un évènement festif! Et ce n’est qu’après qu’elles pourront être vendues.» Avec des œuvres de nature différentes, figuratives, abstraites, ou participatives, Florence Hoffmann en est sûre, «cela attire les curieux»! L’an prochain, la cuisson des créations devrait davantage plaire mais «pour l’heure, on ne connaît pas le lieu ni le matériau qui sera utilisé l’année prochaine. Ce qui est sûr, c’est que l’utilisation des fours entraîne des contraintes techniques que l’on devra prendre en compte. Il faudra probablement assurer en matière de sécurité», assure Florence Hoffmann. En attendant l’année prochaine, c’est à la verrière de la gare que les productions peuvent être admirées, avec les yeux, et pas avec les mains, mais en cela, la sculptrice est sereine : «J’ai confiance au respect inné des gens, j’ai confiance en leur bon sens. Je ne suis pas inquiète et je n’ai pas envie de l’être…»
Sarah Melis