Pas moins de six fois, Jamek M. (59ans) avait tiré avec son pistolet 9mm sur son ex-épouse qui rentrait en voiture dans une arrière-cour à Esch-sur-Alzette, le 7 janvier 2015. Au 4e jour du procès, l’expert en balistique a livré ses conclusions.
Taches de sang, bris de glace, douilles, projectiles, résidus de tirs… L’équipe de la police technique avait passé au peigne fin la scène de crime ce 7 janvier 2015. À son arrivée, six douilles jonchaient le sol de l’arrière-cour de la rue du Fossé de la Métropole du fer. La quadragénaire, quant à elle, gisait morte au volant de sa voiture devant son garage.
«Il y a eu deux premiers tirs à hauteur des épaules, et quatre dans la tête, a récapitulé vendredi matin l’agent de la police technique dépêché sur les lieux du crime. Les deux premiers tirs n’étaient pas mortels. Ce sont les derniers qui l’ont tuée», poursuit l’expert en balistique.
Visiblement, l’auteur a tiré à bout portant. L’autopsie a révélé des résidus de tirs sur la tempe gauche de la victime. L’enquêteur parle d’une distance de moins de 30 cm. Aussi la disposition des douilles au sol laisse présager que l’auteur se trouvait près de la voiture au moment des tirs.
La police avait également découvert une balle près de la voiture. «L’arme a dû s’enrayer. Il l’a manipulée pour dégager la munition bloquée. Et la balle est tombée au sol. Il a recommencé a tirer», analyse l’enquêteur. Il poursuit : «L’enrayage a dû avoir lieu après le deuxième tir.» Ce qui rejoindrait aussi le témoignage de la voisine qui avait perçu une pause avant les dernières détonations.
L’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC) en Belgique s’était chargé d’examiner les traces sur les vêtements du prévenu. Le résultat est sans équivoque : «Jamek M. est bien l’auteur des tirs.»
Toujours est-il qu’aujourd’hui le quinquagénaire ne se rappelle pas ce qui s’est passé en cette fin d’après-midi : ni de s’être rendu dans l’arrière-cour ni d’avoir pris l’arme. «J’ai vu comment ma femme a mis le clignotant vers la gauche pour entrer dans le garage.» Ses souvenirs toutefois s’arrêtent-là.
«Je prenais beaucoup de médicaments»
Plusieurs fois la présidente de la 9e chambre criminelle l’a relancé vendredi pour qu’il dépeigne l’emploi du temps de cette journée du 7 janvier 2015. «Je prenais beaucoup de médicaments. Je ne me sentais pas bien. Je devais aller régler des factures à la commune», a fini par murmurer le prévenu assisté par un interprète. Son récit était loin d’être fluide. Il aurait aussi été retirer de l’argent, déclare-t-il. D’un seul coup, il aurait été pris par un violent mal de tête. Sa voiture aurait été garée dans la rue du Fossé. Il aurait eu envie de manger un kébab…
Difficile de suivre toutes ses explications. Plusieurs fois, la présidente a aussi dû l’interrompre : «C’est pas très clair tout cela!Qu’est-ce que vous avez fait?» C’est alors qu’il se trouvait dans sa voiture qu’il aurait vu passer sa femme en voiture. Mais dès qu’on se rapproche du drame, cela s’arrête net.
Le pistolet 9 mm rangé dans la console centrale
Le quinquagénaire ne se rappelle pas de s’être saisi de son arme. Son arme, c’est le pistolet 9 mm qu’il rangeait près du frein à main de sa VW Golf, plus précisément dans la console centrale spécialement aménagée avec de la mousse en plastique.
La présidente n’a pas désarmé : «Chez le juge d’instruction, vous n’aviez pas d’amnésie lacunaire. Vous avez déclaré : « J’ai pris le pistolet et je suis allé chez elle. »»
«Pourquoi aviez-vous apporté une arme depuis le Monténégro», a encore tenté de creuser la présidente. Sa réponse : «Parce que j’avais peur…» Quant à la clé du garage qu’il n’avait pas rendu dans le cadre de la procédure du divorce, il a fait savoir : «Je n’avais pas récupéré mes vêtements et bijoux chez Madame.»
Suite des débats lundi après-midi.
Fabienne Armborst
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