La candidate luxembourgeoise a décroché sa place en finale au terme d’une avant-dernière épreuve électrisante.
Il fallait encore en départager dix sur les seize candidats de la demi-finale de l’Eurovision, ce jeudi soir. Et l’on parie que le vent d’allégresse qui a soufflé à l’intérieur de la St. Jakobshalle de Bâle au moment où les présentatrices, Hazel Brugger et Sandra Studer, ont déclaré Laura Thorn qualifiée, s’est fait sentir jusqu’au Grand-Duché.
«Je suis passée par toutes les émotions aujourd’hui, du rire aux larmes, hystériques ou pas», a rigolé la candidate à l’issue de la soirée, encore dans son costume de scène mais enveloppée dans un drapeau luxembourgeois.
Après le retour du pays dans la compétition l’année dernière, le résultat de la candidate, arrivée 6e, assure que le Luxembourg ne compte pas retourner dans le silence. Mieux, demain soir, la principale intéressée devra encore «monter le son» d’un cran : «Après une telle surprise, on pense que c’est fini, mais pour le jury, la finale a déjà commencé, a réagi Laura Thorn. Il faut que je fasse encore attention à ma voix et à moi-même.»
Pas le temps pour elle de faire cette fête folle qu’elle s’imaginait «si (elle) étai(t) éliminée», ni de se reposer sur le plébiscite du public – qui est le seul à voter pour les demi-finales, contrairement à la finale, où la moitié des votes sont attribués par les jurys de chaque pays. Dans tous les cas, le résultat d’hier a largement de quoi booster sa confiance.
Au milieu des quinze autres compétiteurs, la performance de la Luxembourgeoise a clairement été l’une des plus originales et complètes. Car dans ce show aux moyens techniques faramineux et réglé, c’est le cas de le dire, comme une horloge suisse, peu de ses concurrents ont osé jouer de toutes les possibilités offertes par le décor.
Incrustation 3D en début de performance, chorégraphie sophistiquée, changement de costume : Laura méritait bien douze points pour sa prestation. «Trois minutes (NDLR : sur scène par candidat), c’est court, c’est même très court. J’ai essayé d’en tirer le maximum et d’apprécier le moment», a-t-elle déclaré à la fin de la soirée.
Les autres passages remarqués ont collé à l’extravagance qui va si bien au concours, comme avec la Maltaise Miriana Conte (Serving et son refrain contagieux) et, bien sûr, la Finlandaise Erika Vikman. Son Ich Komme, avec une mise en scène plus sage qu’originellement envisagé, n’a pas moins donné «show»!
Cette deuxième demi-finale a surtout fait la part belle aux tonalités dramatiques et aux voix puissantes. Parmi celles-ci, bien peu ont été entièrement convaincantes, à l’exception notable de celles qui ont parié sur les sonorités traditionnelles de leurs pays : la Grecque Klavdia et les Lettonnes de Tatumeitas.
Dans ce sens, la qualification de la Lituanie, représentée par le groupe Katarsis, est une surprise – mais pas des meilleures, vu le peu d’originalité de leur rock tendance emo et une mise en scène quasi inexistante.
À leur place, on aurait plutôt vu ADXNIS, le Tchèque qui a pourtant mis la salle en transe avec sa ballade Kiss Kiss Goodbye, entrecoupée d’un «break» de danse, ou l’Australien Go-Jo et son remuant Milkshake Man, surmonté d’une scénographie hilarante. Tous deux ont été recalés aux portes de la finale.
Restaient enfin une poignée d’évidences : après trois minutes époustouflantes, l’Autrichien JJ (Wasted Love), chanteur lyrique qui marie son art à la techno, sera accueilli en finale comme l’un des grands favoris de l’épreuve.
Idem pour Yuval Raphael, la candidate israélienne dont la prestation a pourtant été autant applaudie que huée à l’intérieur de la salle.
On l’a compris, la concurrence sera rude en finale, mais Laura Thorn est déjà parvenue à mettre son refrain dans toutes les têtes, ou presque : c’est déjà la moitié du chemin.
Est-ce que, comme pour France Gall il y a 60 ans, nous voilà en présence d’une future gagnante luxembourgeoise qui s’ignore? Réponse samedi soir.