Les pompiers français et allemands veulent sauver l’engagement volontaire face à une directive européenne sur le temps de travail. Ils en appellent aux candidats aux élections européennes.
Les soldats du feu craignent que la réglementation européenne ne fasse disparaître les pompiers volontaires et anéantisse leur système de secours : les sapeurs-pompiers français et allemands ont interpellé mercredi les candidats aux élections européennes pour réclamer à Bruxelles une directive propre à leur activité.
En France, 80% des pompiers sont des volontaires : leur engagement bénévole, en plus de leur activité professionnelle, constitue la base du système de secours. L’Allemagne compte un million de pompiers volontaires pour seulement 50 000 professionnels. Mais cette organisation est menacée par une directive européenne qui limite le temps de travail. Adoptée en 2003 par Bruxelles, elle devait harmoniser le temps de travail en Europe pour lutter contre le dumping social, selon la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).
«On espère que le prochain Parlement aura la volonté de protéger l’Europe, les pompiers volontaires et le citoyen européen», a expliqué devant la presse, mercredi, le président de la fédération, Grégory Allione, réclamant aux candidats qu’ils soutiennent dans leurs propositions la rédaction d’une «nouvelle directive» européenne spécifiquement pensée pour les pompiers.
Car si les interventions des pompiers volontaires sont considérées comme du travail, «notre système de secours s’écroule», s’alarme Grégory Allione. Nombre de pompiers volontaires pourraient dépasser les limites du temps de travail autorisé, seraient forcés de choisir entre leur métier et leur volontariat, et finiraient par quitter les pompiers.
«Notre mandat est de sauver des vies humaines»
«Notre mandat est de sauver des vies humaines et nous devons avoir les moyens de répondre à cette demande sans être restreints dans nos actions par la réglementation européenne», a appuyé Harmut Ziebs, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers d’Allemagne.
Selon la FNSP, la directive menace le système de secours de «près de la moitié des États membres de l’UE», comme la France, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas ou la Pologne.
Le texte n’a jamais été transcrit en droit français par Paris, et la France avait même adopté une loi en 2011 pour sanctuariser le statut des pompiers volontaires. Mais une affaire en Belgique a relancé les inquiétudes en février 2018 : un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne a reconnu les astreintes d’un pompier volontaire comme du temps de travail, en invoquant cette directive. Depuis, les pompiers français et leurs homologues européens craignent que Bruxelles n’ordonne aux États membres de se mettre en conformité. En France, le ministère de l’Intérieur a assuré vouloir prendre une initiative au niveau européen pour défendre le volontariat.
AFP