Jean-Paul Duarte, président de Titus, tellement heureux de la première qualification de son club fusionné, a un peu déchanté ces derniers jours. Mais il veut y voir le positif.
Jean-Paul Duarte a fini par renoncer. Plusieurs personnes, lui ont déconseillé d’effectuer le court trajet depuis son lieu de villégiature en Algarve jusqu’à Gibraltar afin d’assister au tout premier match européen d’un club pétangeois depuis le 28 juillet 2005, et du tout premier de son Titus : on ne grimpe pas comme ça sur le rocher de Gibraltar, territoire britannique d’Outre-mer. Il faut un visa et des exemptions spéciales depuis que le gouvernement britannique impose des quarantaines drastiques à tous ceux qui veulent pénétrer sur son sol.
Le président, qui œuvre depuis cinq ans à ce grand moment, sera donc absent, collé à son téléphone et peut-être à un streaming, s’il en trouve un : « Je sais que les droits ont été achetés ». Insatisfaisant, mais depuis quelques semaines, ce 1er tour d’Europa League est une frustration permanente. Alors un regret de plus ou de moins…
Pas de langue de bois chez Jean-Paul Duarte, dont le club, qui se préparait à une grande fête se retrouve pour l’heure avec plus de déceptions que de satisfactions. Les recommandations de l’UEFA qui lui ont vite fait comprendre, avant même le tirage, qu’il ne pourrait vraisemblablement pas accueillir de public et a fortiori ses sponsors, cette affaire entre les Lincoln Red Imps et Prishtina, avec des tests positifs à la pelle et deux matches reportés, les tergiversations incroyablement longues de l’UEFA…
Ils croient quoi à l’UEFA ? Qu’on est la Juve ou le Real ?
Son plaisir est-il gâché, lui qui était encore au téléphone lundi après-midi pour verrouiller un vol vers Gibraltar… la veille du départ ? « Vous avez raison, on n’a vraiment pas de chance. On est plutôt bien organisés à Pétange mais là, c’est du bricolage et on doit juste espérer que cela n’affecte pas l’équipe. On n’a même pas eu trois jours pour tout organiser et même s’il ne devrait pas y avoir de problèmes, on attend encore deux visas pour certains de nos joueurs. Vous imaginez ? À 24h du départ ! Ils croient quoi à l’UEFA ? Qu’on est la Juve ou le Real ? Qu’on a 400 secrétaires et 200 avocats ? ».
La vie s’en serait trouvée facilitée, forcément, si Pétange avait pu avoir la chance d’accueillir ce match contre les Lincoln Red Imps, puisque le Titus sait, désormais, que c’est son adversaire. Encore que, là aussi, le comité pétangeois se serait retrouvé devant un insondable cas de conscience. Soit faire venir du public au risque de voir le délégué UEFA présent arrêter le match et prendre des sanctions au moindre petit écart de conduite des supporters, soit ouvrir l’histoire continentale du club devant les tribunes totalement vides du Galgenberg puisque c’est là que la rencontre aurait été censée se tenir.
« On en avait parlé. On voulait remercier nos sponsors, tous ces gens qui nous suivent depuis notre fusion depuis cinq ans. On aurait fait la fête, avec entrée gratuite, petits fours, etc… se désole Jean-Paul Duarte. Mais même si on passait ce tour, même si on jouait à la maison, on ne parviendra pas à le faire cette saison malheureusement. Peut-être la saison prochaine ? »
Pétange ne voit pas si loin. Gibraltar suffit à happer toutes ses pensées à l’heure actuelle. Et la suite, les monstres européens qui se trouvent derrière aussi. Là, Jean-Paul Duarte en vient à espérer que ses gars ne subiront pas de test positif à leur arrivée à Gibraltar, sinon il estime que l’UEFA « éliminera directement » son équipe, « pas comme Prishtina ».
« En fait, rigole Jean-Paul Duarte, si on se qualifie la saison prochaine et que tout est revenu à la normale, on risque de se dire que l’organisation est trop facile, qu’on a dû oublier quelque chose, ce sera bizarre. En même temps, cela nous permettra enfin de stresser pour le côté sportif… » On lui souhaite, au Titus, on lui souhaite. Parce que retrouver l’Europe dans ces conditions…
Julien Mollereau