Le Fola a jusque mercredi pour panser ses plaies et tenter de relever la tête à la maison, dans un match d’Europa League désormais sans enjeu : Genk est déjà qualifié. Mais le 5-0 de l’aller a laissé des traces…
Pascal Welter s’est un peu attaché à dédramatiser la situation. Puisqu’il est de coutume dans le Limbourg de servir une bière en conférence de presse, le directeur sportif du Fola l’a acceptée de bonne grâce. Puis il a lancé un vibrant «santé» à la face des journalistes belges venus demander à son coach, Thomas Klasen, s’il y avait un peu de déception. Souriant, le technicien l’a assuré : il n’est «pas déçu».
Difficile de trouver un juste milieu dans les rangs du club eschois, où tout le monde oscille entre réalité (Genk est bien plus fort) et ce rêve qui travaille tout footballeur qui se respecte (oui mais on aurait pu faire bien mieux). «Bien évidemment, même quand tu viens ici, le match commence quand même à 0-0 et à onze contre onze», a admis Klasen.
Goût amer pour les attaquants
Moins souriant, plus en colère rentrée, Stefano Bensi. L’attaquant en a connu, des matches comme celui-ci, avec la sélection. Ce goût amer dans la bouche, il sait ce que c’est mais ne s’y est jamais habitué. «On doit changer beaucoup de choses au niveau de la mentalité. On n’a pas assez confiance en nous. C’est ça qui fait qu’on perd 5-0. Dans n’importe quel système, tu sais que tu vas souffrir dans un match comme ça. Mais après, tout dépend de la façon dont tu agis…»
Samir Hadji passe à ce moment dans la zone mixte, pas forcément débordant de joie. Lui vient de passer tout le match seul en pointe, avec une seule occasion à se mettre sous la dent. Forcément, sa vision est différente : il aurait sans doute pris un peu plus de plaisir à être mieux soutenu, plutôt qu’à regarder la ligne de cinq, derrière, laisser sortir ponctuellement Gérard Mersch ou Mehdi Kirch. «Ce système, on l’avait juste utilisé une fois contre Dudelange. Mais il offre peu de poids devant.» Alors au retour, contre une équipe de Genk qui sera théoriquement en mode plus relax et qui va vraisemblablement laisser tourner, il appelle son staff à «jouer comme d’habitude, comme en Division nationale. On doit se faire plaisir!»
« Je savais que Genk était bon mais pas à ce point »
«On voulait se faire plaisir oui, se lamente Julien Klein. Mais là, c’est la déception qui prend le dessus. Il n’y a peut-être pas cinq buts de différence entre les deux équipes mais pourtant, c’est le niveau qui s’est reflété sur le terrain.» La différence entre un Genk qui marque sur chaque occasion et un Fola qui, lui, semble attribuer son manque de réalisme à son niveau du jour sur le mode il n’y a pas de hasard en football. On pourrait y voir un éclair de lucidité mais aussi de l’autoflagellation qui ne s’impose pas car le niveau des hommes de Philippe Clément est quand même haut perché. «Je savais qu’ils étaient bons, mais pas à ce point», reconnaît Hadji.
Dans ce contexte un peu particulier où le club doyen se pique de s’autocritiquer alors que personne ne cherche à le blâmer de ses petits errements à un tel niveau de compétition, c’est bien Thomas Klasen, qui doit déjà penser à la suite (c’est-à-dire la reprise en DN), qui s’occupe de ramener tout le monde à la surface. Inébranlable et à raison, lui positive dans tous les sens : «On a montré du caractère. Il faut être costaud pour ne pas couler dans ce contexte. Et en deuxième période, on ne prend qu’un but sur penalty.»
Trois buts sur phase arrêtée
Une fois les micros éteints, Pascal Welter pointe même du doigt que, finalement, le Fola encaisse trois des cinq buts sur phase arrêtée. «On apprend, tranche Klasen. On était aussi là pour ça, pour apprendre.» Dans un peu plus d’une semaine, le vrai climax de ce début de saison pointe déjà le bout de son nez. Le derby eschois. C’est vers cela plus que vers le match retour que les Folamen doivent désormais regarder. «Oui mais il y a un peu de honte là, assène capitaine Klein. Alors ce retour, on va quand même le jouer pour laver l’affront. Peu importe quelle équipe Genk met sur le terrain. À nous d’être un peu plus malins.»
Voilà la promesse d’un combat qui, mercredi, n’aura plus la moindre influence sur l’issue de la double confrontation, mais qui méritera d’être vu. Le Fola y posera peut-être les bases de toute sa saison.
Julien Mollereau