Le jeune attaquant de 17 ans Issa Bah, arrivé cet été de Hamm, a surgi quelques secondes après sa montée au jeu pour qualifier jeudi contre Cork (1-2) un Progrès jusque-là bien pâle et nerveux.
Il saute sur place, chante à tue-tête, tape dans ses mains. Regardant à gauche à droite, avec un sourire rêveur sur les lèvres. Comme un enfant qui voit la fête foraine pour la première fois. En même temps, c’est normal, Issa Bah n’a que 17 ans. Et jeudi, c’était un peu sa soirée. Celle dont il a été le héros. Son équipe du Progrès est menée 0-2, rejointe donc sur l’ensemble des deux manches par son adversaire irlandais, lorsque Roland Vrabec décide de le faire monter au jeu alors que l’heure de jeu vient d’être passée.
«Ce que m’a dit le coach au moment du changement ? ‘Issa, tu rentres et tu marques !’ C’est tout», souriait Issa Bah. Et une minute trente plus tard, c’était fait ! Le temps pour Sébastien Thill de placer une frappe des 20 mètres, pour le gardien de la dévier sur son côté gauche et pour Bah de placer une incroyable fusée en lucarne !
«J’en ai pleuré»
«C’était juste… spectaculaire», lançait Bah, des étoiles toujours plein les yeux. «L’émotion m’a pris directement. Marquer ainsi, dans de telles circonstances, avec mes parents dans les tribunes, c’était beaucoup d’émotion. Trop même. J’en ai pleuré directement. Je n’ai pas pu retenir mes larmes. C’est le destin, c’est Dieu !»
C’était aussi un peu l’insouciance qu’on a quand on a 17 ans. Car pour marquer un tel but, réussir une telle reprise, alors que son équipe est au plus mal, il faut soit avoir un grand talent, soit ne pas penser aux conséquences. Et dans le cas d’Issa Bah, c’est sans doute un peu les deux. Ce n’est pas pour rien que Thomas Gilgemann est allé le chercher cet été au Hamm Benfica, là où Dan Santos le couvait. «C’est un gamin qu’on a pris parce qu’on savait que même à 17 ans il pouvait déjà bousculer la hiérarchie dans le groupe. Il a cette fougue et le talent pour», glissait tout sourire le directeur du Progrès. Un talent dont le Luxembourg pourrait bientôt profiter. Car le Guinéen, qui évolue déjà avec nos U19, compte demander la nationalité en 2020, lorsqu’il aura passé cinq ans sur le territoire. Pour l’heure, il est sans doute plus un joker comme il l’a montré hier qu’un titulaire comme il l’avait été face à Cardiff au tour précédent. Mais encore une fois, il n’a que 17 ans…
Le scénario tant redouté
Mais si le Progrès a eu besoin d’un héros, c’est parce qu’il était alors bien mal embarqué.
S’il y avait un scénario auquel il voulait absolument échapper à tout prix après sa victoire 0-2 à Cork City lors du match aller, c’est bien celui d’un but irlandais rapide. Et c’est évidemment ce qui est arrivé au Parc des Sports. Le tableau d’affichage n’indiquait pas encore trois minutes de jeu qu’une magnifique volée signée Buckley finissait sa course en pleine lucarne. Ce qui plongeait le camp local en pleine stupeur et provoquait les cris de joie de la part de supporters irlandais qui n’avaient pas forcément besoin de ça pour mettre l’ambiance.
Cette entame assez catastrophique a forcément influencé la suite d’une rencontre où l’équipe niederkornoise apparaissait bien pâle. Nerveuse aussi. Ce que son entame de match n’avait évidemment pas arrangé. C’était brouillon devant, pas assez mordant derrière. À l’image d’un Aldin Skenderovic qui en voyait de toutes les couleurs avec l’attaquant des Verts, Karl Sheppard. Sans parler du déchet, des fautes techniques en tout genre.
Pourtant, en face, cela n’avait rien de foudres de guerre. Pourtant, les Buckley et autres Morrissey faisaient un peu la musique au milieu du terrain. Ils répétaient à merveille leurs gammes faites de jeu long, de duels… Et puis arrivait le début de la deuxième période et un second but encaissé dès les premières secondes. Une tête de McCarthy faisait mouche via le poteau alors qu’on n’avait pas repris depuis 90 secondes. Revenu à égalité sur l’ensemble des deux manches, Cork City baissait alors un peu de pied, alors que les Niederkornois, eux, mettaient le nez à la fenêtre via quelques frappes lointaines. Et c’est justement sur l’une d’elles que le héros du jour allait donc surgir…
Julien Carette