Thomas Klasen a estimé que c’était quasiment «mission impossible». En Belgique, ce jeudi soir, le Fola Esch va devoir se frotter à un monstrueux club formateur.
Il faut avoir la foi, une foi inébranlable même, pour croire en un exploit ce soir. Il serait plutôt du genre de celui qu’a accompli le F91 en éliminant Salzbourg en 2012 que celui du Progrès face aux Rangers l’été dernier.
Mercredi soir, alors que la température commençait enfin à tomber un peu sur le Limbourg, écrasé jusque-là par une étouffante canicule qui jaunit toutes les pelouses alentour à l’exception de celle de la Luminus Arena, les joueurs de Thomas Klasen se sont ébroués gentiment sur ce terrain qui a enfanté Kevin De Bruyn et Thibaut Courtois, piliers des Diables Rouges tout proches d’un sacre mondial en Russie.
Le KRC Genk n’est pas qu’un nom, c’est aussi une adresse. Un endroit où l’on a contribué à former l’élite du football mondial d’aujourd’hui, une place forte du Royaume de Belgique où l’on ne pénètre que sur le bout des crampons, dans un respect compris par les seuls initiés. On n’est pas n’importe où, ici.
«Mettre un cierge à l’église»
Avant d’embarquer pour ce déplacement un peu spécial, Gilbert Goergen, vice-président du club eschois, a croisé une habituée du Galgenberg, qui lui a avoué en riant, toute athée qu’elle est, qu’elle ira «mettre un cierge à l’église» si jamais le Fola passe ce tour-là. Tout était dit. Normalement, le parcours des hommes de Thomas Klasen s’arrête là. Théoriquement, dès demain au coup de sifflet final.
Il serait inconcevable pour tous les suiveurs de la Jupiler Proleague, que le Fola n’explose pas dès l’aller contre l’équipe de l’inspiré Philippe Clément, qui vient d’en passer quatre en amical à l’Olympiakos.
Ce n’est pas rien, ça vous situe un degré de difficulté largement au-dessus de la moyenne. Dieumerci Ndongala, qui nous a accordé une interview exclusive (lire ci-dessous), nous l’a garanti sans sourciller, l’avenir de son club, cette saison, c’est la phase poules de l’Europa League et au minimum le play-off titre en Belgique.
Il a quand même fallu digérer Pristina
Entretemps, le Fola a dû digérer sa qualification. Les joueurs ont eu du mal à comprendre, depuis jeudi soir et leur exploit à Mitrovica au bout d’une longue séance de tirs au but, qu’on puisse les attaquer sur la qualité de leur prestation.
Ils ont sans doute raison : peut-on leur reprocher la manière dont ils ont joué quand ils passent un tour d’Europa League? Vu de l’équipe, forcément non puisque Pristina, ses joueurs professionnels, ses supporters plutôt bruyants, son terrain pourri, son besoin presque impérieux de passer le tour pour aller gratter quelques centaines de milliers d’euros qui auraient bien fait ses affaires, n’étaient pas négligeables.
Vu de l’extérieur… on attend quelque chose de grand. Face à Genk, cela ne veut pas dire passer le tour. Seulement renouer avec une certaine idée du football qui est celle du club, quel que soit l’adversaire. Même si c’est pour la beauté du geste.
Après tout, c’est le groupe dans son entièreté qui s’avoue déçu de sa double performance face à Pristina. Ils en ont non seulement les moyens, mais aussi la carrure. Après tout le Fola, lui, a accouché de Laurent Jans. À son échelle, c’est une réponse raisonnable à ce que lui oppose le monstre en face de lui.
Julien Mollereau