Avant de devenir cet hiver le représentant de CR7, Ricardo Regufe a été l’ami et équipier du coach dudelangeois Carlos Fangueiro, dans leur ville natale de Matosinhos.
C’est une théorie quasi centenaire, mais qui a, comme beaucoup d’autres choses, été bousculée par les usages modernes. Alors que l’écrivain, poète, dramaturge et journaliste hongrois Frigyes Karinthy avait établi en 1929 qu’il ne fallait jamais plus de six personnes pour relier deux habitants de cette planète, créant ainsi la théorie des six degrés de séparation (ou des six poignées de mains), ce chiffre a été estimé sur Facebook à 4,74 en 2011, puis 3,5 en 2016.
Cette diminution a évidemment pour explication le développement des réseaux sociaux, mais Carlos Fangueiro y est aussi peut-être un peu pour quelque chose. Un seul degré sépare en effet l’entraîneur dudelangeois de son compatriote Cristiano Ronaldo, et ce degré a un nom désormais célébrissime sur la planète foot : Ricardo Regufe, 43 ans, cheville ouvrière de la signature de CR7 à Al-Nassr (Arabie saoudite) cet hiver et nouveau représentant officiel du Portugais.
Historiquement dévolu au Lusitanien Jorge Mendes, qui compte plus de Globe Soccer du meilleur agent (9) que Ronaldo ne possède de Ballon d’or (5), ce rôle est revenu à Regufe après l’échec de Mendes à trouver une porte de sortie à la mesure de son poulain l’été dernier, lorsqu’il cherchait à quitter Manchester United.
Un duo sur et en dehors du terrain
Une promotion dans la logique des choses si l’on sait que Ricardo Regufe, qui a fait sa connaissance au début des années 2000 lorsqu’il était le représentant de la marque Nike au Portugal et en Espagne, est au fil du temps devenu un proche ami de Ronaldo et, en 2018, le manager personnel et le conseiller de l’international portugais (197 sélections, 122 buts), en particulier sur des questions d’ordre commercial ou patrimonial.
Avant cela, Regufe a été un honnête joueur de football, un attaquant «très rapide, bon dans la profondeur», se souvient Carlos Fangueiro, qui est né et a grandi comme lui à Matosinhos, station balnéaire de 175 000 âmes appartenant à la région du Grand Porto, et l’a côtoyé au Leixões Sport Club, le club de la ville, aujourd’hui 13e de Liga Pro, la D2 locale, après avoir notamment évolué trois saisons dans l’élite, entre 2007 et 2010.
«Je l’ai connu quand j’avais 10 ans, lui en avait 9, rembobine le coach du F91. Comme on a un an d’écart et que les catégories d’âge sont sur deux ans, on jouait dans la même équipe une saison sur deux.» Fangueiro sur l’aile droite, Regufe en pointe. Mais plus encore que sur le terrain, dont le second s’est éloigné lorsque l’opportunité Nike s’est présentée, au sortir d’un prêt en D3 portugaise, c’est en dehors que les deux hommes, qui ont aussi fréquenté les mêmes écoles, ont développé une forte complicité.
«C’est quelqu’un qui a toujours le sourire et te fait sourire, qui donne toujours envie d’être avec lui, dépeint Fangueiro. Avec lui, on noue une amitié facilement. À Leixões (où Carlos Fangueiro a été formé puis est revenu en janvier 2011, pour une pige d’un an qui a précédé son arrivée à Bissen), on avait un groupe soudé. On faisait beaucoup de repas ensemble, énormément de restos, on pouvait parler foot pendant des heures…»
«Cristiano a besoin de gens comme lui»
Fangueiro étant «focus sur le foot» et Regufe bourlinguant à travers la péninsule ibérique pour les besoins de la marque à la virgule, de tels gueuletons se sont moins reproduits par la suite. Mais cela n’a jamais empêché Regufe de régaler régulièrement de chaussures à crampons son aîné, ni les deux hommes, qui se retrouveront dimanche au stade, de continuer d’échanger sur… les réseaux sociaux.
«Il a sa vie, j’ai la mienne, mais on s’envoie parfois des messages ou on se laisse des commentaires sur les photos», poursuit Carlos Fangueiro qui, une dizaine d’années après l’avoir affronté deux fois avec le Vitoria Guimarães en 2002/2003, quand Cristiano débutait avec l’équipe première du Sporting, a recroisé le quintuple Ballon d’or au Luxembourg lors d’une des venues de la sélection lusitanienne. Ricardo Regufe n’était évidemment pas loin, déjà.
«Ensemble, ils ont une amitié énorme, assure l’entraîneur dudelangeois, qui sera présent en bord de pelouse dimanche au stade de Luxembourg, en qualité de consultant pour la chaîne de télévision portugaise qui retransmettra la rencontre au pays. Ce n’est pas surprenant : Ricardo est un gars magnifique, fidèle, et Cristiano a besoin de gens comme ça près de lui.» Et la Seleção a toujours besoin de Cristiano, si l’on en croit la rencontre de jeudi face au Liechtenstein, où un CR7 titulaire a planté un doublé et fait tomber plusieurs nouveaux records.