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État palestinien : Bettel veut trancher avant la fin 2024


Les pétitionnaires réclamant une reconnaissance de la Palestine par le Luxembourg ont fait face, hier, aux députés et au ministre Xavier Bettel.  (Photo : julien garroy)

Le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, s’est engagé à présenter d’ici à décembre une solution pour la reconnaissance par le Luxembourg d’un État palestinien. En attendant, il mise toujours sur la formation d’une alliance internationale ayant plus de poids.

La pétition ayant récolté, en cinq jours à peine, un total de plus de 5 300 signatures n’a pas suffi à faire changer le gouvernement d’avis. «Reconnaître aujourd’hui l’État ne va en rien aider les Palestiniens. La femme qui tente de survivre à Rafah n’a pas besoin d’une reconnaissance, mais d’un cessez-le-feu. Je demande à la Chambre de donner au gouvernement le temps de pouvoir choisir le moment opportun. Cela peut être très rapide», argumente le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel (DP). «Je m’engage toutefois ici devant vous à vous redonner rendez-vous si nous remarquons lors des prochains mois que le processus souhaité ne se concrétise pas», ajoute-t-il.

Sur le site de la Chambre est évoqué une «solution à la luxembourgeoise» que le chef de la diplomatie luxembourgeoise est censé présenter avant la fin de l’année aux députés. Xavier Bettel ne désespère toutefois pas de pouvoir former une alliance internationale plus large afin de donner plus de poids à une reconnaissance de l’État palestinien. «Pour nous, il est important de parvenir à une dynamique qui puisse avoir un réel impact. J’ai mené des pourparlers lors de mon récent voyage au Japon. Je vais en faire de même lors de mon prochain déplacement en Corée du Sud. Des discussions sont aussi en cours avec la Belgique, la France et d’autres pays», résume le ministre (lire également ci-contre).

«Une mesure de protection»

En même temps, Xavier Bettel signale le risque qu’une reconnaissance ne «pénalise» le peuple palestinien. «La symbolique a aussi son importance, mais la conclusion est que la récente reconnaissance de la Norvège a eu peur conséquence qu’Israël prive les Palestiniens des recettes fiscales qui ont jusqu’à présent transité par la Norvège», fait-il remarquer (lire ci-dessous).

L’ensemble de cette argumentation n’a en rien convaincu les pétitionnaires qui ont pu débattre, hier matin, avec les députés et le ministre des Affaires étrangères. «La reconnaissance d’un État palestinien n’est pas seulement une décision politique. Elle n’est de loin pas uniquement symbolique. Il s’agit d’une mesure de protection pour le peuple palestinien. Il faut sauver son autodétermination et sa souveraineté avant qu’il ne soit trop tard», souligne Halid Karajbic.

Étaient à la fois présents Dalia Khader, une Palestinienne de naissance, et Martine Kleinberg, qui en tant que juive et membre du collectif «Jewish Call for peace», a tenu à mettre au clair le fait que «soutenir un État palestinien n’est ni antisémite ni anti-israélien». «En tant que Palestiniens, nous voulons enfin avoir le droit de construire notre propre État. La reconnaissance est un devoir moral qui constitue un premier pas dans ce sens», clame la première.

L’argument selon lequel une reconnaissance, à la suite du massacre commis le 7 octobre dernier par le Hamas, constituerait une «récompense» pour le groupe terroriste n’est également pas valable aux yeux des pétitionnaires. «Cet argument est dénué de sens, car le peuple palestinien a tout simplement le droit d’exister. Aucun événement ne peut remettre en cause ce droit», tranche Halid Karajbic. Il ajoute que la non-action ferait perdre à des millions de musulmans la confiance dans la politique menée par les pays occidentaux.

Le Luxembourg est-il déjà allé plus loin?

Au-delà des plaidoyers émotionnels, le professeur François Dubuisson, expert en droit humanitaire à l’université libre de Bruxelles, invité par les pétitionnaires, est venu livrer une argumentation plus juridique. Sa conclusion : «La reconnaissance de la Palestine n’est qu’un petit pas, mais serait en pleine cohérence avec la politique étrangère du Luxembourg.» Il rappelle dans ce contexte que le Grand-Duché «admet déjà sur la scène internationale que la Palestine est un État», en ayant notamment voté en faveur de l’admission de la Palestine parmi les États membres de l’Unesco et du statut d’État observateur à l’ONU.

Lors de la séance de questions-réponses, hier, les élus du LSAP, de déi gréng et de déi Lénk ont une nouvelle fois affirmé leur soutien à la reconnaissance immédiate de la Palestine comme État indépendant. Le DP s’est rallié à la position de son ministre des Affaires étrangères tandis que les représentants du CSV, de l’ADR et du Parti pirate ne sont pas intervenus.

Le coeur de l’Europe
n’a pas encore dit oui

Entretemps, 147 États des 193 pays membres de l’ONU – en plus du Vatican – ont officiellement reconnu la Palestine (75 %). Il manque en Europe encore le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, l’Italie, la Grèce, le Danemark et, donc, le Luxembourg.

Courant mai et juin, l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie se sont jointes à la liste des pays reconnaissant l’État palestinien.

Parmi les autres pays manquant à l’appel figurent les États-Unis, le Canada, le Japon, la Corée du Sud ou l’Australie.

Malgré les réticences, un acte fort a été posé, le 10 mai dernier, par l’Assemblée générale de l’ONU. Une résolution en faveur de l’admission de l’État de Palestine en tant que membre de plein droit a obtenu le soutien de 143 pays ayant voté pour, opposé aux 9 voix contre (Argentine, États-Unis, Hongrie, Israël, Micronésie, Nauru, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée et République tchèque) et 25 abstentions. Le Luxembourg a voté en faveur de cette résolution.

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