La prévenue n’était pas dentiste, mais une menteuse, selon les témoins du procès auquel elle ne s’est pas présentée. Elle est notamment accusée d’avoir arnaqué son ancien employeur.
«Priscilla a envoyé un mail au parquet hier soir pour prévenir de son absence. Elle l’informe que son bébé est malade, qu’elle n’a personne pour s’en occuper et qu’elle ne pourra pas se présenter devant vous», annonce la représentante du ministère public à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg en début d’audience.
Vraie excuse ou nouveau mensonge? La jeune femme est décrite par tous ceux qui ont croisé sa route comme une menteuse et son procès n’en serait pas à sa première remise. «Elle a menti sur toute sa vie», témoigne un de ses anciens employeurs. «Elle avait toujours de drôles d’excuses», ajoute la propriétaire de son ancien logement.
«Elle a toujours de bonnes excuses et beaucoup d’histoires à raconter. À force, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas», enchérit la parquetière qui a qualifié Priscilla «d’escroc professionnel» avant de requérir une peine de 18 mois de prison ainsi qu’une amende appropriée à l’encontre de la jeune femme jugée par défaut pour faux et usage de faux et vol domestique dans le cabinet dentaire où elle travaillait, ainsi qu’auprès de sa propriétaire.
«Je l’avais embauchée en tant qu’assistante hygiéniste pendant quatre mois», s’est souvenu son ancien employeur qui a très vite déchanté. «Elle empruntait de l’argent à tout le monde. (…) J’ai eu des échos selon lesquels elle vendait des objets, comme des brosses à dents, dans le secret de la consultation.»
Le médecin dentiste remarque également que de l’argent manque dans la caisse. «Je n’ai pas de preuves que c’était elle, mais en 25 ans de centre médico-dentaire, il n’y avait jamais eu de vol. Les vols ont commencé quand Priscilla est arrivée.»
Il décide de garder son employée à l’œil jusqu’au jour où «j’ai été contacté par un agent immobilier qui m’a dit qu’elle ne payait pas son loyer alors qu’elle prétendait pourtant gagner 12 000 euros par mois». Le lendemain de cet appel téléphonique, le témoin est contacté par la banque de la prévenue qui souhaite comprendre d’où vient la différence entre le salaire inscrit sur sa feuille d’impôts et celui de sa fiche de salaire. «Je l’ai immédiatement convoquée et je l’ai confrontée à tout», poursuit le témoin. «Elle est restée de marbre, a nié jusqu’au bout, avant de prendre ses affaires et de partir.»
Dans un souci de collégialité, le médecin prévient ses collègues dentistes «pour qu’ils se méfient». «Dans la journée, j’ai reçu des messages de sept ou huit cabinets dans lesquels elle avait fait la même chose.»
«Elle n’avait jamais le temps»
Priscilla ne mentait visiblement pas qu’à ses employeurs. Elle aurait également menti à la propriétaire du logement qu’elle venait de louer. Et surtout, elle n’aurait payé aucun des loyers dus pendant six mois à partir de mars 2021. «Quand je la contactais, elle me répondait qu’elle était en formation, en rendez-vous avec des patients ou qu’elle venait de se faire agresser et elle n’avait jamais le temps de m’écouter», explique la propriétaire à la barre. Le témoin a contacté le cabinet dentaire et a déchanté quand elle a appris que Priscilla n’était pas dentiste et ne gagnait pas le salaire annoncé.
«J’ai entamé une procédure de déguerpissement de mon appartement au mois d’août. Elle est partie en emportant toutes les clés et en laissant une fenêtre brisée», ajoute la quinquagénaire qui s’est constituée partie civile et a réclamé la somme de 10 800 euros en guise de dédommagement pour les dommages matériels subis. «Le contrat de travail et les fiches de salaire qu’elle m’avait présentés étaient évidemment des faux.»
Le prononcé est fixé au 14 mars prochain.