Joséphine est accusée d’avoir sous-loué un appartement qu’elle n’occupait plus et qui s’est avéré être insalubre. Son «colocataire» a découvert l’escroquerie en rentrant de vacances.
Les colocations ont le vent en poupe depuis quelques années au Luxembourg. Elles sont un moyen facile et économique de se loger pour les jeunes travailleurs. Encore faut-il que la situation n’échappe pas au propriétaire ou qu’un locataire ne se lance pas dans la colocation à son insu.
Cette mésaventure est arrivée à la propriétaire d’un appartement situé à Remich, qu’elle louait à Joséphine depuis 2017. La quadragénaire devait déménager en janvier 2021, mais aurait plié bagage dès juin 2020 avec quelques loyers de retard sans prévenir sa propriétaire.
Et pour cause. Joséphine est, entre autres, accusée d’avoir sous-loué l’appartement à Francisco, rencontré sur un réseau social, à partir de juillet 2020. Elle aurait cependant présenté les choses différemment au jeune homme d’origine portugaise. Selon un enquêteur de la police judiciaire, elle lui avait promis une colocation et de mettre le bail à son nom quand elle quitterait l’appartement six mois plus tard.
La prévenue avait également omis de lui dire que l’appartement avait été déclaré insalubre par le ministère de la Santé à la suite d’une procédure qu’elle avait elle-même engagée. Jacques Sitz, le bourgmestre de Remich de l’époque, avait pris la décision de fermer l’appartement le 30 août 2020.
Joséphine n’y habitait déjà plus et Francisco, dont personne ne savait qu’il y avait élu domicile, était en vacances au Portugal. À son retour au mois de septembre, le jeune homme va trouver porte close. C’est l’incompréhension. Ses affaires personnelles étant encore à l’intérieur, il prévient la police et porte plainte en décembre 2020 contre Joséphine, qui ne coopère pas avec les agents.
«Elle n’a jamais répondu à nos convocations», témoigne l’enquêteur à la barre de la 12ᵉ chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin. «Une fois, elle nous a transmis un certificat de maladie du CHL qui avait été falsifié pour être prolongé de deux mois. Ensuite, elle est venue sans avocat et, une autre fois, elle a prétexté que le traducteur ne parlait pas le même flamand qu’elle.»
Une locataire «très perturbée»
Vendredi, comme lors d’un premier procès en juillet dernier à l’issue duquel elle avait été condamnée par défaut, Joséphine n’était pas présente à l’audience pour des raisons médicales. Elle était cette fois représentée par un avocat qui a affirmé qu’elle maintenait ses déclarations faites à la police et au juge d’instruction.
«Elle était très perturbée au moment des faits. Elle venait d’accoucher d’un enfant mort-né et son couple battait de l’aile depuis», explique l’avocat, qui met en avant cette circonstance atténuante. «Elle admet ne pas avoir été très honnête envers Francisco.»
Joséphine est accusée d’escroquerie, de faux et usage de faux ainsi que de vol simple par le parquet, qui requiert contre elle une peine de 12 mois de prison et une amende de 2 000 euros. Sa représentante ne s’est pas opposée à un sursis, mais a souligné «l’énergie criminelle» de la quadragénaire qui a, selon elle, «sous-loué l’appartement en toute connaissance de cause», puisqu’elle avait quitté les lieux au mois de juin en connaissant son insalubrité.
L’avocat de la prévenue a cependant assuré que sa cliente a vécu quelque temps avec Francisco dans l’appartement avant de déménager et qu’elle n’aurait été prévenue qu’au mois d’août de la décision de le fermer et de faire déguerpir ses habitants. Elle aurait voulu aider le jeune homme, qui avait besoin d’un toit rapidement, et il essayerait à présent «de la faire passer pour une voleuse».
Francisco s’est porté partie civile. Il réclame près de 9 000 euros à Joséphine pour notamment des avances sur loyer et pour remplacer les effets personnels disparus après la fermeture de l’appartement.
«Francisco était prêt à remettre l’appartement en état pour avoir un toit. Il aurait dû savoir qu’il ne figurait pas sur le bail et qu’en ce sens, il s’exposait à un risque», avance l’avocat, qui plaide l’acquittement de sa cliente de l’infraction de vol simple et demande au tribunal de «ramener la demande de la partie civile à de plus justes proportions».
Quant à la peine, il prie le tribunal de ne pas condamner Joséphine à une peine trop haute qui dépasserait les douze mois et de prononcer une amende adaptée à l’allocation pour personne handicapée qu’elle perçoit.
Le prononcé est fixé au 23 novembre.