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Escroquerie aux bouteilles consignées : des salariées piquaient à Cactus


Le défense reproche au parquet d’avoir basé son réquisitoire sur une enquête privée menée par Cactus. (Photo : archives lq)

L’arnaque était simple, mais à trop abuser, Nadia et Alina ont fini par se faire repérer. Elles simulaient des vidanges consignées et encaissaient ces bons dans les magasins Cactus.

Dans la salle de pause, des collègues parlaient des tickets de vidange à encaisser et expliquaient comment s’y prendre», rapporte Nadia, ancienne salariée du groupe Cactus, à qui ces discussions ont donné des idées pour arrondir ses fins de mois sur le dos de son employeur.

L’arnaque était simple, il suffisait d’imprimer des tickets de vidange de bouteilles consignées, de les empocher et de les utiliser par la suite pour payer les courses dans les magasins de son employeur.

Entre le 27 mai et le 8 août 2022, la jeune femme de 27 ans et son ex-mari sont accusés d’avoir fait encaisser ces tickets de vidange imprimés à Mersch dans des supermarchés du groupe aux quatre coins du Luxembourg. Les points que leur rapportaient les achats effectués étaient enregistrés sur une carte de client Cactus créée sous un faux nom.

Le responsable de la sécurité et de la cellule fraude du groupe de supermarchés a expliqué vendredi matin à la barre de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg que la remise de vidanges consignées n’était pas automatisée dans le magasin de Mersch.

Les employés établissaient les tickets qu’ils remettaient aux clients venus déposer des bouteilles, sur une caisse à compte unique. Une procédure qui a facilité l’escroquerie reprochée à Nadia ainsi qu’à Alina, une de ses anciennes collègues. Au total, elles auraient imprimé 175 tickets pour une valeur globale de 12 485 euros.

«J’ai eu peur d’être découverte»

Un chiffre contesté par les deux jeunes femmes. «Je n’ai pas utilisé les tickets que j’ai imprimés. J’en ai remis une partie à la police et jeté une autre», explique Alina d’une toute petite voix. «Pourquoi les avoir imprimés si c’était pour au final ne pas les utiliser?», lui demande le président. «J’ai eu peur d’être découverte. Je n’en ai utilisé qu’un ou deux sur la vingtaine que j’avais imprimée», répond la jeune femme. Comme Nadia et Ilias, elle est accusée de faux et usage de faux ainsi que d’escroquerie.

Ilias n’a pas imprimé lui-même de tickets, mais il en a utilisé «une dizaine à hauteur de 300 euros». « Je n’étais pas au courant de leur provenance», se défend-il. «Nadia m’avait dit qu’il s’agissait de tickets oubliés par les clients. Je pensais qu’il s’agissait d’avantages en nature.»

«Dans l’hypothèse où un client oublierait effectivement un ticket de vidange, les employés ne sont pas autorisés à les utiliser», précise le responsable de la sécurité du groupe qui s’est porté partie civile et réclame le remboursement des 12 485 euros ainsi que 22 945 euros en guise de dommage moral.

Une enquête privée

Une partie civile qui passe mal auprès des avocats des trois prévenus. «Cactus a-t-il souffert moralement? Permettez-moi d’en douter», a lancé l’avocat d’Alina. «La partie civile a établi elle-même les décomptes qui aboutissent à la somme réclamée. Ce n’est pas une pièce à conviction dans un dossier répressif», reproche l’avocat d’Ilias, emboîtant le pas à celui de Nadia qui avait regretté l’absence de travail policier : «Le dossier est uniquement constitué sur base d’une enquête privée réalisée par Cactus. Rien n’a été vérifié par la police.»

Comment, dès lors, être certain que les 175 tickets ont tous bien été imprimés par les deux jeunes femmes et que les 12 485 euros ont été frauduleusement perçus par les prévenus, s’interroge le trio d’avocats. L’avocate de Nadia note que «des employés saisonniers ont également pu en imprimer et les écouler dans d’autres magasins du groupe».

Si les avocats sont d’accord pour répartir la somme à rembourser en fonction des tickets encaissés par les trois protagonistes, ils demandent à Cactus et au parquet de prouver combien ils en ont chacun effectivement encaissé. Ce qui ne serait, selon eux, pas chose aisée au regard des tableaux présentés par Cactus.

La représentante du parquet a rétorqué qu’en matière pénale, «la preuve est libre et peut être rapportée par le plaignant» après avoir requis une peine de 12 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de chacun des trois prévenus.

Les avocats des jeunes femmes en aveux ont plaidé en faveur d’une suspension du prononcé et subsidiairement d’une peine de travail d’intérêt général ou du sursis intégral afin de ne pas les pénaliser dans leur vie actuelle.

L’avocat d’Ilias a plaidé son acquittement sur toute la ligne. Son client aurait utilisé les tickets de vidange en toute bonne foi. «Il peut tout au plus être accusé d’usage de faux.»

Le prononcé est fixé au 14 mars.

Un commentaire

  1. Ces sociétés multi milliardaires du grand capital mafieux qui plaident le tort moral à l’encontre des gueux ! Faut pas piquer sur le dos des hérissons les petits ,pour eux c’est légal ,pour nous c’est le bagne assuré comme dans les misérables de Hugo ..