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Esch-Sur-Sûre : les enfants aussi ont droit à leur café


Le café Schoki se déroule le samedi après midi, au 5 rue de l'Église à Esch-sur-Sûre, grâce à l'initiative d'une habitante (Photo : Didier Sylvestre).

Afin de permettre aux enfants de faire des activités et de se rencontrer, une habitante de la commune a eu l’idée d’ouvrir un café qui leur est dédié, le Schoki.

La musique des djembés résonne dans la petite rue de l’Église, située en contrebas du château d’Esch-sur-Sûre. Quelques enfants, entraînés par le musicien Mohamed Soumah, enchaînent les rythmes pour le plus grand plaisir des touristes.
Tous participent à un atelier de djembé organisé au Schoki, un café pour les enfants ouvert depuis février par Pascale Zaourou, une Eschoise de 43 ans bourrée d’énergie et d’idées.
«Lorsque je suis arrivée dans la commune d’Esch-sur-Sûre, il y a environ quatre ans, j’ai constaté qu’il n’y avait pas beaucoup d’activités dans le village pour les enfants, ni même simplement la possibilité de les faire tous se rencontrer, sans qu’il n’y ait de clans, ou de faire se rencontrer les adultes autrement qu’en déposant les enfants à l’école», explique Pascale.
Elle décide donc de mettre en place le Schoki, concept qui lui a été inspiré par le Cafézoïde, un café pour les enfants et leur famille dans le 19e arrondissement à Paris, où elle a vécu.
«Le sourire d’un enfant est créateur de lien», explique Pascale, elle-même maman de trois enfants.

Pascale Zuanou, l'instigatrice du café des enfants, en train de distribuer du gâteau aux participants (Photo : Didier Sylvestre).

Pascale Zaourou, l’instigatrice du café des enfants, en train de distribuer du gâteau aux participants (Photo : Didier Sylvestre).

Elle ouvre la porte de sa maison, à défaut d’une salle
Prudente, elle fait d’abord une étude de marché. «Sur 57 familles, 54 étaient intéressées!»
Au vu des retours positifs, Pascale contacte alors la commune pour obtenir une salle, mais celle-ci lui répond par la négative. Qu’à cela ne tienne, ce sera chez elle! Le Schoki occupe donc le rez-de-chaussée de la maison de Pascale, repeint de couleurs vives et agrémenté d’une petite bibliothèque, de jouets et d’un baby-foot. Un voisin brocanteur lui propose des meubles, notamment de grandes tables, synonymes de convivialité.
Pascale commence par organiser des ateliers de pâtisserie, domaine dans lequel elle possède une formation.
«Il y avait toujours du monde qui souhaitait participer. On a donc introduit du bricolage DIY, sur le thème du recyclage. Les enfants ont là encore répondu présents. Puis certains parents ont commencé à regretter de ne pas pouvoir se joindre aux différents ateliers!»
Pascale Zaourou décide donc d’ouvrir les ateliers et le café aux adultes. On n’est pas obligé d’avoir des enfants pour s’inscrire à un atelier, venir boire un jus de fruits ou déguster l’un des gâteaux faits maison, «mais si on est allergique aux enfants, ce n’est pas la peine de venir! Ils restent le cœur du concept, il y a déjà suffisamment de lieux où ils n’ont pas accès!», prévient Pascale en riant.

Plus qu’un café, une mission sociale
Le Schoki propose aussi des ateliers couture, ouverts aux enfants dès l’âge de sept ans. Dans un esprit écoresponsable, les participants y apprennent à manier le fil et l’aiguille pour créer des pochettes ou personnaliser des vêtements.
Pour Pascale, le Schoki, monté en association, possède une véritable mission sociale : le café et ses ateliers sont finalement un prétexte pour se retrouver, échanger et apprendre, quelle que soit son origine ou sa culture. «Il y a une famille de réfugiés juste à côté d’ici. La maman est venue au Schoki, et au fil des discussions, elle a appris à utiliser les transports en commun ou faire ses courses dans le coin. Et parmi les enfants en train de jouer au djembé, il y a une Syrienne, un Irakien, des Belges… Il n’y a pas de barrières.»
Pascale, qui fourmille d’idées, ne compte toutefois pas se reposer sur ses lauriers. Elle envisage de proposer sous peu toute une série d’ateliers dédiés au bien-être, tels que des massages assis ou du yoga. «Les enfants aussi peuvent être stressés!»
Et puis, à l’avenir, pourquoi pas faire du Schoki un lieu d’échange de parole sur la vie de la commune, sur des thèmes de société…
On se demande comment cette mère de famille, éducatrice de profession (métier qu’elle continue d’exercer), qui travaille par ailleurs à la création d’un réseau d’échange de services entre particuliers, trouve la force de tout mener de front.
«Je n’ai besoin que de cinq heures de sommeil la nuit, ce qui me libère du temps. En Afrique, on a aussi un proverbe qui dit : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin! » Je ne suis pas seule. Puis, de par mon parcours personnel, j’ai eu la chance de beaucoup recevoir, je souhaite donc aujourd’hui pouvoir redonner à mon tour!»

Tatiana Salvan.

Tournoi de scrabble
Le Schoki organisera, samedi à partir de 14 heures, un tournoi de scrabble gratuit entre personnes maîtrisant le français et apprenants pour faire connaître la langue en s’amusant.