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Esch-sur-Alzette et Thionville entérinent leur amitié


Georges Mischo, le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, et Pierre Cuny, le maire de Thionville, se sont rencontrés à l’hôtel de ville eschois, mardi. (photo Julien Garroy)

Avec la ferme intention de multiplier les projets transfrontaliers, le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette et le maire de Thionville ont signé une convention de coopération et de partenariat. La question de la mobilité a très rapidement été évoquée par les deux élus.

Rares sont les mots qui auraient pu mieux définir la synergie entre la France et le Luxembourg que ceux prononcés par Mitterrand en 1995 : «Les grands espaces ouverts peuvent engendrer un sentiment d’angoisse et il faut prendre garde à ne pas laisser s’installer chez nos concitoyens une sorte de refus de l’autre».

Vingt-sept ans et plusieurs accords européens plus tard, le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette reprend à son compte la citation pour décrire les contours de la nouvelle collaboration entre Thionville et la capitale des Terres Rouges.

Dans l’ambiance solennelle de l’hôtel de ville eschois, conseillers communaux et échevins se sont réunis pour célébrer la signature de la convention de coopération et de partenariat entre les deux villes. D’un commun accord, Georges Mischo, le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette, et Pierre Cuny, le maire de Thionville, franchissent donc une étape dans l’amitié qui lie les deux cités historiques du fer.

La volonté de collaborer plus étroitement ne date pourtant pas d’hier, puisqu’une convention partenariale avec le voisin français avait déjà été signée en 2009. Faute d’engagement, aucun projet collaboratif concret n’a pu voir le jour en treize ans, à l’exception d’un théâtre buissonnier.

«Nos villes sont de tailles similaires, nous avons une augmentation positive de nos démographies et une histoire commune. Il faut saisir les opportunités qui se présentent à nous et faire revivre cette coopération», énonce avec entrain le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette.

S’entraider pour s’améliorer

Les lignes directrices de cette coopération sont le fruit d’une vision commune, d’un «sentiment de vivre sur le même territoire», selon les termes de Pierre Cuny. La proximité géographique et historique entre les deux villes laisse entrevoir de nombreux champs d’action, notamment sur le plan économique.

Inévitablement, le dossier de la mobilité, brûlant au regard des perturbations sur la ligne ferroviaire qui relie les deux pays, a rapidement été mis sur la table par le bourgmestre et son homologue français : «C’est un challenge pour nous, puisque nos deux villes sont touchées par ces problèmes de mobilité.

La question fera l’objet d’une réunion entre Pro-Sud et le pôle métropolitain frontalier du Nord lorrain le 12 décembre», confie Georges Mischo, qui compte sur sa triple casquette – député, bourgmestre et président du syndicat intercommunal Pro-Sud –, pour faire progresser la situation.

Les velléités réformatrices liées à la question de la mobilité émanent d’un objectif bien plus global, qui consiste à «mettre en réseau» différents domaines économiques clés, voire essentiels : «On peut parler d’économie résidentielle partagée dans des secteurs tels que la formation, la petite enfance ou la santé. Imaginez, par exemple, que des médecins puissent vous consulter dans des conditions similaires dans les régions à la fois du nord de la Lorraine et du sud du Luxembourg. Cela pourrait répondre à la désertification médicale que nos deux pays connaissent», expose Pierre Cuny.

Sur le front de la sécurité, l’idée de s’entraider pour se bonifier a déjà été matérialisée par une visite de Georges Mischo au commissariat de police de Thionville, il y a de ça deux mois. Dans le cadre de l’élaboration du plan de sécurité de la ville d’Esch, le bourgmestre et une délégation de fonctionnaires avaient pu observer le fonctionnement du système de sécurité vidéo thionvillois afin de s’en inspirer pour un programme de vidéosurveillance : «On a l’ambition d’installer des caméras à la gare, à l’hôtel de ville et place de la Résistance, mais avec un système d’enregistrement, et non de direct comme à Thionville», annonce Georges Mischo.

«Connaître son voisin»

L’aspect économique de la coopération n’est qu’une des nombreuses facettes que pourra revêtir cette coopération transfrontalière. Les ébauches de projets foisonnent d’ores et déjà et l’envie de promouvoir la culture de l’autre n’a jamais été aussi intense : «Quand on habite aussi près d’un autre pays, il faut apprendre à connaître son voisin. Il faut donc étendre la possibilité de faire un échange scolaire à Esch-sur-Alzette à toutes les écoles», insiste Pierre Cuny.

Le sport a également été envisagé comme un moyen de resserrer les liens, plus précisément à travers le football, le tennis et le cyclisme : «Pourquoi pas une étape du Tour de France qui couvre le triangle Longwy, Esch, Thionville ?», s’interroge le maire de Thionville, alors que Georges Mischo envisage la tenue d’un tournoi de tennis entre les deux villes.

Dans cette entreprise, les associations pourront également apporter leur pierre à l’édifice en travaillant de manière coordonnée sur différentes thématiques. Tant de projets qui visent à se mettre en valeur mutuellement et dont l’exemple pourrait être repris aux quatre coins de l’Europe : «Cette coopération est la modélisation de ce qui doit être fait à toutes les frontières. En tout cas, ici, tout est aligné», conclut Pierre Cuny.