L’accord sur le transport transfrontalier signé à Paris soulève décidément des doutes. Les bassins de Longwy et d’Esch-Belval apparaissent comme délaissés.
C’est le conseiller eschois Dan Codello qui sort le surligneur pour scruter l’accord de Paris de plus près. Il a bien noté les investissements annoncés par la France et le Luxembourg en Lorraine, afin d’améliorer l’accès à la main d’oeuvre frontalière : chacun 120 millions d’euros, très majoritairement pour desservir le Sillon Lorrain (Thionville, Metz, Nancy). Mais rien ou si peu (un parking-relais d’environ 650 places qui ne représente même pas 1% des sommes de l’accord) pour le bassin de Longwy, qui comprend pourtant plus de 50% d’actifs frontaliers. Ni même pour la deuxième commune du Pays, Esch-sur-Alzette!
La ligne Longwy-Belval-Thionville aux oubliettes
Tous les trains du Sillon Lorrain vont en effet vers Luxembourg via Bettembourg. «Le conseil communal d’Esch-sur- Alzette s’était penché en 2015 sur la desserte ferroviaire du site Belval. Une motion, votée à l’unanimité, demandait aux instances luxembourgeoises et lorraines de revenir sur leur décision d’abandonner la liaison directe Thionville-Belval- Longwy », explique t-il. Cette ligne, instaurée en 2009 et malheureusement abandonnée en 2015, «est d’une importance capitale pour la desserte directe du site universitaire et économique de Belval ainsi que pour la ville d’Esch-sur- Alzette, siège de la Maison de la Grande Région», insiste l’élu, dont la fibre européenne n’est plus à prouver. Dans ce contexte, Dan Codello interpelle le gouvernement via le conseil communal eschois :
- Est-ce que la ligne « Thionville-Belval- Longwy » a fait l’objet de discussions lors du séminaire intergouvernemental ?
- Dans la négative, ne serait-il pas opportun de rappeler la motion du 11 décembre 2015 aux instances gouvernementales afin de reprendre les discussions nécessaires ?
Les élus de Longwy contents quand même
Cette interrogation de Dan Codello en amène une autre. Alors que le conseiller eschois monte au créneau pour défendre sa commune, la quasi-totalité des élus du bassin de Longwy se félicitent de l’accord signé. Que ce soit l’ancien maire de Longwy, Eduard Jacque, désormais conseiller régional du Grand-Est, ou le maire actuel Jean-Marc Fournel, qui avait même posté sur Facebook son invitation personnelle au dîner de gala envoyée par la cour Grand-Ducale… pour montrer à quel point Longwy était considérée par le Grand-Duché.
L’interrogation est d’autant plus forte que la majorité des élus du Sillon Lorrain (Val de Fensch, Agglomération de Thionville, Metz, Nancy, département de Meurthe-et-Moselle etc.), pourtant bénéficiaire des investissements, estiment que l’accord de Paris n’est pas à la hauteur. Notamment aux vues des sommes investies par le Luxembourg en Lorraine (120 millions d’euros sur dix ans), jugées très maigres au regard de la manne de l’impôt apportée par les frontaliers lorrains (1,4 milliard d’euros par an, selon les calculs du Sillon Lorrain). Et notamment aux vues des enjeux de la mobilité entre les deux pays. Patrick Luxembourger, le Monsieur transport de l’Agglomération de Thionville, a estimé que les capacités de trains qui seront dégagées sur le Sillon Lorrain ne serviront même pas à absorber le nouveau flux de frontalier créé…d’ici la fin des travaux (2028).
Hubert Gamelon.