Accueil | A la Une | Esch : «Ça serait une alliance de perdants»

Esch : «Ça serait une alliance de perdants»


Line Wies, ici lors du début de la campagne eschoise. L'élue déi Lénk ne croit pas en une coalition avec le LSAP et les verts. Le CSV fait un pas de plus vers le pouvoir à Esch. (Photo : Alain Rischard)

L’idée d’une alliance entre le LSAP, déi Lénk et les verts semble tuée dans l’œuf… La coalition CSV-déi gréng-DP, souhaitée par Georges Mischo, fait donc son chemin.

Line Wies, numéro 2 à déi Lénk Esch, estime qu’une alliance avec le LSAP et les verts pour barrer le CSV serait «une alliance de perdants».

Impossible, pour le moment, de dire quelle coalition se dessine à Esch. Mais la cote du ticket CSV (six sièges), déi gréng (trois sièges) et DP (deux sièges) ne cesse de monter. Tout simplement car dans l’autre alliance envisageable, ça coince chez déi Lénk (deux sièges).

Le parti aurait du mal à se projeter dans une coalition avec le LSAP (six sièges) et les verts pour renverser la victoire du CSV. «Ça serait une coalition de perdants», juge, à titre personnel, Line Weis, nouvelle élue déi Lénk. -«Une coalition de mauvais perdants?», ajoute-t-on. «Je pense, oui. Les électeurs eschois ont fait entendre une voix. Le CSV ressort gagnant du scrutin. Notre honneur est certainement plus de nous projeter dans l’opposition, et d’étudier comment nous pourrons combattre une vision politique (NDLR : celle du CSV) qui nous semble injuste.»

Un échiquier politique à revoir

Si le scénario CSV-déi gréng-DP se confirme, on se retrouverait avec onze sièges pour la majorité face à huit pour une opposition entièrement de gauche. Les débats promettent d’être plus musclés. «C’est évident, notre rôle sera différent», glisse Line Wies, en référence aux six années relativement calmes passées dans l’opposition lors du dernier mandat face… au LSAP.
Avec ce front de gauche en opposition, l’échiquier politique eschois se trouverait bousculé.

Aux côtés de déi Lénk, les nuances de rouge du LSAP local risquent de se voir. Certains conseillers LSAP orientés vers la social-démocratie vont se retrouver à faire le grand écart. On pense notamment à des personnalités comme Dan Codello ou Jean Tonnar, qui ne portent pas l’ADN du syndicalisme en eux, à l’inverse de l’ancien bourgmestre Vera Spautz, directement issue des rangs de l’OGBL. Un positionnement idéologique plus marqué du LSAP pourrait-il entraîner l’implosion de l’équipe eschoise? Et comment se placerait la nouvelle «numéro 2», Taina Bofferding, dont on a bien du mal à cerner le positionnement politique?

Du côté de déi Lénk, loin de ces pronostics, on se donne une mission précise pour les futures années : «Réussir à toucher le public qui a été réceptif au discours du CSV. Les classes populaires ont été trompées. On leur a fait croire que la politique sociale était trop forte à Esch, alors que c’est tout l’inverse.» Line Wies estime aussi que le vote CSV dans l’ensemble du pays n’est pas un bon signe : «C’est le syndrome du « c’était mieux avant », ce qui n’est jamais le symbole d’une grande confiance en l’avenir.»

Hubert Gamelon

CSV-déi gréng-DP : oui, mais…

• Compatibilité avec le DP : sur les causes du déclin d’Esch, le DP et le CSV ont parlé d’une même voix. Mais sur les remèdes, les solutions sont différentes. En grossissant le trait, le CSV veut une ville plus populaire, donc plus orientée vers les classes moyennes capables de consommer et de développer la vie sur place. Alors que le DP vise les classes supérieures, avec la volonté d’une politique culturelle pointue et une exigence esthétique d’Esch (arrêter de construire partout, valoriser l’existant, etc.). Daliah Scholl, numéro 2 du DP Esch, estime pourtant que «la compatibilité entre les deux programmes est très proche.» La coalition est donc possible.
• Déi Gréng : il fallait voir l’ambiance cool et bohème qui régnait dimanche soir au QG de déi gréng, l’Escher café, pour comprendre que le mariage avec le CSV n’est pas gagné. Mais Georges Mischo l’assure : «Nous avons dépoussiéré l’image du CSV à Esch. Même quand mes élèves m’en parlent, ils ne disent plus : « c’est le parti des grands-pères ».» Sur le fond maintenant : le CSV a affiché quelques idées vertes (piste cyclable vers Belval). Mais reste très pro-voiture dans le centre (faciliter les parkings). Et puis, Luc Majerus, numéro 3 des verts, est au fond un type de gauche, comme bien d’autres dans le parti. Il a beaucoup insisté sur la politique culturelle à vocation sociale durant la campagne… Que va-t-il en rester?