L’association Jongenheem collecte plusieurs tonnes de vêtements chaque année aux quatre coins du Luxembourg pour les revendre à l’étranger. Un marché de la seconde main vital pour l’ASBL.
Les chiffres donnent le tournis. Plus de 275 tonnes de vêtements collectées juste pour l’année 2021, 380 conteneurs dispersés dans le pays, quasiment pleins quotidiennement, plus de 300 camions qui exportent chaque année les dons de vêtements à l’étranger… L’association Jongenheem, qui s’occupe, avec Kolping, de la plus grosse part de textiles recyclés au Luxembourg, croule depuis plusieurs années maintenant sous les dons de vêtements.
Si son directeur, Charles Meyers, reconnaît qu’une majeure partie est revendue dans d’autres pays sur un marché de seconde main majoritairement européen, il assure que cette activité est nécessaire pour le pays, qui consomme bien trop de vêtements. «C’est impossible de tout recycler ici au Luxembourg. Nous sommes noyés. Il faut vendre à l’étranger», explique-t-il.
Notre dernier épisode samedi prochain
Cette série consacrée aux déchets textiles du Luxembourg prendra fin le samedi 16 avril. Durant un mois, nous avons fait l’état des lieux de la situation dans le pays et apporté des solutions, soit via des initiatives luxembourgeoises locales, soit par le biais d’études sur le sujet.
L’association travaille ainsi en collaboration avec l’entreprise FWS, spécialisée dans le tri des textiles : vos vêtements sont vendus à deux centres de tri situés en Allemagne et aux Pays-Bas, avant d’être remis en vente sur un marché de seconde main.
Prix moyen de la tonne de vêtements : 200 euros. Une somme qui est ensuite investie dans des projets caritatifs au Luxembourg et à l’international. Une rentrée d’argent essentielle pour les deux associations, qui survivent grâce à ce marché.
Mais quelle part de vos vêtements est vraiment réutilisée à l’étranger? Selon les chiffres communiqués par Jongenheem, «plus de 57 % des vêtements collectés au Luxembourg sont réutilisés pour s’habiller ailleurs et 19 % sont recyclés en isolants».
Avec toutefois l’émergence d’une tendance : la moindre qualité des matières. «Nous avons de moins en moins de tissus de bonne qualité. Et le tri devient aussi difficile : près de 10 % de ce qui se trouve dans nos conteneurs doit être mis à la poubelle directement. On parle de plus de 30 remorques de déchets par an», se désole Charles Meyers, qui pointe aussi du doigt la surconsommation de vêtements dans le pays.
«Créer de nouvelles choses»
Sur les 275 tonnes collectées par l’association, environ 5 tonnes sont conservées ici, au Luxembourg et upcyclées dans un atelier, situé à Bertrange, à deux pas de l’association Jongenheem. Un unique atelier, où Morena, accompagnée de cinq autres personnes, trie, recycle et retravaille des vêtements.
«Nous lavons et repassons les pièces données ou collectées dans les conteneurs pour ensuite les revendre à petits prix et leur donner une seconde vie», explique la jeune femme. Dans le magasin, la pièce la plus chère se situe aux alentours de 15 euros. Et on y trouve de tout : des bottes, des vêtements pour enfants, des accessoires…
Quand elle le peut, Morena retouche les vêtements que lui amènent certains clients, pour leur permettre de les porter plus longtemps. Si elle dispose de suffisamment de matières fiables, elle procède également à un upcycling complet, comme chez Benu.
«Nous avons créé une jupe et un chemisier à partir d’une couverture par exemple. Cette chemise était un coussin à la base», détaille-t-elle en nous montrant ses œuvres. Une façon de faire du neuf et de réduire (un peu) son empreinte carbone.