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Réouverture de Notre-Dame : un moment émouvant pour le couple grand-ducal


(Photo : AFP)

Détruite en partie par un incendie en 2019, la célèbre cathédrale Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes samedi devant un parterre de chefs d’État et de personnalités. Parmi eux, le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria-Teresa. Ils ont assisté ce dimanche à la première messe de Notre-Dame en compagnie du Président de la République française, Emmanuel Macron.

« Ce matin, la peine du 15 avril 2019 est effacée » : l’archevêque de Paris, Monseigneur Laurent Ulrich, a célébré dimanche matin la première messe de Notre-Dame de Paris depuis l’incendie ravageur, devant un parterre ému de dirigeants, ecclésiastiques, bénévoles et fidèles, pour certains précaires.

Mgr Ulrich s’est réjoui d' »un jour si particulier où la cathédrale de Paris retrouve sa splendeur, telle que personne ne l’a connue auparavant », devant quelque 2.500 personnes présentes dans l’enceinte de la cathédrale rénovée.

Il a salué les fidèles « avec une intense émotion », qu’ils soient « présents dans cette cathédrale ou devant un écran, y compris peut-être sous la pluie ».

La messe, rythmée notamment par la bénédiction de l’eau, la consécration de l’autel, les lectures bibliques, la déposition des reliques, la bénédiction du tabernacle et le rite de la paix, a duré plus de deux heures.

(Photo : AFP)

Elle sera suivie à 18h30 d’une seconde messe prévue cette fois pour le grand public, qui ne pourra y accéder que sur réservation. La billetterie ayant été prise d’assaut, plus aucun créneau n’est disponible pour dimanche ou pour les messes de la semaine suivante.

Comme la veille, étaient présents dimanche matin plusieurs chefs d’État, dont Emmanuel Macron, aux côtés de 150 personnes en situation de précarité – ensuite invités à un déjeuner -, 150 évêques de France et du monde, ainsi qu’un prêtre de chacune des 106 paroisses parisiennes et des sept églises catholiques de rite oriental. Parmi eux, le couple grand-ducal était de nouveau présent.

Le diocèse organise jusqu’au week-end prochain une semaine d' »octave » avec deux messes quotidiennes, à 10h30 et 18h30 locales. Un point fort de la semaine sera le retour, vendredi après-midi, de la couronne d’épines à Notre-Dame.

Le Grand-Duc Henri aux côtés du Prince William

Samedi, il était 19 h 20 quand l’archevêque de Paris Laurent Ulrich, dans une tenue dessinée par le styliste français Jean-Charles de Castelbajac, a symboliquement fait ouvrir les portes sur lesquelles il a donné neuf coups de crosse, officialisant la renaissance de ce chef-d’œuvre gothique du XIIe siècle, sauvé in extremis des flammes le 15 avril 2019. « Notre-Dame, ouvre tes portes », a-t-il lancé.

À l’intérieur de l’édifice, niché en plein cœur de Paris, avaient pris place 2 500 invités dont une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement (parmi lesquels le président élu des États-Unis Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky), des têtes couronnées comme le Grand-Duc Henri assis aux côtés du Prince William.

À son entrée, M. Zelensky a été longuement applaudi, comme plus tard, 160 des pompiers qui ont sauvé Notre-Dame des flammes et des artisans ayant participé à sa reconstruction.

À l’intérieur de la cathédrale, le président français a exprimé la « gratitude de la nation française ». « Nous avons redécouvert ce que les grandes nations pouvaient faire : réaliser l’impossible », a salué Emmanuel Macron dans un discours.

Un Luxembourgeois a participé à l'harmonisation du Grand Orgue

Le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria-Teresa se sont rendus ce samedi à la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Le couple grand-ducal s’était dit «profondément affecté devant les images de l’édifice livré aux flammes», comme l’écrit la cour grand-ducale sur les réseaux sociaux. Cinq ans plus tard, grâce à la mobilisation de plus de 2 000 artisans, experts ou bâtisseurs, l’édifice religieux a pu renaître de ses cendres. C’est avec «beaucoup d’émotions» que le couple grand-ducal a pu redécouvrir ce haut lieu de l’histoire de France. Un moment particulier pour la Grande-Duchesse, Maria-Teresa. En effet, elle est marraine depuis 2013 du bourdon «Marie», une cloche de la cathédrale qui fut inaugurée lors du 850e anniversaire de Notre-Dame. Un moment qui fut également émouvant pour Laurent Anen, un facteur d’orgue luxembourgeois qui a travaillé sur l’harmonisation du Grand Orgue.

Avec cet évènement en mondovision, celui qui avait fixé le « défi insensé » d’une restauration en cinq ans au lendemain de l’incendie espère créer un « choc d’espérance » dans un pays plongé dans une profonde crise politique depuis la censure du gouvernement jeudi.

Un office religieux a ensuite été célébré pendant lequel un message du pape, qui a décliné l’invitation, a été lu.

François a plaidé pour « accueillir généreusement et gratuitement » la « foule immense » de visiteurs attendus à Notre-Dame, alors que la ministre démissionnaire de la Culture Rachida Dati a provoqué un débat en proposant d’en faire payer l’entrée.

« Puisse la renaissance de cette admirable église constituer un signe prophétique du renouveau de l’Église en France », a-t-il ajouté.

Entre 14 et 15 millions de visiteurs par an sont attendus à Notre-Dame, qui figurait parmi les monuments les plus visités en Europe.

Le Grand-Duc Henri assis aux côtés du Prince William.

Un «monde un peu fou»

Au terme de la cérémonie, un dîner s’est tenu à l’Élysée avec plusieurs dirigeants étrangers, dont MM. Zelenksy et Trump.

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron, fragilisé par la crise politique en France, avait réussi un coup diplomatique en accueillant ces deux dirigeants à l’Elysée pour une réunion trilatérale d’une trentaine de minutes, ponctuée d’accolades et de poignées de main.

M. Zelensky l’a qualifiée de « bonne et fructueuse ». « Poursuivons l’action commune pour la paix et la sécurité », a réagi son homologue français.

Le président élu des États-Unis avait estimé, à son arrivée à l’Élysée, que le monde semblait devenir « un peu fou ».

Les festivités se poursuivront dimanche avec les premières messes publiques célébrées depuis avril 2019 à Notre-Dame, magnifiée par Victor Hugo et célébrée dans les comédies musicales, les films ou un dessin animé Disney.

La première de ces messes, à 10 h 30, en présence de M. Macron, de chefs d’État et de gouvernement ainsi que de personnalités religieuses, consacrera l’autel. La seconde, à 18 h 30, a été ouverte au public, sur inscription.

La poignée de main entre Donald Trump et Emmanuel Macron.

Gospel de Pharrell Williams

Pour clore l’hommage samedi à Notre-Dame, la chaîne France 2 a diffusé dans la soirée un concert réunissant une pléiade de stars du classique, dont le pianiste chinois Lang Lang, et des artistes pop comme la star américaine Pharrell Williams et la chanteuse franco-Béninoise Angélique Kidjo.

Au fil du concert, enregistré vendredi en raison des intempéries, les têtes d’affiche se sont produites sur le parvis de Notre-Dame, accompagnées à l’intérieur de la cathédrale par l’Orchestre philharmonique de Radio France, dirigé par le maestro vénézuélien Gustavo Dudamel.

Moment marquant, Pharrell Williams a interprété son tube planétaire « Happy » devant Notre-Dame accompagné d’un gospel de 60 choristes. Peu auparavant, l’actrice française oscarisée Marion Cotillard avait déclamé dans la nef un poème de Victor Hugo, accompagnée par le violoncelliste franco-américain d’origine chinoise Yo-Yo Ma.

Ce show hybride s’est terminé par le set du DJ electro français Michael Canitrot, qui a fait s’illuminer la façade ouest de Notre-Dame.

«Là, on la voit finie»

Bravant la météo samedi, des centaines de curieux avaient afflué pendant la journée vers la cathédrale, bouclée par un imposant dispositif de sécurité.

« On espérait s’approcher un peu plus de Notre-Dame, la voir toute belle, sans les échafaudages autour… Mais on ne peut pas », a regretté Aymeric Bourgarel, Parisien de 25 ans.

Arrivée à l’aube, Noëlle Alexandria, autrice canadienne, a fait part de son émotion. « Quand la cathédrale a brûlé, j’étais anéantie », s’est-elle souvenue, émerveillée par sa réouverture « vraiment inspirante ».

L’incendie, dont les causes n’ont toujours pas été déterminées par l’enquête, a aussi marqué Dominique Terreran, postier de 62 ans qui a fait le voyage de Dijon (centre de la France) avec sa femme et sa fille.

« On était venu plusieurs fois voir les étapes de (la reconstruction) depuis l’extérieur. Là, on la voit finie », a-t-il savouré, même si « on avait bien aimé voir l’intérieur ».

En 2019, les images de sa toiture dévorée par les flammes et de l’effondrement de sa flèche ont sidéré le monde, provoquant un vaste élan de générosité dans plusieurs pays.

Au fil des années, quelque 340 000 donateurs ont permis de récolter 846 millions d’euros, dont 700 millions ont financé la restauration.

La blondeur des pierres nettoyées, les couleurs éclatantes des vitraux partiellement restaurés et celles des décors peints des chapelles sont sublimées par un nouvel éclairage modulable.

L’axe central, où trône un nouveau mobilier liturgique minimaliste en bronze brun massif, donne la mesure de l’édifice, construit aux XIIe et XIIIe siècles, d’une longueur de près de 150 mètres, d’une largeur de quelque 50 mètres, dont la nef s’élance à plus de 40 mètres de hauteur sous toit.

Un nouveau dispositif de sécurité anti-incendie a également été installé.