Accueil | A la Une | Environnement : «Si on ne fait rien, ça ne sera pas vivable, même ici, au Luxembourg»

Environnement : «Si on ne fait rien, ça ne sera pas vivable, même ici, au Luxembourg»


L’année dernière, la marche pour la Terre a réuni plusieurs centaines de personnes à Luxembourg. (Photo : archives lq/hervé montaigu)

Le 22 avril, à l’occasion de la journée mondiale de la Terre, la Ville de Luxembourg accueillera plusieurs centaines de manifestants dans la capitale. Un nouveau projet y sera lancé.

À quelques jours de la mobilisation, Anna Topliyski, animatrice pour le réseau écocitoyen Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL), nous en dit plus.

Comment va se dérouler la journée du 22 avril dans la capitale ?

Anna Topliyski : Le programme commence à partir de 14 h. On se retrouve, tous, sur la place de l’Europe pour divers ateliers artistiques, notamment la création de pancartes pour la marche qui commencera vers 18 h. À partir de cette heure-ci, nous effectuerons notre trajet habituel. Nous passerons par le pont rouge, la Fondation Pescatore, et nous prendrons la direction de la place Guillaume-II. Puis, à 19 h, nous ferons découvrir au public notre nouveau projet, le musée climatique vivant. Enfin, à 19 h 30, il y aura deux DJ set (Miss Sappho et Dance Divine). Le but est aussi de créer un espace plus festif pour s’unir dans la joie pour la planète.

Comment va se matérialiser ce musée climatique vivant ?

La marche va, en effet, marquer le lancement de ce projet organisé par l’ASTM, Greenpeace, CELL et de Kliko, un collectif de jeunes qui s’engagent pour le climat. Nous voulons montrer, à travers ce musée, que nous sommes tous en train d’écrire notre histoire, de témoigner des conséquences du changement climatique. On a déjà dépassé le seuil critique des 1,5 degré. C’est déjà confirmé que 2023 et 2024 étaient les années les plus chaudes jamais enregistrées. Nous sommes de plus en plus nombreux à être témoins des crises climatiques, des sécheresses, des inondations.

Nous avons donc lancé un appel à témoignages auprès des citoyens luxembourgeois pour qu’ils contribuent à ce musée en apportant des objets, des lettres, des photos, des vidéos. On veut partir de ce storytelling émotionnel pour mettre en lumière les liens entre justice sociale et climatique. Le jour de la marche, nous allons rassembler tous ces témoignages pour les partager au public à deux moments sur la place de l’Europe.

On voit de plus en plus une certaine écoanxiété, surtout chez les jeunes

Ce projet verra-t-il le jour dans un vrai musée ? 

Pour l’instant, nous avons limité ce projet à la marche pour la Terre. Nous verrons, par la suite, si cela aboutira à quelque chose, comme une exposition par exemple. Pour le moment, nous restons sur le côté virtuel.

Après la publication de votre appel à témoignages, en avez-vous déjà reçu quelques-uns ? 

Nous en avons déjà une quinzaine. Parmi eux, l’un m’a particulièrement marqué, celui d’une femme dont sa ville de naissance a été frappée par des inondations en Belgique. Ses proches y ont tout perdu, notamment des objets précieux auxquels ils étaient très attachés. Nous avons reçu aussi des poèmes, des témoignages de personnes qui ont vécu les inondations de l’an dernier en Espagne.

Aujourd’hui, la guerre commerciale menée par Donald Trump et le conflit en Ukraine accaparent l’opinion publique, au détriment de l’écologie. Est-ce un fait regrettable pour vous ?

Il est indispensable de parler de ces sujets, mais nous, nous voulons montrer que ces conflits ont aussi un impact sur l’environnement, sur les écosystèmes et les espaces de vie. L’urgence climatique doit être au premier plan comme toutes ces autres questions géopolitiques. Si on ne fait rien, ça ne sera pas vivable, même ici, au Luxembourg (…). On est arrivés à un stade où il faut se préparer à ce qui va arriver et être dans l’adaptation parce qu’on ne va pas pouvoir arrêter ce changement climatique.

L’engagement des jeunes semble s’être un peu essoufflé ces dernières années. Le constatez-vous également sur le terrain ?

Nous avons des jeunes très impliqués qui s’engagent dans des associations environnementales. Mais effectivement, on voit de plus en plus une certaine écoanxiété, surtout chez les jeunes. Il y a une grande partie d’entre eux qui ne veut même plus en entendre parler. C’est aussi tout l’enjeu de voir comment on peut changer ce storytelling.