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Environnement : Le Luxembourg face au changement climatique


Pour Serge Wilmes, cette stratégie d’adaptation est l’un des trois piliers de la politique du gouvernement pour lutter contre les effets du changement climatique avec le PNEC et le plan social pour le climat.

Le ministre de l’Environnement a présenté des mesures censées permettre au Luxembourg et à ses habitants de s’adapter aux effets du réchauffement climatique comme les inondations et les canicules.

Selon l’observatoire européen Copernicus, le mois de janvier 2025 a été le plus chaud jamais mesuré dans le monde. Le Grand-Duché n’échappe évidemment pas à cette situation. Dans nos contrées, c’est toute l’année 2024 qui a été trop chaude et trop pluvieuse. Avec une température moyenne de 10,5 °C, c’est la huitième année la plus chaude jamais enregistrée. Canicule et sécheresse d’un côté, pluies et inondations de l’autre, le Luxembourg subit de plein fouet les effets du changement climatique. Les projections réalisées par le LIST et l’European Climate Risk Assessment confirment que ces risques représentent les futures vulnérabilités du pays.

Depuis plusieurs années, la politique climatique mise en place par les gouvernements successifs tente donc de limiter ces effets tout en essayant de s’adapter à eux. Une nouvelle phase a été lancée vendredi avec l’annonce par le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes, d’une nouvelle stratégie d’adaptation. «C’est le deuxième pilier de notre politique, détaille-t-il. Le premier est le PNEC (Plan national intégré en matière d’énergie et de climat) qui cherche à réduire les émissions de CO2. Ici, l’idée est de mettre en place des mesures pour s’adapter aux conséquences du changement climatique.» Le futur plan social pour le climat, prévu en 2025, complètera l’arsenal de l’exécutif. «Il doit permettre une transition juste. Tout un chacun doit être capable d’aller vers une société plus durable. Personne ne doit être laissé de côté.»

Une stratégie en 131 mesures

Cette nouvelle stratégie d’adaptation a été élaborée en analysant et en évaluant les risques climatiques. En parallèle, il a fallu identifier les secteurs potentiellement impactés, ce qui a permis au ministère de l’Environnement de dresser une liste de 16 champs d’action. Allant de la santé au logement, en passant par la protection des sols, l’agriculture ou encore l’aménagement du territoire, ils permettront une approche transversale, indispensable face à ces enjeux. «Tous les ministères vont être concernés, affirme Serge Wilmes. C’est une approche qui concerne l’ensemble de la société et du gouvernement.» À l’issue de cette réflexion, 131 mesures ont été retenues.

Certaines ont déjà commencé à être mises en place comme la végétalisation de l’espace public et des cours d’école, réduisant l’impact des canicules, ou la revitalisation de certains cours d’eau, limitant le risque d’inondation. Le renforcement des capacités opérationnelles d’intervention lors de catastrophes, la surveillance de l’évolution d’espèces exotiques envahissantes ou la collecte de données des urgences pour identifier les pathologies liées à la chaleur font aussi partie des idées proposées par le ministère.

Mais ces mesures ne seront pas mises en place sans concertation. «Le gouvernement est en première ligne, mais on doit aussi en parler avec les citoyens car cela impacte leur vie.» À partir du mois de février, des ateliers thématiques sont donc prévus avec des experts des secteurs public et privé avant que des réunions d’information et d’échange ne soient organisées avec la population. Elles se tiendront sous forme de conférences partout dans le pays entre avril et mai. Elles permettront de présenter ces 131 mesures aux habitants afin de récolter leur avis mais aussi leurs propres propositions. Tous ces résultats seront ensuite analysés pour être restitués d’ici l’été.

Cette approche participative est essentielle pour le ministère qui sait que l’engagement de chacun est primordial pour répondre au mieux aux défis qui attendent le Grand-Duché. Avec des risques parfois contradictoires, entre sécheresse et inondations, les réponses à apporter sont complexes. «Mais il ne faut pas voir le changement climatique comme une fatalité, il faut avoir une attitude réaliste et optimiste», assure Serge Wilmes. Grâce à de nombreuses données fournies par les climatologues, l’avenir, même s’il peut paraître inquiétant, a le mérite d’être connu. «Les données sont claires.» Et les bouleversements actuels dans le monde, comme la nouvelle sortie de Donald Trump des accords de Paris, doivent renforcer cette volonté de bouger les choses. «Il ne faut pas se dire qu’on est un petit pays et que ça ne changera rien. C’est le cumul de tous nos efforts qui fera la différence.»

Une consultation dans tout le pays

Le gouvernement souhaite englober l’ensemble de la population dans cette grande réflexion et présenter ses mesures d’adaptation au plus grand nombre. Si cela passera d’abord par une concertation avec des experts lors d’ateliers thématiques (société et santé, espaces urbains et infrastructures, gestion des catastrophes), des consultations publiques seront aussi organisées. Cinq rendez-vous sont prévus pour aller à la rencontre des habitants : le 2 avril à Echternach, le 23 avril à Steinfort, le 28 avril à Esch, le 5 mai à Hosingen et Walferdange (sous réserve de modifications). Les conférences seront traduites en français et en anglais, tandis qu’une plateforme en ligne sera également disponible. Le public pourra aussi bien donner son avis sur les mesures retenues qu’en proposer de nouvelles.