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Entreprises britanniques au Luxembourg : « Nous sommes bien positionnés »


Un "no deal" aurait pour conséquence par exemple la réimposition de droits de douanes et la non-reconnaissance mutuelle de normes en matière environnementale ou de santé. (Photo : AFP)

Députés et ministres ont débattu, mardi, de la stratégie gouvernementale face au Brexit, notamment en vue d’attirer des entreprises britanniques sur la Place. Pierre Gramegna s’est montré confiant.

Les enjeux sont immenses et chacun des 27 membres de l’UE veut forcément sa part du gâteau. Voilà pour la version officieuse. Car officiellement, la stratégie qu’a adoptée le gouvernement face au Brexit se veut plus «pacifique» et «équitable».

C’est, en tout cas, ce qui est ressorti des interventions des différents ministres, au terme des débats. «Nous misons sur une stratégie de coopération et non sur une propagande agressive», a souligné le ministre Pierre Gramegna. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a mis l’accent sur «la nécessité de la mise en place d’une stratégie européenne commune».

Le Premier ministre, Xavier Bettel, a, quant à lui, martelé que son gouvernement avait fait le choix du «level playing field», à savoir de privilégier la concurrence équitable entre États membres. Une façon, pour les différents ministres, de répondre aux craintes du principal parti d’opposition du CSV, sur les risques potentiels de «divisions entre les États-membres, dans le cas où le Royaume-Uni déciderait de conclure des accords bilatéraux avec certains États membres et non avec d’autres».

Xavier Bettel : «Citizens first !»

Dans ce cadre général, le gouvernement a par ailleurs estimé que le pays était «bien positionné» et «déjà assez attractif» pour attirer des entreprises britanniques actives dans la finance, voire dans les assurances, tout en respectant, bien évidemment, une concurrence équitable avec les 26 autres pays membres. À titre d’exemple, le ministre des Finances a comparé la puissance de l’impact du Brexit sur la création d’emplois dans deux des plus importantes places financières européennes que sont Francfort et Luxembourg. Ainsi, selon ses informations, les répercussions du Brexit entraîneraient quelque 4 000 emplois sur le Main, contre «seulement» plusieurs centaines d’emplois à Luxembourg.

Cela étant, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a particulièrement insisté sur le fait que les entreprises «convoitées» «devront avoir de la substance et non être de simples « boîtes aux lettres »». Cette condition sine qua non constitue même le «maître-mot», selon le ministre. Cet impératif ne sera pas tombé dans l’oreille d’un sourd, car l’ambassadeur du Royaume-Uni au Luxembourg, John Marshall, a attentivement suivi les différentes allocutions, depuis le balcon de la plénière de la Chambre des députés.

Quoi qu’il en soit concernant le volet financier, le Premier ministre a, pour sa part, estimé que la prise en charge adéquate des citoyens britanniques au Luxembourg constituait la priorité. «Citizens first !», a-t-il clamé, avant de dévoiler le nombre, qui explose tout doucement, de demandes de naturalisation de citoyens disposant de la nationalité britannique. Car le Brexit ne représente pas uniquement une question de place financière et de business, mais bien un ensemble de questions aussi diverses et variées, telles que la scolarisation des enfants de Britanniques, le logement, ou encore la capacité des infrastructures, comme l’a parfaitement rappelé le député Claude Adam.

Dans ce contexte, le CSV aura même mis sur la table une proposition de création d’une «agence Brexit», qui serait rattachée au ministère de l’Économie et dont la tâche serait de préparer au mieux le pays à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Affaire à suivre.

Claude Damiani