Accueil | A la Une | Enseignement : le SEW dénonce une situation «dramatique»

Enseignement : le SEW dénonce une situation «dramatique»


Le SEW reproche à Claude Meisch de «balayer les problèmes sous le tapis». Seulement, cela commencerait à se voir. (Photo : hervé montaigu)

Comme à la veille de chaque rentrée des classes, le ministre de l’Éducation nationale s’est fait remonter les bretelles par le syndicat des enseignants de l’OGBL. Claude Meisch aurait pu et dû faire mieux.

Comme chaque année, le syndicat des enseignants de l’OGBL (SEW) ne mâche pas ses mots à l’égard du ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, et du système scolaire façonné par son ministère ces dix dernières années.

Lundi, des enseignants de plus en plus nombreux vont franchir les portes des établissements scolaires à reculons, à en croire le syndicat. «La situation sur le terrain est dramatique actuellement et une grande partie de nos enseignants vont mal», a annoncé d’emblée Joëlle Damé, la présidente du SEW, hier matin en s’appuyant sur une étude CAEF réalisée dans le fondamental. «35 % des sondés évoquent des problèmes physiques de santé et 45 % des problèmes mentaux dus à leur travail. 37 % sont épuisés sur le plan émotionnel, 31 % pensent être sur la voie d’un burn-out.» Or, le syndicat l’affirme, «le succès des élèves dépend des enseignants». À la vue de ces chiffres, c’est plutôt mal parti.

À l’origine de ce malaise, un système scolaire ambitieux et complexe, conçu par des bureaucrates qui ne prendraient pas assez en compte les problèmes rencontrés au quotidien par les enseignants ni la réalité sociale du Luxembourg. «Les enseignants sont la base de notre système scolaire. Il faut les soutenir (…). Nous demandons une refonte du principe d’inclusion et la création d’une base de données en matière de scolarisation des élèves à besoins éducatifs spécifiques, une simplification administrative, du personnel spécialisé comme des psychologues ou des logopèdes dans les écoles, la sensibilisation des enseignants à leurs droits et devoirs, des procédures claires en cas de conflits ou de violences et un lieu où se confier…», énumère entre autres la présidente.

Le malaise est palpable et se propage dans de plus en plus d’établissements scolaires. Les exemples similaires aux faits survenus au lycée de Mamer (NDLR : du harcèlement et un manque de respect avaient été médiatisés avant les vacances par certains enseignants) s’accumuleraient. Ce serait au moins le cas dans trois ou quatre autres lycées. Le SEW dénonce le harcèlement subi par les enseignants, les pressions, les conflits et un certain climat de violence.

«Balayer les problèmes sous le tapis»

«On nous dit que la police s’est déplacée à 120 reprises dans les lycées sur une année, alors que dans les faits, c’est plutôt trois à quatre fois par semaine», note Vera Dockendorf, responsable de l’enseignement secondaire au sein du syndicat, qui accuse le ministère «de balayer les problèmes sous le tapis». Dans les écoles et les lycées, les directions déconseilleraient aux enseignants de se tourner vers les syndicats.

En cause, le manque de moyens, de ressources et de communication avec les directions ou les parents d’élèves qui, invariablement, retomberait sur les enseignants et par ricochet sur les élèves. Ceux à besoins spécifiques plus particulièrement. Ceux à qui le système scolaire ne correspond pas.

Pour le SEW, les enseignants sont obligés de faire du bricolage et de mettre des rustines au détriment de certaines activités ou de certains élèves. Le syndicat réclame notamment des procédures plus réglementées de prise en charge des enfants à besoins spécifiques pour pouvoir mener une véritable politique d’inclusion ainsi que la fin des listes d’attente pour accéder aux centres de compétences.

Lutter contre le harcèlement des enseignants

Les enseignants atteindraient notamment les limites de leurs compétences avec ce que Joëlle Damé appelle les «Systemsprenger», ces enfants dont les troubles comportementaux les excluent des mesures classiques de soutien et les privent d’une intégration normale à un groupe social. «En raison de problèmes socio-émotionnels, ils ne peuvent être scolarisés toute une journée. Beaucoup d’écoles ont mis en place des plans de secours pour s’en occuper», explique la présidente du SEW. «Ils sont pris en charge d’heure en heure par un intervenant différent ou un enseignant en dehors de sa classe. Ce n’est pas ce que j’appelle l’inclusion.» Ces plans de secours à destination d’enfants «de plus en plus nombreux» ont lieu au détriment d’autres mesures de soutien, comme des cours d’appui pédagogique, ainsi qu’au détriment des autres élèves.

Ces éléments ne sont qu’une partie des points de mécontentement dénoncés par les enseignants à travers le SEW, qui va lancer une campagne de lutte contre le harcèlement à destination des enseignants et demande la réactivation d’une commission spéciale dédiée au personnel victime de harcèlement.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.