Stephen Paddock, le « malade » ayant commis le massacre de Las Vegas, selon les mots de Donald Trump, restait mardi une énigme nationale aux Etats-Unis où enquêteurs et médias s’employaient à comprendre ce qui a pu faire basculer ce discret retraité, jusque-là sans histoire.
Agé de 64 ans, ce comptable à la retraite était un joueur invétéré, habitué des hôtels-casinos où il pariait des sommes très importantes et où il pouvait vivre pendant des mois consécutifs, selon son frère.
Etrange et reclus, selon ses voisins, il était devenu millionnaire grâce à des investissements immobiliers, a dit son frère Eric. Il était propriétaire de plusieurs maisons, dans plusieurs Etats.
Inconnu des services de police, il a accumulé dans la plus grande discrétion un arsenal de 42 fusils et armes de poing, des explosifs et des milliers de munitions, et assassiné 59 personnes dimanche soir, plus qu’aucun tireur dans l’histoire des Etats-Unis. Plus de 500 personnes ont aussi été blessées.
Il avait une petite amie, Marilou Danley, une Australienne de 62 ans d’origine philippine, ancienne employée de casinos, qui se trouvait lundi à Tokyo. Son père était un braqueur de banques qui s’est évadé de prison dans les années 1960 avant d’être rattrapé.
La police de Las Vegas l’a qualifié de « loup solitaire », martelant qu’il a agi seul. L’organisation Etat islamique a affirmé qu’il était l’un de ses « soldats », converti à l’islam, mais le FBI a dit lundi n’avoir absolument rien trouvé liant Stephen Paddock au groupe jihadiste.
« Nous fouillons tout son passé et explorons chaque indice », a déclaré le shérif adjoint de Las Vegas Todd Fasulo lundi soir aux journalistes. « S’il vous plaît, soyez patients », a-t-il imploré.
Le président américain, lui, s’est gardé d’utiliser le terme de terroriste.
« C’est un malade, un fou », a déclaré Donald Trump mardi matin, avant de s’envoler pour Porto Rico, sinistré par l’ouragan Maria.
« Nous avons affaire à un individu très très malade ».
Arsenal chez lui
Stephen Paddock était arrivé à l’hôtel Mandalay Bay jeudi dernier, où il avait réservé une suite au 32e étage, surplombant le grand festival de musique country en plein air Route 91 Harvest, à quelques centaines de mètres de distance.
Il y a discrètement apporté 23 armes à feu, dont l’inventaire n’a pas été détaillé par les forces de l’ordre mais dont on sait qu’elles incluaient des fusils d’assaut, dont certains probablement automatiques. Les armes automatiques, de type militaire, permettent de tirer des rafales en gardant le doigt sur la détente, à la différence des semi-automatiques, où il faut constamment réappuyer.
Les policiers ont également découvert 19 armes à feu à son domicile de Mesquite, ainsi que des explosifs et des milliers de balles. Dans son véhicule, ils ont trouvé du nitrate d’ammonium, un engrais qui peut servir à fabriquer des explosifs.
Une autre propriété, à Reno, toujours dans le Nevada, a été perquisitionnée par les forces de l’ordre, avec l’aide de démineurs par précaution. On ne savait pas encore mardi en fin de matinée ce qui y a été trouvé.
Les conclusions des investigations sur la personnalité et le mobile du tueur auront des conséquences très politiques.
Comme lors de précédentes fusillades, mais avec une intensité accentuée par l’horreur du bilan humain, le débat sur la législation sur les ventes d’armes a été relancé par les démocrates.
Comment un homme peut-il acquérir en toute légalité plus de 40 armes à feu? Comment a-t-il pu obtenir des fusils automatiques, interdits à la vente sauf pour ceux datant d’avant 1986, dont le commerce est extrêmement réglementé?
Au Congrès, les chefs de la majorité républicaine ont rejeté l’appel des démocrates. Mais ils ont annoncé mardi qu’une proposition de loi devant faciliter l’achat de silencieux, et qui devait être bientôt examinée à la Chambre des représentants, était repoussée sine die.
Le Quotidien / AFP